• Chris Stills | 2018

Chris Stills,
Steinway & Sons,
Hôtel Le Crillon, Paris
19 juin 2018
   
Un rendez-vous chez le dentiste en fin de journée, pris à un moment où il n’y avait aucun concert annoncé à l’horizon ne pèse plus grand chose quand on vous annonce une fête de la musique (un peu en avance) à la même date… On ira chez le dentiste le mois prochain… 
Nous voici donc arpentant les trottoirs larges et ombragés du boulevard Saint-Germain en direction de Steinway & Sons. Devant la porte, une jeune femme vérifie votre identité sur sa tablette. Les portes s’ouvrent, on fait un petit clin d’œil virtuel au piano blanc sur la gauche pour rejoindre un sémillant duo de playboys : François Bernheim, très en forme côté vannes, et notre Julien Tricard national, également fringuant. À l’extérieur on frise les 30°C, mais ici le champagne est à la bonne température et les petites choses à déguster tout à fait délicieuses. 
La famille s’agrandit avec l’arrivée d’Isabelle, puis de Damien et bien sûr de Titou himself. François demande si on aura la chance de voir la fine fleur de la chanson française”, référence subtile à celle qu’il a vu débuter au sein d’un éphémère trio au nom décourageant toute promesse de carrière (même en 1967). On le rassure, elle est on her (stein)way… 
Derrière nous, non on ne rêve pas, le piano joue tout seul ! Les touches, comme enfoncées par des mains invisibles, jouent de l’Elton John. Pas désagréable du tout.
On vient nous prévenir qu’il est grand temps de se rendre à l’étage, où nous attend un petit buffet et un bon moment d’attente devant le salon où tout devrait se jouer. Salon qui s’ouvre enfin, aussi blanc que le reste du showroom, rideaux tirés comme dans un musée, laissant à peine filtrer l’écrasante lumière parisienne. Le chanteur Christophe est assis dans un coin à gauche. Le Sunburst, objet de toutes les convoitises et raison d’être de cette soirée d’exception, est tout au fond, fier comme un paon, exhibant les belles couleurs de son couvercle. On s’en rapproche. Dans un cours discours, le maître des lieux nous apprend qu’il n’en existe que 69 exemplaires à travers le monde – en l’honneur de l’année 1969 (celle de Woodstock) et pas du tout pour d’autres raisons… 


Chris, qu’on avait quitté s’en grillant une avec son cousin frenchy, apparaît par la porte du fond. À chaque fois, on reste pantois devant son apparente cool attitude. Le trac ne le paralyse pas, il ne tremble même pas. À peine s’il réclamera un verre d’eau après 3 chansons. Un peu d’agitation sur la droite : Véronique et Christian se fraient un passage jusque devant le piano. Chris pose ses mains sur le clavier, commente en direct (“Il sonne bien… J’en veux un, comme vous !”) et attaque avec In love again qu’il habille de nouvelles harmonies vocales et de jolis arpèges jusque dans les toutes dernières notes. Magistral. Julien filme en direct sur Facebook (vidéo ici). L’œil de Véronique, réputé impitoyable surtout par elle-même, se plisse tendrement et un sourire se dessine sur ses lèvres. On ne le jurerait pas mais il semblerait bien qu’elle soit carrément fière ! Pour preuve, elle glisse 2-3 doigts dans sa bouche pour siffler. 

Il enchaîne avec Lonely Nights et When The Pain Lies Down avant de se lever pour brancher sa guitare et jouer In the Meantime. Un petit problème d’ampli (les piles sont en fin de carrière) et le voilà accusant pour de faux Steinway de sabotage, puisqu’il ne jouait plus sur leur instrument à ce moment-là ;-) 


Il retourne au piano en précisant qu’il va avoir besoin de nous pour les chœurs. Toute la salle connaît Bohemian Rapsody et va bientôt s’époumoner avec bonheur. Honnêtement, je pense qu’on a été pas mal sur ce coup-là. Quant à Chris, plusieurs coudées au-dessus de la mêlée, il assure toutes les parties vocales, mais aussi les instruments manquants, sans lâcher le clavier. Final triomphal : il salue debout sur son tabouret ! 
Il ne sera pas facile de lui succéder… On annonce 1/2 heure d’entracte, nécessaire au changement d’ambiance qui s’annonce. Un photographe officiel tourne et mitraille. Chris et Véronique prennent la pose devant la merveille, encadrés par leurs hôtes. Le photographe nous demande de poser avec l’ami François. Faudra qu’on pense à vérifier Gala la semaine prochaine !  


Véronique, Christophe et Christian patientent dans un coin, derrière le tabouret du piano. 


