• Véronique Sanson | 2019

Tournée Dignes, dingues, donc…
16 octobre 2019 | Yerres
18 octobre 2019 | Le Blanc-Mesnil

Pendant que la presse virtuelle, plus Radio vipère que jamais, s’entête à titrer sur “les confidences toujours plus exclusives de Véronique Sanson sur sa terrible maladie”, ladite Véronique reprend sa tournée avec entrain. Qu’on se le dise ! Mais ça les intéresse beaucoup moins, les bonnes nouvelles ne faisant hélas vendre ni papier ni clics…


Il n’était pas question de rater ces concerts de reprise, même si les voyages dans ces deux banlieues quelque peu lointaines se sont révélés plutôt épiques : le premier en voiture avec Hélène de Voisins (merci à elle) et un Waze qui nous faisait faire tours et détours en promettant d’arriver toujours plus tôt, le second un jour de grève surprise du RER B suite à un accident SNCF deux jours avant et l’agression d’un conducteur de RER le jour même. L’accès à la culture dépend aussi de ce genre de réalité…

© Éric Barbara

Dans les deux salles, bondées d’abonnés (un public intéressant à aller chercher, et que Véronique ralliera facilement à son panache dans les deux cas), le traitement sera pourtant différent. Les deux soirs affichant complet, il sera à la fois facile de me trouver une place assise à Yerres et impossible au Blanc-Mesnil où une aimable dame en blouse blanche m’invitera à monter au tout dernier rang du balcon alors que certaines belles places sous nos yeux sont vides et le resteront : on réserve aujourd’hui si longtemps à l’avance que, le jour dit, on peut très bien avoir oublié de venir ou être malade au fond de son lit. Merci madame pour votre accueil… Dans le fond (c’est le cas de le dire), de là-haut, j’avais une vue imprenable, rare vision panoramique des jeux de lumières et l’occasion de me rendre compte du nombre de fois où Véronique sourit généreusement dans cette direction. Ne jamais oublier les derniers rangs… 
Mais les deux salles avaient aussi un point commun : leur degré de chaleur. On ne pourrait pas écrire que Véronique et ses musiciens ont enflammé les deux théâtres : le public y rôtissait déjà ! Même punition sur scène bien sûr, avec les projecteurs en sus…

© Florence Dubray

Pour ces deux spectacles, peu de changement au niveau du casting. JB Cortot remplace Loïc Pontieux – c’était déjà le cas sur certaines dates de cette tournée qui a débuté il y a plus de deux ans déjà ! – mais les autres pointures sont toutes présentes et Renaud Gensane est définitivement intégré à la troupe. On note d’infimes détails (Véronique bénéficiant de l’espace à droite de la scène pour elle seule sur L’écume de ma mémoire et La loi des poules au Blanc-Mesnil alors qu’elle y rejoignait encore Guillaume deux jours avant ; le “ouais” qui remplace le “oui” dans Besoin de personne – pourquoi pas ?) comme de plus importants : l’entrée d’une chanson supplémentaire (et non des moindres) parmi les titres au piano qui suivent Bernard’s Song. Il y avait bien eu une tentative au tout premier concert à Blainville-Crevon, classée sans suite pour cause d’incompatibilité auditive entre la chanson elle-même et la partition des cordes. Un rapprochement a été effectué et Véronique a travaillé d’arrache-pied (jusqu’à 5 h du mat’ la veille du concert de Blanc-Mesnil), ce qui lui confère le droit légitime de porter une queue de pie ;-). Le résultat est vraiment magnifique. 
Autre nouveauté : une tentative d’imitation “à la manière de”, comme elle le dit joliment. Les accents de sa voix – tellement imitée elle-même – sont un peu difficiles à masquer mais on reconnaît sans peine une actrice délicieusement perchée avec laquelle elle a enregistré un duo injustement passé inaperçu en 2012. Le premier soir, elle a donné le nom, pas le second.
Enfin, nouveauté côté public : quelqu’un au premier rang à gauche commençant par déposer son manteau sur les câbles qui courent sur scène (la sécurité lui demandera de le mettre ailleurs) avant de déployer son selfie stick avec lequel il ira filmer jusque sous le nez de Véronique !


Avec Bertrand Luzignant – dont je regrette de ne pas avoir filmé le solo au Blanc-Mesnil, très subtil. © Éric Barbara

Bonheur total, les deux soirs, elle avait le fameux boyau de la rigolade, surtout à partir de La loi des poules. Ce qui a pu lui donner envie de remplacer par un titre fantaisiste celui de la chanson écrite avec Mehdi qui ne lui revenait pas en mémoire au moment de sa présentation (Ne la laisse pas tomber !) ou d’embrasser Anne Gravoin sur la bouche (lesbien raisonnable ?), peut-être parce qu’elle est située au milieu de la scène comme l’était Steven Madaio qui avait déjà droit à cette faveur… À la sortie des deux concerts, on imaginait la tête des gens qui ne l’avaient vue qu’en télé

Bref, Véronique est sur scène comme à la ville, chaque soir un peu plus davantage. Sans filtre, sans concession, et toujours avec cette furieuse envie de rigoler et de faire de la bonne musique. Comment dire ?… ON APPRÉCIE.

 Affiche dédicacée par toute l’équipe du théâtre de Yerres © Hélène de Voisins

Après le concert de Yerres, dans “la veste la plus vieille du monde” (!), avec le maire de la ville qui affiche la taille d’un basketteur ! © Mairie de Yerres. Coupé à droite, un député populiste évité à tout prix. Le pire est qu’il avait l'air très gentil et a déclaré une véritable flamme à Véronique mais, en repensant à ses scandaleuses interventions médiatiques, je me disais que je ne pouvais vraiment pas…