• Véronique Sanson | 2019



Véronique Sanson
Salle Pleyel, Paris
 
30 et 31 décembre 2019
 
Derniers tours de piste d’une tournée au long cours, étendue sur plus de 2 ans, ces 102e et 103e concerts Dignes, dingues, donc… (si mes calculs sont exacts) ont pourtant affiché complet. Véronique Sanson, que voulez-vous… L’indestructible tornade blonde… 

Malgré la grève des transports, il manque peu de spectateurs à l’appel le premier soir. Pour le second, c’est un peu plus compliqué avec le quartier entièrement bouclé, des stations de métro fermées… Les ouvreuses proposent même de resserrer les rangs au moment de l’entracte et on pense aux messages aperçus dans la journée de ceux dans l’obligation de revendre leurs places, coincés chez eux, rêvant de Pleyel…

Peu de people (ou d’“huiles essentielles”, comme dit Florence Dubray) : de Catherine Deneuve à Léa Salamé, de Laurent Delahousse à Marc Lavoine, beaucoup ont déjà vu ce spectacle. Seuls les fidèles parmi les fidèles sont revenus : Bernard de Bosson (les “bravo !” les mains en porte-voix, c’est lui), Didier Varrod, Franka Berger, Daniel Schick, Thomas Sotto. Éric Jean-Jean (RTL), Fabienne Sintes (France Inter) et Éric Chemouny (Je suis musique) sont là également.

Tout a commencé lundi après-midi avec les balances. Même vide, la salle est impressionnante. Sur scène, les cordes répètent sous la direction perfectionniste d’Anne Gravoin. Puis débarquent un à un les musiciens. Mehdi sera la voix témoin sur Dignes, dingues, donc… avant de rejoindre le piano et se faire les doigts sur Et je l’appelle encore. Doigts qui aligneront ensuite quelques notes qu’on reconnaît… Non, il n’a pas fait ça… Mais si ! C’est Gigi l’Amoroso !!! 


© LC

Arrivée de Véronique avec une sacrée dégaine de bikeuse (comme avait dit Augustin Trapenard) : chemise en jeans délavée sans manches siglée Harley Davidson sur tee-shirt blanc et surtout ce fameux chapeau de cow-boy offert par son plus jeune fan, récemment tombé sous le charme. Dans l’ordre, elle répète Vols d’horizons, Ainsi s’en va la vie, Marie, Radio vipère et Mortelles pensées. Il est encore tôt, mais la voix est déjà forte, un peu “rocailleuse” comme elle dit elle-même au micro à l’ingé son, à qui elle demande une réverb’ plus longue. Christian fait quelques photos. On salue Nicolas Maisonneuve, aux manettes des lumières les deux soirs après avoir beaucoup travaillé pour Bruel. Tout s’annonce le mieux du monde, et pourtant on sera encore un cran au-dessus !

À quoi tient le ressenti d’un spectacle ? À ce qui se passe sur scène bien sûr, à notre disponibilité, à ce qu’on a dans la tête au moment précis où l’on est dans la salle… mais aussi aux gens qui nous entourent, à leurs vibrations. Le premier soir, j’étais voisin du neveu de Barbara, et le second de quelqu’un de l’équipe Coullier. Voyages très différents… Plus globalement, on peut comparer les publics : le premier soir, la salle accueillera Véronique debout, pas le second. Le public se levera après Mr Dupont (sa magnifique intro signée Renaud Gensane, la toujours impeccable séance d’abdos), pas le lendemain. À ma grande surprise, certains crieront “Non” pour conjurer son “que je suis seule au monde” à la fin de Ma révérence. Pas vu ça depuis très longtemps… Là encore, ce ne sera pas le cas le lendemain.
Les deux soirs, en revanche, on constatera sur scène d’inédites harmonies sur Je me suis tellement manqué. On notera les “Marie” répétés en écho. Avant La loi des poules, le premier soir, elle précisera qu’il y en a au moins un qui connaît les paroles dans la salle, avant de se reprendre : “Non deux” ; le deuxième soir, elle mettra ses lunettes pour voir “si tout le monde [la] regarde bien” et se réjouira des “bonnes têtes, vachement souriantes” avant de terminer la chanson dans un fou rire (vidéo ci-dessous).

