• Véronique Sanson | 2015


Cirque Royal, Bruxelles 
13 mars 2015

Quelle beau Cirque ! Et quasiment rempli ! Du monde jusqu’au toit, on a presque le vertige en les regardant… Un  public échangeant dès le début du concert des propos enthousiastes sur la forme olympique de la chanteuse, mais qu’on sent encore tout en retenue. Il faut dire qu’il est comme muselé par un service d’ordre franchement patibulaire. Sur la droite, un agent de sécurité va barrer l’accès à la scène pendant une bonne partie du concert (Non c’est pas nous, on obéit aux ordres) tandis qu’à gauche, l’accès est libre ! Sur le bord des rangées, ceux qui se risquent à prendre une photo sont vertement tancés ; par contre, ceux qui sont en milieu de rang filment tranquillement… Un grand n’importe quoi… Lorsqu’on raconte plus tard à Dodo qu’à l’Olympia le service d’ordre envoie des rayons laser dans les yeux de ceux qui filment, il rigole : “Mais c’est La guerre des étoiles, ton truc !”.


Sur Bernard’s Song, Maurane déboule en guest star nationale et c’est le déclic, l’allumette qui fout le feu à la salle : tout le monde debout ! Première standing ovation. L’énergie est enfin libérée. Véronique s'en empare, ne la lâchera plus. Elle la laisse vibrer en elle avant de la partager de toutes ses forces, ajoutant des exclamations entre les textes, martelant un piano consentant, fouettant un invisible attelage… C'est le diable qui est en moi… Animale, impériale, elle veille à ne jamais laisser s’installer une éventuelle routine, traque le moindre silence tiède qui conduirait à l’ennui. Elle ne fait bientôt plus qu’un avec son alter ego en veste à paillettes des années américaines. On est au Palais des Sports en 1978 ! On a 18 ans ! On se surprend même à lever la main pour attirer son attention lorsqu’elle chausse ses lunettes (c’est dire !), et à garder pendant tout le concert une sorte de sourire de ravi de la crèche correspondant à un état intérieur proche de la béatitude… En coulisses, Véronique confirmera : il aurait fallu faire une captation…  

Sur la magnifique intro de Monsieur Dupont, elle reparle de ces fameux ratés du Palais des Sports 81, lorsque les praticables censés laisser passer le piano ne s’ouvraient pas, regrettant dans ces cas-là de ne pas être Florence Foresti !
À noter : la scène n'est pas tout à fait comme d’habitude et Nicolas Maisonneuve confiera après le spectacle ses surprises à chaque arrivée dans une nouvelle salle, jamais configurée comme la précédente : ce soir par exemple, il n’y a que trois écrans ronds pour diffuser les visuels, pas de rideau noir à gauche (François – retour son – opère à découvert !) et surtout, pas de miroirs pour le sketch du troll ! Véronique sortira néanmoins sa brosse au moment dit, se recoiffera face à la salle en racontant comment elle se voit dans celui de gauche et dans celui de droite ! 

À la différence des concerts de l’Olympia, on sent imperceptiblement le public un peu moins sensible aux “chansons d’albums” et surtout pas très enclin à applaudir les magnifiques compagnons de scène de Véronique lors de leur présentation. Au passage, François Constantin la surprendra en la faisant tourner dans ses bras après l’avoir soulevée. De retour sur la terre ferme, hilare, elle soufflera “Tu m’as tuée” en retrouvant son équilibre


Confirmation de ce qu’annonçaient les vidéos entrevues sur Facebook, la version extended de Paranoïa, qui commence au moment où Véronique quitte la scène, dépote grave ! Celle du premier soir à Courbevoie, à côté, ressemble à de la bouillie sonore ! Restructurée, avec Mehdi en MC qui court d’un bout à l’autre de la scène et Rycko qui fait chanter la salle, elle permet à chaque musicien de s'exprimer sans ressembler à une banale série de solos, tout en ajoutant un vrai bonus à la chanson. À saluer bien sûr la performance de l’impayable Steve Madaio, traversant la scène dans un sens et dans l'autre sans cesser de souffler dans son instrument !   

Véronique revient pour les deux séries de rappel, terminant le dernier par un impressionnant Bahia choral, “parce que je ne pouvais pas vous laisser partir sur Ma révérence. Arrivés chez vous, vous chercheriez le poison, un révolver…” 

Lorsque les lumières se rallument, ma voisine de droite, alerte femme d’une cinquantaine d’années qui avait donné de la voix pendant tout le concert, me remercie d’un “C'était super de vous avoir comme voisin”. M’attendant naïvement à ce qu’elle me parle du livre, elle mentionne simplement le plaisir d’être à côté de quelqu’un qui se lève et qui chante ;-) 

 
En coulisse, l’organisateur local explique qu’il a fait imprimer à la hâte et distribuer à l’entrée de la salle des flyers minimalistes pour les deux concerts confirmés dans la journée, et nous apprend qu’on ne dit pas “au Forest” (en prononçant le s), mais “à Forest” (sans le prononcer). Les musiciens ne s’attardent pas longtemps : ils ont trouvé un endroit en ville où jammer. Près de la loge de Véronique, Maurane fait rire tout le monde avec des jeux de mots du type “Ils sont extras, tes restes”. On sort l’appareil… 


 © L. Calut

Surprise, le lendemain, alors qu’on fait le tour du Relay de la gare de Bruxelles Midi : Les années américaines dans les best-sellers ! Merci la Belgique ! Vite, une photo !



Déjouant la sécurité, on a réussi à filmer quelques moments particulièrement énergiques, ici.