Retour aux affaires : Justyna Chmielowiec prend place au piano, joue ce qui est peut-être du Ravel (?). Véronique est aux premières loges, n’en perd pas une miette. Titou est avec elle, Élodie Frégé à sa gauche. On assiste ensuite à une interview de Christophe et de Justyna Chmielowiec (merci à l’inventeur du copié-collé) par deux journalistes de Rolling Stone. Le chanteur et la pianiste travaillent ensemble depuis 5 ans. Les réponses de Christophe, décalées, jamais premier degré, ne sont pas très éloignées de celles que pourrait faire Véronique. D’ailleurs, elle rit franchement, applaudit. Il se dirige vers le piano à son tour, explique qu’il a des antisèches à défaut de prompteur et rhabille ses Marionnettes en piano solo. Son grain de voix si particulier s’envole, en apesanteur. La chanson sonne maintenant comme un titre de ses derniers albums. 
Hélas, on ne verra pas tout le set : il est déjà temps d’accompagner la troupe Sanson-Stills au Crillon ! Chris commande un van mais, avec son cousin, on préfère marcher. “Marcher ?” répète une Véro incrédule :-)
On prend un peu d’avance, eux en profitent pour faire un p’tit selfie de oufs, posté par Damien le lendemain matin :
© Damien Raclot-Dauriac

N’en déplaise aux anti-Anne Hidalgo primaires, Paris est magnifique en cette fin de journée et traverser la Seine, puis le Jardin des Tuileries, est un enchantement. Julien évoque le biopic, projet aujourd’hui bien avancé..
Changement d’ambiance au bar du Crillon : le bar est bondé, le volume sonore plutôt élevé. On croise Véronique dans le hall. Elle avoue être “très très admirative de ce qu’a fait Titou chez Steinway, et du fait qu’il ait  pensé à mettre le piano en valeur”. 
La sono est en place. Piano, guitare (Olivier Brossard) et batterie (Jean-Baptiste Cortot). Les murs sont magnifiques, les colonnes en marbre, et sur le côté, par la fenêtre, on aperçoit la place de la Concorde baignée dans une lumière de cinéma. Il reste deux petites places face à Chris qui se lance avec One Hundred Year Thing. On ne peut s’empêcher de penser aux (rares) images de CSYN en after après le concert de Wembley 1974. Même ambiance fantasmée…

Il enquille avec l’indispensable reprise de Neil Young, Ohio, puis le magnifique In the Meantime pendant lequel Véronique se tourne vers François Bernheim pour lui chanter les refrains. Elle est encore une fois aux premières loges, spectatrice en mouvement perpétuel dont les mains dessinent dans les airs les accords de guitare ou de piano. À un moment, trouvant que la balance n’est pas bonne, elle se lève pour aller jusqu’à la régie-son sur la gauche, puis fait un signe pour valider le changement. Toujours au taquet !


Lonely Nights vient ensuite, quintessence de ce que Chris peut faire de mieux musicalement, suivi du doux In Love Again. Let’s rock ensuite avec The Revolution ! À la table à droite de celle de Véronique, il y a un monsieur, accompagné de trois dames (à qui il fera livrer à la table un bouquet de 20 roses pour chacune d’entre elle), qui a visiblement fait le plein avant de venir et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, commandant toujours plus à boire. Soudain il se lève, cigare éteint au bec, pour aller se contorsionner près de Véronique, qui ne le calcule pas le moins de monde.
Amusé, on le regarde, mais on préfère suivre Chris sur la Desert Road d’Hellfire Baby Jane, et fustiger avec lui cette femme qui a un Criminal Mind sans oublier son très improbable président (Blame Game). 


Chris annonce ensuite Daddy’s Little Girl. Véronique aurait bien aimé Don’t be Afraid, déjà réclamé chez Steinway sans succès… mais Chris est aussi un Sanson après tout : il suit sa setlist, réservant quand même une surprise pour la fin : Hey Joe (Jimi Hendrix Experience) avec un nouveau guitariste. 
3 minutes après le démarrage du morceau, les lumières se rallument (explosion de joie à notre table) et, dans la foulée, un monsieur en costume marche d’un pas déterminé jusqu’à Alexandre Sap pour lui dire d’arrêter les frais : le Crillon n’avait pas fait rallumer les lumières pour qu’on prenne de meilleures photos et vidéos mais bien pour signifier que le temps imparti au rock’n’roll était dépassé… Alexandre, impavide, demande qu’on attende la fin du titre – Merci à lui ! Le rock’n’roll et les années 70 ont gagné quelques minutes supplémentaires ! Quel final ! Quelle apothéose !


(Photos LC sauf mention) 

Un grand merci à Julien pour ses vidéos (cliquer sur les titres en rouge). Le pop-up du Crillon a été filmé en intégralité par Frédéric Dagneau ici.
 

PS. Rien à voir avec la version chez Steinway, mais il y a un Bohemian Rapsody bien déjanté joué quelques jours plus avant en ligne ici

Dans Point de vue du 25 juillet :

  

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