• Les Communards / Kate Bush / Marc Almond & Bronski Beat1985

Chroniques non parues / 1985



Body Politic (premier nom des Communards) à Paris

Nous autres, au pays de la baguette de pain et du camembert, côté nouveautés rock, on est rarement en avance : à nous les vagues échos des tournées triomphales à l'étranger et les imports hors de prix (les pressages français n'étant disponibles que des mois plus tard), aux autres les previews, exclusivités et consort.
Pour une fois, nous avons fait la nique à bien des gens en accueillant en première mondiale Body Politic, nouveau groupe de Jimmy Somerville (fraîchement splité de Bronski Beat) acoquiné d'un jeune homme plutôt disgracieux (mais pianiste émérite), Richard Coles.
La scène se passait dans ce qu'on appelle pudiquement un « espace au masculin » (dixit le carton d'invitation) et qui n'est autre - oh surprise - qu'une nouvelle boite homo (modèle avoué : le gay tea-dance du dimanche après-midi).
Manifestement chez lui, jimmy, sobrement vêtu d'un polo bleu piqué d'une étiole rouge sur un pantalon clair, le cheveu peroxydé bien peigné, a tout d'abord interprété des reprises camp, très je-veux-être-Judy-Garland-à-la-place-de-Judy-Garland (Sentimental Journey et Summertime), nous foudroyant sans difficulté apparente de ses aigus parfaits et assassins.
Le reste du récital (une dizaine de titres au total) comportait deux morceaux disco dans la lignée Bronski et les deux titres qui composeront leur premier single, à paraître en septembre : Dolorosa, complainte d'inspiration ibérique et You are my World (en unique rappel), très belle love song dont Jimmy a repris le dernier refrain en français (« Tou é mon mondeu »).
Ce mini-concert organisé en dehors des maisons de disques mérite une belle publicité… mais chut ! Jimmy ayant quitté Bronski Beat parce que, enfermé dans un infernal circuit de promo non stop, il ne pouvait se livrer à ses activités militantes politiques comme il le souhaitait et regrettait son anonymat, pas un mot de plus...





Kate Bush – Running up that Hill (maxi 45 T / EMI)

Alors que Madonna s'agitait frénétiquement en tête des charts dans un fracas de quincaillerie bon marché, Kate Bush préparait dans l'ombre son comeback, confortablement installée dans le studio qu'elle a fait aménager chez elle.
Aujourd'hui, sûre d'elle, la main gantée de peau, Kate décoche une première flèche, Running up that Hill, qui la révèle plus que jamais engagée sur les périlleux chemins du perfectionnisme, courageuse et déterminée, entrant directement dans les dix premières places des charts, où elle figure encore.
« If I only could, I'd make a deal with God »… Voix de sirène sur rythmique charge de cavalerie,
Running up that Hill sonne le retour en force du plus délicieux minois britannique. Tendez votre poitrine côté gauche que la flèche ne rate pas son but !
NB. Pourquoi le pressage français un mois après l'anglais ?




Marc Almond / Bronski Beat – I feel love (maxi 45 T / London Records)

Rubrique gay-rock maintenant avec ce duo historique en tête des charts anglais depuis début mai : Marc Almond et Jimmy Sommerville, invertis notoires, reprenant le mégahit de Donna Summer, celle-la même qui refroidit l'an dernier son public homosexuel avec deux-trois lieux communs assassins et bien sentis.
Le seul intérêt de cette version est de nous présenter le mariage de deux voix profondément opposées : l'une répétitive voix de tête contre l'autre, puissante, chaude (ah, ces soupirs !) et imaginative. Ont-ils voulu se venger ?
N.B. Egalement disponible sous la forme d'un 25 cm limited edition (un Cake Mix en face A, un Fruit Mix en face B).