Véronique Sanson | Tours | 2019

3 avril 2019
Dignes, Dingues, Donc…
sur scène à Tours

“J’ai l’impression que cela fait dix ans que je n’ai pas fait de scène.”, “Je ne sais plus ce qu’on fait sur scène, plus rien.” Ces derniers temps, Véronique multipliait en interview ce type de petites phrases, d’une honnêteté renversante mais qui pouvaient semer le doute dans une promo pourtant bien organisée… Homme de peu de foi ! Comme si, depuis le temps, on n’avait toujours pas compris qu’en langage sansonnien, ça voulait dire « Vous allez voir ce que vous allez voir ! » :-)

Les excellentes nouvelles des répétitions (« Ça s’est sublimement bien passé, j’étais verte ! ») sonnent encore en tête alors qu’on descend du TGV en gare de Tours, dans le même train que les médias (presse, radios et une télé) et les attachées de presse. Et pourtant on est encore à mille lieues d’imaginer la merveille de show qui nous attend… Au bout de la soirée, c’est bien simple, on sera à court de superlatifs et on brûlera de lui dire combien on est fier de travailler pour elle…

© Odile Brunet

Dans cette salle tout en longueur, on engage la conversation avec le voisin assis à droite. Chic, il s’agit du journaliste de Libération ! Une petite trentaine d’années… et il n’a encore jamais vu Véronique sur scène. Quelle chance, c’est un sacré baptême du feu qui l’attend. [son interview paraîtra la semaine du Dôme de Paris.]

“Véro ! Véro !” La salle est chaude, ouf ! Le noir se fait pendant que les musiciens s’installent. L’intro de DDD est un peu rallongée, un technicien court poser un micro sur le piano : suspens jusqu’au bout… Et puis la voilà ! Nouvelle veste queue de pie à dos lamé, même sourire irrésistible. Il lui a bien été proposé de raccourcir le show… mais c’était mal connaître l’animal. Sa réponse a fusé, directe : “No way!”. Faire quelque chose à l’économie n’est pas le genre de la maison. Question d’éducation, de tempérament aussi. Son truc, c’est surprendre. Encore et toujours. Je serais même prêt à parier que si un jour elle doit quitter cette Terre (…), ça arrivera au moment où on s’y attendra le moins…

Nous voici donc embarqués pour 2 h 1/2 de show non stop. Autant dire que les 2 000 personnes ici présentes vont en avoir pour leurs deniers. C’est eux qui seront fatigués à la fin, pas elle ! La seule concession à ce qui lui est arrivé l’année dernière, ce sont ces petites bouteilles d’eau à côté du piano : “Je vous préviens, vous allez me voir boire beaucoup d’eau. Rien que de l’eau…”. Une tournée qui pourrait être sponsorisée par Fiji, “une eau qui a le vrai goût de l’eau”, dixit la dame. On retrouvera d’ailleurs une des étiquettes, très jolie, collée sur la veste de Violaine, comme un accès coulisse !

© Odile Brunet

Elle a beau dire entre deux chansons qu’elle est une “mauvaise parleuse”, la salle est carrément sous le charme. On lui dira plus tard les applaudissements au début de certaines chansons, les rires à ses saillies drôlatiques, et autres commentaires : ses Ears l’empêchent souvent d’entendre correctement le son salle. Juste avant Monsieur Dupont, elle improvise quelques mots pour saluer la mémoire de Steve Madaio et saluer le nouveau venu qu’elle a tout de suite adopté, Renaud Gensane, nouveau trompettiste du band. Beaucoup de style. Comme elle le dira plus tard pendant la présentation d’un autre musicien, “il est formidable. De toute façon, ils le sont tous, sinon je ne les aurais pas pris” :-)


© Florence Dubray

Ce qui se dégage de ce premier show 2019 peut se résumer avec un mot qu’on n’associe peut-être pas spontanément à Véronique : maturité. On le risquera d’ailleurs en loge vers minuit (il faut vivre dangereusement), rien que pour entendre sa réaction : “Il serait temps !”. Il s’impose pourtant au fur et à mesure du concert, de façon toujours subtile. C’est une petite nouveauté ici (dans Amoureuse par exemple, qu’on a pourtant entendu 30 000 fois), une légère retenue là. Une mélodie qui prend un nouveau chemin de traverse ici, une harmonie jusqu’ici inédite. Bien sûr elle l’a toujours fait mais ce soir on dirait qu’elle le savoure un peu plus, enhardie par une nouvelle assurance vocale qui lui donne des ailes et le bonheur de faire à peu près ce qu’elle veut. Elle ne force rien, tout semble venir à elle. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas quelques petits “pains” ici ou là. Heureusement d’ailleurs, sinon on s’ennuierait :-) 