© LC

Les deux soirs, avant les rappels piano-solo, elle voudra nous faire croire qu’elle ne veut surtout pas déranger : “Vous préférez peut-être aller vous coucher… Si c’est le cas, je trouve ça consternant…” (rires). Derrière moi, une femme lâchera “Mais elle est incroyable !”. Bah oui, madame…  
On notera également son emploi fréquent de l’anglais (“Ready?”), sans doute dû à la présence de Titou ; on s’arrêtera sur ses mains jouant avec le projecteur rose sur Et je l’appelle encore ou faisant l’oiseau sur l’intro de Monsieur Dupont ; on suivra ses regards vers les premiers rangs et ces sourires qu’elle lance à ceux qu’elle reconnaît.
Le second soir, lors de pensées toujours d’actualité, la tendresse deviendra plus raffinée que les caresses… Des détails qu’on note ici pour les mémoriser, en l’absence de captation.
© LC

Après les concerts, les prolongations ont également été différentes d’un soir à l’autre. Une surprise d’abord le 30 avec des applaudissements saluant l’arrivée de Véronique dans l’espace où elle est attendue, ouvrant bientôt sur un cocktail. Du jamais vu en ce qui me concerne, tandis qu’Éric Chemouny précise que ça arrive fréquemment pour son amie Sylvie Vartan. Pêle-mêle, on verra Bernard de Bosson en grande conversation avec une ex de son fils, qui tient absolument à une photo entre lui et Titou ; Véronique dédicaçant une photo sur un dos offert, celui de Violaine ; Laurent Boyer demandant à Véronique de signer une affiche du spectacle ; Daniel Schick et Marc Kraftchick qu’on immortalise avec Véro ; la femme de Basile Leroux confirmant qu’elle a toujours été au courant de la demande en mariage de Véro (cf. sketch dans la présentation des musiciens) ; Tony Frank souriant, toujours en forme…

© LC

Le 31, passé minuit, en sortant de la salle et en découvrant les trottoirs et les rues bondés, les klaxons, la pollution, les insultes,
c’est à Cioran et ses merveilleux aphorismes qu’on pense : « À peine dehors, je m’écrie : “Quelle perfection dans la parodie de l’Enfer ! » 
Vite, se remettre en tête les injonctions de Véronique : “Soyez heureux ! Ne soyez pas grégaires !” et son “À super vite, peut-être en 3030, ce sera bien !”

Capture d’écran vidéo © Martine Sellier

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Taratata, Lille | 2019

20 septembre 2019
Taratata
Zénith de Lille

Comment résister à une affiche pareille ? Et puis pourquoi d’abord ? Oui.sncf, un billet, vite !
Lille donc, à 1 heure de Paris seulement. Gare du Nord, on croise Pascal Nègre achetant Le Canard Enchaîné. Dans le train, on tombe nez-à-nez avec Michel Jonasz qui prend place tout seul dans un coin du wagon, et répétera son nouveau titre à voix presque haute - on est 10 grand maximum dans le wagon ce jour-là.

Lille-Flandres. Ce coin de la ville est taratatisé : on croise partout des musiciens, des techniciens, et, rentrant de déjeuner avec Isabelle, les 96B (avec la maquilleuse de Véronique, Jocelyne) qui rappellent les horaires : il faudra être dans la place avant 15 heures. On rallie l’hôtel de Véronique. Johnny (ça ne s’invente pas) est le nom de celui qui s’occupe des taxis. Adorable, il explique qu’il reste une place dans l’une des trois voitures, celle de Mehdi et Guillaume. Deal! Le Zénith n’est pourtant pas loin mais il faut transporter les costumes et surtout faire le tour dudit Zénith pour aller se garer en sous-sol. Juste le temps de saluer Rycko (qui accompagne Michel Jonasz) et boire un verre au bar avec un Mehdi très en forme, et hop on file ! L’organisation sur place est tip top, comme on peut s’y attendre. Bracelet au poignet, on franchit la porte marquée Backstage. La loge de Véronique est tout de suite à droite. Les garçons, Souchon et Voulzy, auront moins de chance, qui devront grimper l’escalier. 

