• Marc Almond / 1995


La chronique fielleuse
Marc Almond - Fantastic Star


publiée en 1995 dans Absolu
Qu'est-il arrivé à Marc Almond ? En apparence, un phénomène assez banal ; à l'aube de la quarantaine, plus soucieux de son image de pop star que de sa crédibilité rock (perdue corps et bien à travers un parcours discographique embrassant trop de genres), il court toujours plus vite après le mirage de l'éternelle jeunesse. A première vue déjà, physiquement, il semble ne plus avoir aucune pièce d'origine…

Mais c'est surtout à l'écoute de ce Fantastic Star que blesse le bât. S'immergeant les yeux clos dans le rock glitter comme dans quelque elixir de jouvence, Marc Almond tente vainement de nous intéresser à son fatras de clichés sous le brillant toc de mélodies indigentes (servies il est vrai par une production digne de ce nom).

De fait, les textes, d'une navrante puérilité, trahissent une immaturité perturbante. Qu'on en juge : « Tu dis que je t'appartiens / Tu dis que je suis ton jouet » (Marc, tu n'es le jouet de personne – sinon de ta libido désaxée !). Et plus loin, « Enfant sauvage de la nuit londonienne […] / Tu es une terre inconnue, inexplorée par l'homme […] / Il est temps de se faire adorer et explorer / Alors viens te faire adorer et explorer » (Et un seau d'eau froide pour Marc Almond, un !)


Bien sûr, la tête en vacances, le corps peut y trouver son compte : tout ceci est très dance et chacun sait qu'il n'y a pas que des bacs + 5 à se trémousser le soir venu… Quand même, les quatre singles déjà extraits e cet album ayant connu outre-Manche un cuisant échec – et ce, en dépit de bons clips ciblés MTV (en particulier Adored and explored dans lequel on le voit se travestir en Bowie-Ziggy, Cure et autres Marc Bolan) – il serait grand temps de raisonner l'ex-Soft Cell : Marc, laisse tomber tes fantasmes de midinette, la nostalgie n'est plus ce qu'elle était. Ne pars plus à la recherche d'un temps définitivement perdu !

D'autant que la voix, toujours aussi souple, nous rend, à notre tour, nostalgiques de ses meilleurs albums, Mother Fist (1986) et The Stars We Are (1988, sur lequel figure un duo méconnu avec la gothique Nico). A sauver tout de même de ce naufrage, Come in Sweet Assassin (tout un programme) et Child Star, jolie ballade comme échappée d'un album sixties.