• Laurie Anderson | 2010

Cité de la musique
30 mars 2010

D'un spectacle de Laurie Anderson, surtout un soir de pleine lune comme celui-là, on ressort toujours sous l'hypnose du timbre de sa voix. Avec l'irrésistible envie de parler comme elle tout le reste de la soirée : en marquant des pauses, en isolant un adjectif pour lui donner plus de poids (à ce propos, petit bémol propre à l'exercice, sa prestation est desservie ici par les sous-titres qui affichent souvent le mot traduit avant qu'il ne sorte de sa bouche).

Pendant que la salle se remplit, un petit canapé au devant de la scène attrape notre regard. Y est projetée l'image vidéo de cristaux en mouvements circulaires – hypnotiques là encore – alors qu'une boucle sonore évoque discrètement quelque chose d'industriel.

Le grand écran s'allume, deux autres encadrent la scène et l'on aimerait avoir des yeux sur le côté pour ne pas rater une miette des petits homemade films qui vont y défiler, feuilles mortes qui virevoltent, paysage lunaire à perte de vue, ombres diverses parfois difficiles à identifier, propices à la rêverie poétique.

Les fumigènes sentent la vanille. Elle s'avance sur scène, 63 ans, la tignasse toujours ébouriffée, la silhouette inchangée. Et surtout ce maintien, cette colonne vertébrale... Il le faut pour un spectacle qui ne laisse aucune place à l'improvisation.

Elle place son violon (au design impeccable) dans le creux de son cou et nous voilà embarqués pour un voyage d'une heure et demie. Ce sont de courts récits loufoques et graves, un peu à la manière de The Ugly One with the Jewels (1995). Il sera question en vrac du plus grand accélérateur de particules du monde, de la mort de sa mère, de ses origines irlandaises et - en français - de sa chienne qui lui est présentée dans une couverture rose alors qu'elle vient d'en accoucher...

On l'aura compris, Un délire (Delusion) n'est pas un long monologue ennuyeux. Et pour ceux qui pourraient se lasser de sa voix, un personnage masculin intervient de temps à autre lorsqu'elle utilise son fameux micro-vocoder qui ralentit la sortie de sa voix. Nouveauté - en ce qui me concerne - elle branche ce soir pour quelques jolis effets les deux micros simultanément, assurant ainsi ses propres chœurs version masculin-féminin.

Joli moment également lorsqu'une caméra la filme en direct, produisant une image qui vient s'incruster dans le film en arrière-plan, la faisant apparaître dans le noir de son ombre géante, sous une pluie graphique, comme sortie d'un clip des années 80.

Le public est attentif, silencieux. Pas un applaudissement avant son "Merci, bonne nuit".

Au total, une seule chanson, One Night of Sword, qui figurera sans doute sur son cd Homeland, annoncé pour le 15 juin prochain...

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