© LC

Nagui aperçoit Véronique, vient l’embrasser. Allez, une première série de photos ! Et illico, voilà l’animateur le plus gentil du monde qui vous entraîne dans son bureau, sort son portable et actionne Airdrop sur le votre avant qu’on ait eu le temps de retrouver la manip. Airdrop, ou le plus court moyen de s’échanger des photos… On lui dit qu’on doit avoir quelque part des photos de lui avec Véronique dans les années 90. Ses yeux brillent, OK on promet de les lui envoyer de retour à Paris.

Répétition imminente. Véronique termine son thé au beurre salé (qui horrifie tout le monde, mais qui fait des miracles). Direction le plateau, qui ressemble à une arène. Nagui explique : « On a retiré les sièges de l’orchestre et on en a ajouté là où était la scène. » Résultat, la scène est bien au centre. Et ce soir, les gradins seront remplis jusqu’en haut, pas un strapontin de libre !

Véronique embrasse Alain Souchon qui vient de terminer sa répétition, rejoint le piano pour son duo. La carte jouée n’est pas celle de l’originalité (Vianney pour Drôle de vie), mais de la surprise et de l’exclusivité – Vianney ayant annoncé sa décision de ne plus se montrer pour mieux travailler. Véronique s’inquiète en rigolant de savoir si les deux filles choristes ont bien répété le When I’m home du pont, clin d’œil aux répétions de l’avant-veille. À sa droite, il y a des cuivres. Après le premier essai, elle leur demandera de se lâcher un peu plus sur la fin du titre. Elle ne pourra entendre le résultat que plus tard : dans ses Ears, elle n’a que le piano et les choristes, pas même le violon juste en face d’elle. La deuxième version balance vraiment bien, un des techniciens derrière elle ne peut pas s’empêcher de marquer le tempo et Vianney danse en jeans tee-shirt devant le piano. On enchaîne avec Full Tilt Frog donc. Nagui, à côté du piano, n’en perd pas une miette. Les choristes rerépètent leur When I’m home. Véronique les aide en jouant les 3 notes au piano, et les mêmes descendues dans la suite de la chanson. “On y va s’il vous plait ?”, lance la voix de Marie sur le plateau. Et comment ! Surprise : il y a de l’harmonica au menu et c’est une très bonne idée ! Bien sûr, le choix de la chanson est discutable dans la mesure où ses petits copains ont choisi des golds (comme Michel Jonasz avec La boite de jazz) et vont sûrement cartonner à l’applaudimètre, mais on aime Véronique (aussi) pour cela : elle suit son instinct, a envie de (re)faire connaître certaines chansons (même si celle-ci est en anglais dans une émission qui s’est toujours battue pour la défense de la langue française) plutôt que de sortir une énième version de Vancouver de son piano. En plus, le titre dépote bien et, comme d’habitude, on est scotché par le fait que la deuxième version diffère de la première par ces petites harmonies de voix, ces détails qui font sa marque de fabrique à vie.

Vient le titre piano-solo, Quelques mots d’amour – encore un choix de Véronique. Une chanson qu’elle n’a pas chantée depuis longtemps, qui n’a pas besoin d’explication de texte ni de sous-titre, et qui a toute sa place ce soir parce que, dans un monde idéal, son auteur serait de la fête ce soir… La voix de Véronique résonne dans ce Zénith sans public. L’air chaud peut être fatal, les nuits se passent inanimées : elle imprime sa différence dans les textes, et ça fonctionne très bien. Des techniciens peuvent bien tourner autour du piano, scotcher des câbles, vérifier des branchements, Véronique, imperturbable, est plongée dans un dialogue avec l’au-delà, concentrée sur ses doigts… À la fin de la première répète, elle a un doute… À côté d’elle, un musicien n’ose pas intervenir et puis se décide finalement. Ils trouveront ensemble. 

En quittant le plateau, Véronique croise Rycko, Manu Katché et d’autres sur son chemin. À chaque fois, des étreintes non feintes, des sourires pour de vrai, 2-3 mots pour dire l’essentiel : on est content de se voir.

