La Seine Musicale
12-13-14 décembre 2025
Que s’est-il réellement passé pendant ce week-end de décembre à la Seine Musicale, le saura-t-on jamais ?
Pour être tout à fait honnête, on redoutait un peu ces 3 dates pour elle : la fatigue des concerts précédents (et leurs voyages concomitants), les maux de l’hiver (sont toujours là quand il ne faut pas)… Deux jours plus tôt elle se montrait rassurante et on la croyait… mais bien malin qui aurait pu prédire le déluge d’énergie qui allait nous tomber dessus, tout en punch et en nuances. C’est bien simple, samedi soir, on était quelques-uns à avouer s’être senti en apesanteur, en état de grâce, que dis-je à évoquer une épiphanie. Diego, son régisseur scène depuis des lustres, lui a tout simplement dit que c’était son meilleur show depuis qu’il travaille avec elle. Au 6e rang, pile face à elle, la phrase qui venait à l’esprit était “J’ai un sourire dans tout mon corps” (in Si je danse pour toi). Pourquoi ce soir-là, après bientôt 50 ans de concerts en ce qui me concerne ? On imagine un singulier alignement de planètes, d’extraordinaires coïncidences cosmiques ou plus simplement une forme de lâcher prise individuel au milieu d’une foule amoureuse…
Il y a bien sûr ce temps qui passe et passera, qui bonifie et fait de la scène l’endroit où on la voit la plus vivante. Ses émotions aussi, qui ne la lâchent pas et soulignent toujours autant l’intensité des mots : même aux balances quand, par exemple, elle en arrive à “Je n’aime que toi / je t’aime / Je t’aime (in Étrange comédie), tout remonte : elle l’a vécu, l’a écrit et son interprétation ne pourra jamais être légère. Des chansons indissociables d’une vie même si elle évoque de plus en plus souvent en interview ce grand écart, cette schizophrénie entre sa vie sur scène et sa vie au bord de la Seine, pourtant reliées par un puissant lexique.
Nous sommes donc à Boulogne-Billancourt, ville où elle est née, dans une salle de dimension relativement humaine, entre un Olympia et un Palais des Sports, baigné dans un light-show sobre et efficace – avec ce détail fortuit du rideau de perles en fond de scène qui matche celui sur les épaules de sa veste. Le son est bon, l’image aussi. Commençons par la setlist (repêchage bienvenu de titres injustement négligés comme Le désir ou Mi-maître mi-esclave) et la fluidité des enchaînements (choisir les chansons est une chose, savoir les ordonner en est une autre). En l’absence de nouvel album, J’ai eu envie de vous revoir remplit parfaitement son rôle, attirant avec sa sincérité et sa gestuelle en offrande toutes les attentions en début de concert.
Venons-en aux arrangements flamboyants, toujours plus inventifs de tournées en tournées (ah le souffle épique des cuivres dans Étrange comédie…), rediscutés à chaque balance – elles servent aussi à ça. Après le dernier concert (Auxerre), les musiciens se sont retrouvés autour d’elle pour un aftershow en famille, pour parler de la suite mais aussi pour lui redire combien ils l’aiment et aiment jouer pour/avec elle. Un show réussi c’est aussi une histoire d’équipe et celle-ci est bien soudée. Ne pas oublier les techniciens. Ce même dernier soir, ils ont pris congé en défilant un à un devant Véro qui les a tendrement embrassés l’un après l’autre. Ne pas oublier non plus en amont les équipes de Caramba, souvent représentées sur la tournée, et last but not least, Violaine que Véronique a remerciée de la scène. On repense à leurs parents responsabilisant Violaine en lui disant qu’elle devrait toute sa vie prendre soin de sa petite sœur – ce qu’elle fait, et bien.
