Update : Le spectacle reprend du 15 février au 7 avril 2024. Billetterie déjà ouverte !
Julie Rousseau et Bastien Lucas,
Toute une vie sans se voir,
14, 16 et 28 septembre 2023
Toute une vie sans se voir,
14, 16 et 28 septembre 2023
Oui, je sais, j’ai déjà chroniqué ce spectacle l’année dernière (à lire ici) mais il a évolué et cette fois-ci il se joue à Paris : ça devient sérieux !
Toute une vie sans se voir est un spectacle hybride : il y a une mise en scène (suivie au cordeau par les deux interprètes) et, en même temps, ça chante (très bien). D’où la tentation parfois d’applaudir… Tentation vite ravalée : nous sommes au théâtre et, même si ça peut générer un peu de frustration côté public, ça risquerait de déconcentrer côté scène. Mais ce n’est qu’un détail…
La correspondance musicale entre Véronique Sanson et Michel Berger, leur histoire d’amour (vécue au quotidien, puis sublimée) est suffisamment romanesque pour inspirer pas mal de monde, mais les premiers à l’avoir transposée sur une scène resteront Julie Rousseau (qui portait le projet depuis quelques années) et Bastien Lucas. Leur atout majeur est le même que celui de leurs aînés : la musique.
En effet s’il ne fallait retenir qu’une seule chose (et ce serait dommage) de ce spectacle, c’est leur virtuosité au piano, leurs arrangements subtils et/ou carrément inattendus (le sommet étant sans aucun doute atteint avec un décapant Fais attention à mon amour), leur facilité (du moins en apparence) à entrelacer les chansons, à glisser des accords de l’une dans une autre, leur amour de Bach (dont on finit par croire qu’il est à l’origine de tout)… Rien que pour ces précieux détails, il faut voir le spectacle plus d’une fois, les oreilles bien aiguisées.
La technique c’est bien joli, mais il y a aussi l’émotion. La première fois, j’avais trouvé Bastien-Michel un peu trop accablé et Julie-Véronique un peu trop tout feu, tout flamme. Pas cette fois-ci. À leur décharge ils ne travaillent pas sur les chansons de Carlos mais sur un répertoire plutôt connu pour tirer des larmes et ils y parviennent sans surjouer le pathos. La superposition du mythe d’Orphée et d’Eurydice apparaît comme une distraction qui permet la mise en parallèle de leurs trajectoires là où la
représentation de sentiments forts (l’abandon chez l’un et la
culpabilité chez l’autre) aurait pu être étouffante. Le mythe grec ouvre alors une
fenêtre sur un imaginaire plus vaste et nos deux héros le convoquent régulièrement pour apaiser leurs tourments, priant pour ne pas trouver les dieux au repos…
Intéressant d’ailleurs de voir la distribution des rôles dans la pièce : Véronique y tient le rôle d’Orphée – ce qui, avouons-le, n’est pas réellement une surprise. N’en déplaise à certains, les pôles masculin-féminin ne sont pas toujours distribués de façon “conventionnelle” au sein d’un couple, sans pour autant nuire au bon déroulement de sa destinée. Mais ici, nul happy end : Orphée perd Eurydice à jamais. La bulle de leurs amours est soufflée. Que devient “celle qui reste”, s’interroge Julie-Véronique…
En 2012, Véronique avait assisté au 104 au spectacle de Jeanne Cherhal reprenant son premier album en intégralité. Elle avait essuyé quelques larmes et expliqué qu’entendre ses propres textes lui avait permis de les comprendre. Pas certain que son maquillage résiste longtemps si elle vient voir ce spectacle (ce qui est probable) même si on est certain que toute son attention sera focalisée sur le jeu de piano et les arrangements subtils imaginés par les deux musiciens sur scène.
En attendant – et c’est bon signe – Toute une vie sans se voir a été “adoubé” par les “sœurs de” : Franka Berger, émue (entre autres) par le fait que Bastien attaque les basses au piano exactement comme le faisait son frère, et Violaine Sanson-Tricard qui a lancé un “Bravo !” bien sonore à la fin du spectacle, première à se lever pour l’applaudir, générant ce qu’il est convenu d’appeler une standing ovation.
Julie Rousseau et Bastien Lucas avec Violaine Sanson-Tricard, 16 septembre 2023 © LC
Le 28 septembre, Véronique se rendra au Studio Hébertot (avec Violaine et son fils Julien Tricard). Elle applaudira débout, allant ensuite féliciter chaleureusement les deux musiciens.
Le lendemain, ce sera au tour de Daniel Schick (à lire ici).
Cette partie du répertoire de Véronique et Michel est bien vivante : la preuve, on ressort en fredonnant les chansons qui nous ont le plus marqué. Dans ma première chronique, je rêvais que ce spectacle se joue dans une salle plus grande – chose maintenant faite. Cette fois-ci, et peut-être à cause de l’idée de mythe, je le verrais bien joué en extérieur, à la tombée de la nuit dans un théâtre antique… Croisons les doigts.
Il y a quelques avis à lire sur le site de BilletRéduc ici
NB. Pas de faute dans le choix des chansons, il avait été travaillé en amont avec mon camarade en véronicologie, Yann Morvan, ami de longue date de Julie, et responsable d’une analyse complète de cette correspondance en chansons à lire ici.
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