Retour en loge. Vient enfin un peu de temps pour la concentration, pour les merveilleux mots croisés de Michel Laclos, par exemple. Jonché de ponts en 3 lettres : mai ! Champignons parfois mortels : accélérateurs ! Extinction de voix : abstentionnisme !… Une certaine tournure d’esprit, un goût du double sens et une magnifique façon de tourner le dos au premier degré, voilà qui parle directement à Véronique et lui permet de s’isoler un peu de l’agitation ambiante. Agitation qui reprend très vite lorsqu’on s’aperçoit d’un bruit qui ressemble à celui que fait du vent s’engouffrant précipitamment dans la faible ouverture d’une porte avant qu’elle claque ou – interprétation de Véronique – au miaulement furieux d’un chat avant de se jeter sur vous ! On fait venir quelqu’un, qui va chercher un pompier. Incident clos, sans qu’on sache exactement de quoi il s’agissait d’ailleurs…

© LC

Répétition des titres collégiaux dans dix minutes ! Soyons honnêtes, Celui qui chante n’est pas la meilleure chanson de Michel Berger. D’un point de vue purement mélodique, le refrain n’est pas ce qu’il a écrit de plus original, mais l’entrée ce soir de nos cinq artistes tous ensemble est une idée forte et les voilà qui s’alignent bientôt au milieu du plateau, les yeux rivés sur le prompteur. Nagui les guide “Là, c’est à toi !”. Lors de la première répétition, Véronique est d’un charme désarmant : pas en place (ce qui est rarissime !) lorsqu’il s’agit de reprendre le 2ème couplet. Le fait est là : elle ne connaît pas la structure de la chanson. Très vite bien sûr elle trouve ses marques, mais quittera le plateau avec une idée qui va transformer chaque personne qui passera en paparazzo potentiel : de retour en coulisses, elle propose au club des cinq de se réunir dans une loge avec un musicien pour la rythmique pour continuer la répète et parvenir à quelque chose qui la satisfera un peu plus. Elle se fout de tout, c’est vrai, c’est assumé… mais pas de la musique - qu’on se le dise ! Son excellente initiative prendra forme non pas dans une loge mais sur les canapés des coulisses. Carla Bruni vient juste d’apparaître – c’est le mot. Déjà maquillée et habillée, avec les mensurations d’une Parisienne de Kiraz (pour ceux qui lisaient Jours de France dans les années 1970), il faut se rendre à l’évidence : elle est parfaite. Apercevant Véronique, elle vient l’embrasser, saluant au passage son entourage en se présentant « Bonjour… Carla… » – ce qui est quand même d’une très grande classe, étant donné le peu de chance qu’on la confonde avec qui que ce soit d’autre… Le photographe de l’émission en profite et fait poser Véronique avec Carla et Pierre Souchon, fils de. Chacun va ensuite s’asseoir face au guitariste de l’émission, textes en main, pour une répétition qui restera comme un des meilleurs moments de la journée et fera de Celui qui chante, tel qu’ils le chantent ensemble, l’hymne de ce Taratata. Nagui s’assoit face à eux. Sa femme, juste derrière, filme avec une lumière de dingue et une image parfaite (voir sa vidéo ici) alors que le coin est très mal éclairé et que de mon côté je n’arrive pas à une image correcte… Applaudissements à la fin. Jeux de mains, comme dirait Michel Laclos…

Le deuxième titre collégial a été répété juste avant, un Foule sentimentale archi bienvenu. On a testé la fumée au sol. Magie totale. Ça promet… et encore on n’a évidemment pas utilisé les canons à confettis d’argent…
© LC

Nouveau retour en loge. Le temps du maquillage, du coiffage et de l’essayage costumes est venu. Véronique a le choix entre deux vestes mais l’une a tout de suite sa préférence – et l’avantage de fonctionner parfaitement avec le pantalon à carreau qu’elle porte déjà. La veste, une création Lord SM Paris, lui va parfaitement et pour cause : elle a été faite sur elle ! Le coiffeur est rapide et repartira avec le nom d’un spray dont il ne soupçonnait pas l’existence et surtout l’efficacité. Depuis le temps, Véronique en connaît un rayon sur le maquillage, comme sur le coiffage. Dernière formalité avant de rejoindre le plateau et ses 4 000 personnes qui font déjà entendre leur volonté de s’éclater, le prégénérique sur fond blanc. Une seule prise, et c’est dans la boite ! 