Dans les détails de ces shows, il y a son élocution parfaite (on comprenait chaque mot de chaque chanson, même dans les couplets particulièrement chargés de Le désir). Et que dire de ses saillies ? “J’ai cru que vous étiez partis” au moindre silence dans la salle, et ce touchant “Je sais pas, j’ai l’impression que vous êtes tous mes amis” lâché le premier soir. Sans oublier ce “Je vous remercie avec tout mon cœur et [pause] toute ma vertu” (avant de se reprendre d’un “C’est n’importe quoi…”). Elle n’est pas “une grande parloteuse” (sic), ne l’a jamais été. Rappelons déjà en 1976 à l’Olympia : “On dit toujours que je dis jamais rien quand je suis sur scène mais je vous adore et j’adore jouer pour vous”. Pour justifier les chansons les moins connues de la setlist, elle a dit chaque soir regretter qu’on jette au public en pâture (mot accentué) les choses qu’ils aiment plutôt que celles qu’ils pourraient aimer. On ne pourra jamais la taxer de facilité : cette fois-ci, elle a même réussi le tour de force (l’outrage ?) de sucrer Amoureuse de la setlist…
Mais la surprise de ces shows se trouvait en lever de rideau (expression de boomer) avec la présence sur scène de Sarenne (19 ans) qui ne souhaite a priori pas faire carrière (re-expression de boomer) dans le métier mais s’est retrouvée jetée dans la fosse aux (gentils) lions (4 000 personnes par soir quand même – pour un baptême, c’est pas mal). Joli timbre de voix qui s’est enhardi au fil du week-end jusqu’à la surprise du dernier soir : Véronique, présente sur le plateau les autres jours pour l’écouter au moment des balances, l’a embauchée avec son père pour un drôle de Bahia. Dans quelle situation imagine-t-on les membres d’une même famille se regarder en chantant publiquement “Et je t’aime / Caresse-moi” ? Sur le plateau, Sarenne intrigue Chris qui reconnaît ce vibrato dans la voix de sa fille : ”It’s creepy! It’s like Véro when she was 25!”. Véronique, elle, veut davantage d’énergie, redouble de rugissements dans ses “Caresse-moi” pour leur montrer la voie/voix, ira même jusqu’à montrer à Sarenne comment bouger debout derrière un micro et éviter l’attitude longiligne d’une Françoise Hardy. Le dernier soir, c'est sur le côté gauche de la scène qu’on les verra reproduire la choré des choristes (avec Julien Hébert et Angélique) sur Bernard’s Song.
On peut bien l’avouer maintenant : grosse déception vis-à-vis des invités à ces 3 shows. Où étaient les Sheller, Souchon, Chamfort, Jonasz, Nagui… ?
Dans ces grandes salles, après le concert, on ne va pas en loge, c’est Véronique qui rejoint les happy few au catering. Bousculade garantie et empathie pour Véronique qui doit sourire et poser auprès de gens qu’elle connaît à peine (une cinquantaine chaque soir), voire pas du tout. Tentative de lister les invités croisés (ou dont on nous a signalé la présence en salle) : Alex Lutz, Laure Calamy, Raphaël Mezrahi, Nicoletta, Daniela Lumbroso, Bernard Cazeneuve, Annie Lemoine, Gérard Pont, Éric Jean-Jean, Philippe Collignon, Fabienne Sintes, Charline Vanhoenacker, François Bernheim, François-Éric Gendron, Daniel Schick, Tony Frank, Thierry Teston (qui aurait bien refait une captation), Bernard Swell, Isabelle Chicot, Christian Meilhan, Franck Bardou et, derrière son objectif, Patrick Carpentier, déjà responsable de la photo à la guitare sur l’affiche. De mon côté, ces 3 soirs ont aussi été vécus pleinement grâce à Baptiste, Christopher et Sofian, et Charlotte. Merci à eux.
Dans ces grandes salles, après le concert, on ne va pas en loge, c’est Véronique qui rejoint les happy few au catering. Bousculade garantie et empathie pour Véronique qui doit sourire et poser auprès de gens qu’elle connaît à peine (une cinquantaine chaque soir), voire pas du tout. Tentative de lister les invités croisés (ou dont on nous a signalé la présence en salle) : Alex Lutz, Laure Calamy, Raphaël Mezrahi, Nicoletta, Daniela Lumbroso, Bernard Cazeneuve, Annie Lemoine, Gérard Pont, Éric Jean-Jean, Philippe Collignon, Fabienne Sintes, Charline Vanhoenacker, François Bernheim, François-Éric Gendron, Daniel Schick, Tony Frank, Thierry Teston (qui aurait bien refait une captation), Bernard Swell, Isabelle Chicot, Christian Meilhan, Franck Bardou et, derrière son objectif, Patrick Carpentier, déjà responsable de la photo à la guitare sur l’affiche. De mon côté, ces 3 soirs ont aussi été vécus pleinement grâce à Baptiste, Christopher et Sofian, et Charlotte. Merci à eux.
Curiosité pour finir : lors des balances à Auxerre, Véronique a eu l’intention de glisser Je me suis tellement manquée entre Ma révérence et Bahia, en a donné une poignante version… mais ne l’a finalement pas jouée pendant le concert.
Laurent Calut
(texte et photos)
(texte et photos)
Les musiciens (de gauche à droite sur scène) :
- Basile Leroux (guitare)
- Dominique Bertram (basse)
- Jean-Baptiste Cortot (batterie)
- François Constantin (percussions)
- Mehdi Benjelloun (chœurs)
- Guillaume Eyango (chœurs)
- Frédéric Gaillardet (claviers)
- Yannick Soccal (saxophone)
- Renaud Gensane (trompette)
- Jules Boittin (trombone)
© John Tapiro
Setlist :
J’ai eu envie de vous revoir
C’est long, c’est court
Mi-maître, mi-esclave
Étrange comédie
Doux dehors, fou dedans
Juste pour toi
Vancouver
Le désir
Le temps est assassin
Chanson sur une drôle de vie
Bernard’s Song (Il n’est de nulle part)
Rien que de l’eauOn m’attend là-bas
Visiteur et voyageur
Ma révérence
Bahia








