Chronique du concert du 6 mai 1979
au Théâtre des Champs-Élysées,
parue dans Harmonies n°3 (hiver 1979)
au Théâtre des Champs-Élysées,
parue dans Harmonies n°3 (hiver 1979)
© Gered Mankowitz
Une Anglaise à Paris
Une boule en argent scintille dans les airs. Une canne danse toute seule. “Deux dans le même cercueil”, répète une voix d’outre-tombe. Des violons géants et roses dansent. Deux mini-écrans – encadrant une porte ronde et blanche façon soucoupe volante – montrent des paysages étranges. Au milieu de ce décor baroque, somptueux et mystérieux, entre un illusionniste et deux danseurs, ondule une fée. Sa grâce et sa souplesse féline la font évoluer sur scène de façon peu commune.
Cette fée, c’est Kate Bush. Il est assez difficile de classer sa musique. Son répertoire comprend aussi bien des chansons très douces (Feel it, In the Warm Room, ou The Man with the Child in his Eyes) que très rythmiques (Don’t push Your Foot On the Heartbrake). La majeure partie de son “œuvre” se situe cependant entre les deux (Wow, Hammer Horror et surtout le sublime Fullhouse). Ce sont des mélodies soignées à la ligne étrange et qui sonnent de manière inhabituelle à l’oreille. Mais laissons Véronique [Sanson] nous dire elle-même ce qu’elle en pense : “Ah, j’adore ! Sa musique est très riche. Il y a un côté mystérieux et envoûtant qui se dégage de ses disques et qui me plaît beaucoup.”
Kate Bush a 21 ans et elle a donné son premier et unique concert à Paris en mai dernier : Elle a à peine une demie-heure de retard et déjà le public – jeune en majorité – trépigne, manifeste son impatience. Soudain un long hurlement se fait entendre. On dirait qu’un vent très fort souffle dans la salle. L’épais rideau noir tiré, l’ombre gigantesque d’une svelte jeune femme qui danse se découpe sur un écran de soie verte. L’apparition de Kate Bush sur les premiers accords de Moving déclenche une formidable ovation. Libre de tout mouvement grâce à un micro astucieusement placé autour de son cou, elle exécute des contorsions bizarres. Chaque chanson est un mimo-drame dont elle est l’actrice principale. Ce qui donne lieu à de fréquents changements d’éclairage et de costumes : elle se déguise en sorcière, en parachutiste, ou bien enfile une jaquette, un haut de forme ou une combinaison de hors-la-loi ; ce show est conçu de manière à ce que notre œil ne se lasse jamais.
Cette fée, c’est Kate Bush. Il est assez difficile de classer sa musique. Son répertoire comprend aussi bien des chansons très douces (Feel it, In the Warm Room, ou The Man with the Child in his Eyes) que très rythmiques (Don’t push Your Foot On the Heartbrake). La majeure partie de son “œuvre” se situe cependant entre les deux (Wow, Hammer Horror et surtout le sublime Fullhouse). Ce sont des mélodies soignées à la ligne étrange et qui sonnent de manière inhabituelle à l’oreille. Mais laissons Véronique [Sanson] nous dire elle-même ce qu’elle en pense : “Ah, j’adore ! Sa musique est très riche. Il y a un côté mystérieux et envoûtant qui se dégage de ses disques et qui me plaît beaucoup.”
Kate Bush a 21 ans et elle a donné son premier et unique concert à Paris en mai dernier : Elle a à peine une demie-heure de retard et déjà le public – jeune en majorité – trépigne, manifeste son impatience. Soudain un long hurlement se fait entendre. On dirait qu’un vent très fort souffle dans la salle. L’épais rideau noir tiré, l’ombre gigantesque d’une svelte jeune femme qui danse se découpe sur un écran de soie verte. L’apparition de Kate Bush sur les premiers accords de Moving déclenche une formidable ovation. Libre de tout mouvement grâce à un micro astucieusement placé autour de son cou, elle exécute des contorsions bizarres. Chaque chanson est un mimo-drame dont elle est l’actrice principale. Ce qui donne lieu à de fréquents changements d’éclairage et de costumes : elle se déguise en sorcière, en parachutiste, ou bien enfile une jaquette, un haut de forme ou une combinaison de hors-la-loi ; ce show est conçu de manière à ce que notre œil ne se lasse jamais.
Sa voix ? Elle vous touche plus profond de vous-même, atteint avec une aisance surprenante les sons les plus aigus, même lorsque Kate Bush chante, par exemple, la tête en bas, roulée dans une boîte géante doublée de satin rouge (Room for the Life). Sur scène, ses chansons prennent une dimension nouvelle. Elle est accompagnée des neuf musiciens avec qui elle enregistre, notamment de Del Palmer (à la basse), de Brian Bath (à la lead guitar) et surtout de Duncan Mackay (aux claviers). Elle termine bien sûr son spectacle par Wuthering Heights, son titre le plus célèbre en France, sorti au printemps 78. C’est émergeant de la nappe de fumée qui recouvre la scène qu’elle incarne Cathy, hantant les Hauts de Hurlevent à la recherche d’Heathcliff.
Il y a dans ce show parfaitement rodé des moments d’une si bouleversante intensité qu’on les voudrait éternels. On a envie de savoir de quelle planète descend cet être qui met ces fantasmes et son imagination délirante au service de la musique, et on se demande, la lumière allumée, si ce mélange de féerie et de sorcellerie, de musique dingue et fantastiquement romantique, n’était pas en fait un merveilleux songe. Diane Dufresne, qui est dans la salle, est enthousiaste.
Si vous en avez l’occasion, embarquez dans la machine à rêves de Kate Bush. En attendant, écoutez ses deux superbes albums (édités chez Sonopresse) : The Kick Inside et Lionheart, dont elle est l’auteur-compositeur-interprète.
Ajouts
• Outre Diane Dufresne (aperçue dans le le grand escalier lors de l'entracte), Michel Berger et France Gall ont également assisté à ce concert.
• Après le dernier rappel, Kate Bush est revenue dire quelques mots
en français. Si elle en avait dit un de plus, il aurait été coupé : c’était la fin de la cassette sur laquelle j'ai enregistré le concert, le magnétophone sur mes genoux. On peut l’écouter ici.
• Lionel Florence était un rang ou deux devant moi, mais nous ne connaissions pas à l’époque…
• J’ai eu la chance de revoir Kate Bush sur scène à Londres en septembre 2014. Chronique à lire ici.




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