© LC

Dans l’angle hors champ des caméras où ils patientent, les cinq se serrent les coudes, gèrent leur trac comme ils peuvent. Michel Jonasz prend Véronique par les épaules. La vibration qui provient du public est intense, fait décoller le plateau. On vient les chercher pour qu’ils se mettent en place pour leur entrée, longeant les premiers rangs à gauche, passant devant ces hommes en noir qui resteront assis sur leurs chaises pendant près de 3 heures face au public, sécurité oblige. On quitte le plateau à regret, bercé par cette liesse phénoménale, pour suivre l’émission sur le grand écran des coulisses, même si le volume sonore des conversations ne permet pas toujours de tout entendre correctement… On verra d’ailleurs Manu Katché se rapprocher de cet écran lorsque Véronique attaquera Quelques mots d’amour pour être certain de ne rien rater. Quand apparaîtra sur l’écran le visage (peu amène, il est vrai) de la maire de Lille, on entendra quelques ricanements…

Nos cinq artistes restent en plateau pendant près de 3 heures, même mal assis sur des tabourets peu confortables, un peu hauts… Les live s’enchaînent… Alors d’où vient ce sentiment bizarre que… Nagui ne donne que très peu la parole à Véronique ? Elle a – c’est vrai – toujours ce problème de manque de salive. On la suit des yeux, entre Souchon et Voulzy comme à Roland-Garros, tournant la tête un coup à gauche, un coup à droite. Elle aurait pu, elle aussi, raconter depuis combien de temps elle connaît -M-, guitariste sur sa version de Lady Madonna jouée dans l’émission d’un certain… Nagui, si on ne s’abuse. Lorsqu’il la fait enfin parler, c’est pour revenir sur sa relation avec Michel Berger (il faut le dire très présent ce soir avec Celui qui chante, Le paradis blanc et Quelques mots d’amour) et on s’en désole…

 -M- à la guitare sur Lady Madonna dans “Ovations The Beatles”, 11 décembre 1993

Fin du tournage féérique, sous une pluie de petits papiers argentés. Retour en coulisse. Les artistes ont presque tous décampé. La voiture du retour à Paris est prête. Tout le monde est fatigué… sauf Véronique, bien sûr ! Olivier Brossard, dont c’était l'anniversaire ce soir, vient lui faire un coucou, lui dire dans un sourire que son trait d’eye-liner lui a manqué ce soir (Véronique pense que les garçons devraient pouvoir se maquiller comme les filles, et elle le maquillait avant son entrée sur scène avec Titou). Il part bientôt en tournée avec Alain Souchon. 

Dehors il fait encore doux, doux doux doux dehors… Les fidèles parmi les fidèles attendent le passage de Véronique, et ils ne seront pas déçus : sa voiture s’arrêtera… 

Quelques commentaires sur Twitter :





• Véronique Sanson | 2019

Tournée Dignes, dingues, donc…
16 octobre 2019 | Yerres
18 octobre 2019 | Le Blanc-Mesnil

Pendant que la presse virtuelle, plus Radio vipère que jamais, s’entête à titrer sur “les confidences toujours plus exclusives de Véronique Sanson sur sa terrible maladie”, ladite Véronique reprend sa tournée avec entrain. Qu’on se le dise ! Mais ça les intéresse beaucoup moins, les bonnes nouvelles ne faisant hélas vendre ni papier ni clics…


Il n’était pas question de rater ces concerts de reprise, même si les voyages dans ces deux banlieues quelque peu lointaines se sont révélés plutôt épiques : le premier en voiture avec Hélène de Voisins (merci à elle) et un Waze qui nous faisait faire tours et détours en promettant d’arriver toujours plus tôt, le second un jour de grève surprise du RER B suite à un accident SNCF deux jours avant et l’agression d’un conducteur de RER le jour même. L’accès à la culture dépend aussi de ce genre de réalité…

© Éric Barbara

Dans les deux salles, bondées d’abonnés (un public intéressant à aller chercher, et que Véronique ralliera facilement à son panache dans les deux cas), le traitement sera pourtant différent. Les deux soirs affichant complet, il sera à la fois facile de me trouver une place assise à Yerres et impossible au Blanc-Mesnil où une aimable dame en blouse blanche m’invitera à monter au tout dernier rang du balcon alors que certaines belles places sous nos yeux sont vides et le resteront : on réserve aujourd’hui si longtemps à l’avance que, le jour dit, on peut très bien avoir oublié de venir ou être malade au fond de son lit. Merci madame pour votre accueil… Dans le fond (c’est le cas de le dire), de là-haut, j’avais une vue imprenable, rare vision panoramique des jeux de lumières et l’occasion de me rendre compte du nombre de fois où Véronique sourit généreusement dans cette direction. Ne jamais oublier les derniers rangs… 
Mais les deux salles avaient aussi un point commun : leur degré de chaleur. On ne pourrait pas écrire que Véronique et ses musiciens ont enflammé les deux théâtres : le public y rôtissait déjà ! Même punition sur scène bien sûr, avec les projecteurs en sus…

© Florence Dubray

Pour ces deux spectacles, peu de changement au niveau du casting. JB Cortot remplace Loïc Pontieux – c’était déjà le cas sur certaines dates de cette tournée qui a débuté il y a plus de deux ans déjà ! – mais les autres pointures sont toutes présentes et Renaud Gensane est définitivement intégré à la troupe. On note d’infimes détails (Véronique bénéficiant de l’espace à droite de la scène pour elle seule sur L’écume de ma mémoire et La loi des poules au Blanc-Mesnil alors qu’elle y rejoignait encore Guillaume deux jours avant ; le “ouais” qui remplace le “oui” dans Besoin de personne – pourquoi pas ?) comme de plus importants : l’entrée d’une chanson supplémentaire (et non des moindres) parmi les titres au piano qui suivent Bernard’s Song. Il y avait bien eu une tentative au tout premier concert à Blainville-Crevon, classée sans suite pour cause d’incompatibilité auditive entre la chanson elle-même et la partition des cordes. Un rapprochement a été effectué et Véronique a travaillé d’arrache-pied (jusqu’à 5 h du mat’ la veille du concert de Blanc-Mesnil), ce qui lui confère le droit légitime de porter une queue de pie ;-). Le résultat est vraiment magnifique. 
Autre nouveauté : une tentative d’imitation “à la manière de”, comme elle le dit joliment. Les accents de sa voix – tellement imitée elle-même – sont un peu difficiles à masquer mais on reconnaît sans peine une actrice délicieusement perchée avec laquelle elle a enregistré un duo injustement passé inaperçu en 2012. Le premier soir, elle a donné le nom, pas le second.
Enfin, nouveauté côté public : quelqu’un au premier rang à gauche commençant par déposer son manteau sur les câbles qui courent sur scène (la sécurité lui demandera de le mettre ailleurs) avant de déployer son selfie stick avec lequel il ira filmer jusque sous le nez de Véronique !


Avec Bertrand Luzignant – dont je regrette de ne pas avoir filmé le solo au Blanc-Mesnil, très subtil. © Éric Barbara

Bonheur total, les deux soirs, elle avait le fameux boyau de la rigolade, surtout à partir de La loi des poules. Ce qui a pu lui donner envie de remplacer par un titre fantaisiste celui de la chanson écrite avec Mehdi qui ne lui revenait pas en mémoire au moment de sa présentation (Ne la laisse pas tomber !) ou d’embrasser Anne Gravoin sur la bouche (lesbien raisonnable ?), peut-être parce qu’elle est située au milieu de la scène comme l’était Steven Madaio qui avait déjà droit à cette faveur… À la sortie des deux concerts, on imaginait la tête des gens qui ne l’avaient vue qu’en télé

Bref, Véronique est sur scène comme à la ville, chaque soir un peu plus davantage. Sans filtre, sans concession, et toujours avec cette furieuse envie de rigoler et de faire de la bonne musique. Comment dire ?… ON APPRÉCIE.

 Affiche dédicacée par toute l’équipe du théâtre de Yerres © Hélène de Voisins

Après le concert de Yerres, dans “la veste la plus vieille du monde” (!), avec le maire de la ville qui affiche la taille d’un basketteur ! © Mairie de Yerres. Coupé à droite, un député populiste évité à tout prix. Le pire est qu’il avait l'air très gentil et a déclaré une véritable flamme à Véronique mais, en repensant à ses scandaleuses interventions médiatiques, je me disais que je ne pouvais vraiment pas…

Vendeurs de larmes | 2019


Vendeurs de larmes

Bien sûr je suis conscient que cet article ne va pas changer le cours de ces choses-là et bien sûr je sais qu’il est des combats plus urgents, plus nobles, mais, en passant chaque jour devant les kiosques parisiens, je ne peux m’empêcher de m’exclamer in petto : “Comment a-t-on pu en arriver là ?!”

Il y avait déjà les fameux “tabloïds” britanniques, disgusting presse de caniveau et je me souviens aussi avoir été carrément choqué en entendant parler en 2012 du National Enquirer (États-Unis) qui se demandait en couverture qui pourrait bien mourir après Donna Summer et Barry Gibb, photo de Liza Minnelli (entre autres) peu flatteuse à la clé… Mais, en France, on faisait encore figure de petits joueurs avec nos gentillets France-Dimanche, Ici-Paris et Voici.

Hélas, ils ont fait des petits ! Et le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne sont pas beaux à voir avec leurs noms plus subtils les uns que les autres, souvent en typo blanche sur fond rouge dans une couverture saturée de mauvaises nouvelles : Journal de France, Journal France, France Actu, Actualité de France, France Mag, France Matin, Matin France, Paris Confidences, Histoire Vérité, Grace, Lady, Olé!, Ouah!, Oops, Oulala, Diva, Gloria, Flash sans oublier Gossip, Closer, Clever!, Vedettes, Nouveau Vedette, Célébrité Magazine, Secrets de stars, Public, Spécial People, People Story, Confidences Dimanche, Ici!, Enquêteur National, Reality, Succès(et il en manque sûrement)
Bon sang, mais qui achète tout ça ?! 
Et comment s’en sortent les kiosquiers ?

“Ils se marient !”, “Ils divorcent !” : ce bon vieux Voici des années 1990, c’était de la p’tite bière !

Leur accroche préférée en couverture parle de mort imminente : C’est la fin ! En ce moment, c’est le tour de Delon, de Belmondo, de Line Renaud, de Renaud tout court… Pour Véronique Sanson, ils sont un peu pris de court puisqu’elle a elle-même répondu à un (vrai) journaliste (= révélé un douloureux secret, s’est confiée, a déclaré – tel que ce doit être traduit dans cette presse vendeuse de larmes) : “Je suis prête à mourir”. Pas tombé devant les yeux d’un non-voyant ! Aussitôt imprimé, aussitôt récupéré et mis en accroche sur la couverture de l’une de ces parutions (on ne va tout de même pas lui faire de publicité) au-dessus de… “Belmondo, c’est la fin !”. Moche.

Un détail, en passant : dans ce type de parutions, on ne s’embarrasse pas de créditer les photos. On chercherait en vain le moindre nom de photographe… “C’est open bar”, comme dit si bien Tony Frank dont les photos, piquées sur son site, paraissent avec son logo tramé en plein milieu !
Le dernier papier en date concernant Véronique figure une photo que j’avais faite (c’est peut-être ce qui a déclenché mon envie d’écrire ici) et qui n’a rien à voir avec l’article en question (pas important). On ne va tout de même pas appeler un avocat pour ça évidemment, mais c’est franchement rageant : il est clair qu’on ne fait pas une photo pour qu’elle atterrisse dans ce genre de publication…   


Mais le nivellement vers le bas ne se limite bien sûr plus au papier : ces “articles” sont maintenant lus par des voix-robots sur YouTube. D’aguicheurs raccourcis sont également préparés pour Twitter (mais disparaissent mystérieusement quelques semaines après leur parution…). On ne peut pas dire qu’ils fassent recette – sans doute parce que ce genre d’informations attire a priori une frange de la population qui twitte assez peu, n’utilisant son portable que pour appeler ses petits-enfants… L’un des comptes qui en poste s’appelle Pausefun – comment dire… On n’a pas la même notion du fun… 

Même si ce phénomène reste peu encore visible, il participe d’une banalisation du malheur des autres, et cet article n’a pas d’autre but que de le condamner. Recyclant les mêmes âneries nauséabondes d’un titre à l’autre, on souhaiterait juste que ces magazines soient légitimement imprimés sur papier recyclé !