Il faut dire qu’au rang des invités, on ne distingue peut-être pas toutes ses mimiques mais on a un son assez proche de celui d’un CD : on entend distinctement chaque instrument et la voix par dessus, dans un mix parfait. Cette “maturité” (toujours teintée de dinguerie, qu’on se rassure), elle la doit peut-être à ce qui lui est arrivé. Un peu comme cette méningite à 16 ans qui lui avait donné envie de faire quelque chose de sa vie, ces quelques mois d’immobilisation forcée ont été le théâtre d’une intériorité accrue. Avant de monter, on doit toujours descendre un peu : la pente n’est jamais douce. Véronique est la preuve éclatante que la passion est plus forte que tout. Comme elle l’a dit sur le plateau du prime avec Stéphane Bern, l’important est de ne pas s’apitoyer sur son sort, de suivre à la lettre tout ce qu’on nous prescrit et de “vivre sa maladie” tout en se projetant vers les jours meilleurs (la scène, en l’occurrence), même si ça fout la trouille. Et ça marche !

© Odile Brunet

Au moment de saluer, elle embrasse chaque musicien un par un. Et, après Bahia, c'est vers les mains tendues des premiers rangs qu’elle tend les siennes. Contact humain. Sens de la gratitude. Les commentaires sur les réseaux et les mails arrivés via le site officiel parlent de son énergie bien sûr, mais aussi de sa bienveillance. Une personne dit même qu’elle lui a « touché l’âme ».

Belle surprise perso après le show : deux personnes jamais rencontrées avant viennent me parler des Années américaines ! Regrets de ne pas partager ces moments avec le néo-Mexicain… L’attente est longue en coulisse, mais on est en bonne compagnie : Violaine, mais aussi des copains de Véronique. Les musiciens partent vite. On laisse la priorité à Steven Bellery de RTL et à son équipe : ils devront monter leur sujet tout de suite après l’interview pour une diffusion dans quelques heures.  Dans sa loge, en pull bleu électrique, Véronique n’est pas pressée de partir. Son énergie, elle nous la transmet encore. Le chemin du sommeil sera long à trouver… Elle, elle va rouler de nuit jusqu’à l’étape suivante. Difficile de “redescendre” après avoir (donné et) reçu autant

© Christian Meilhan

> Vidéo de son entrée sur scène avec la fameuse veste rouge à brandebourgs ici

ps. Il faut le dire : ça fait vraiment du bien de voir refleurir partout de nouvelles photos et vidéos de scène !

“Vivement Dimanche” | 20 mars 2019

20 mars 2019
Enregistrement
“Vivement Dimanche”

Un mercredi ensoleillé, milieu d’après-midi. Direction Studio Gabriel en sortant du métro place de la Concorde. On repense à un temps que les moins de… ne peuvent pas connaître. Même endroit (ou presque), même inoxydable présentateur. C’était en 1983, Véronique chantait Le temps est assassin dans un décor qui n’était pas au même niveau que celui des musiciens. Drucker s’impatientait pendant les répétitions, pestant contre l’entourage de l’artiste, nombreux mais inefficace puisqu’elle était en retard sur le plateau… Le temps est peut-être assassin – sûrement même – mais en réalité, il existe à peine. Plus de trente ans ont passé, et je me dis que j’ai de la chance : toujours là, sans rôle bien défini sinon celui de témoin. À Catherine Battner qui s’inquiète de savoir si Véronique m’a vu depuis mon arrivée dans le couloir des loges, je m’entends répondre que parfois je souhaiterais être parfaitement invisible. Ce qui compte, c’est d’être là : Véronique va chanter en public pour la première fois depuis les annonces de l’automne dernier, et pour la première fois sur un plateau télé depuis près de 2 ans. Mais bon, c’est tout de même cool d’être visible aussi, d’être là avec l’équipe – nombreuse aujourd’hui encore. Cette fois-ci, Michel Drucker ne se plaindra pas : Véronique est à l’heure et, dans sa loge après le tournage, il serrera la main de tout le monde.

© Olivier Mulin

Pour le quart d’heure, Isabelle cherche une petite bouteille d’eau qui pourrait être déposée à côté du piano et dont on aura préalablement retiré l’étiquette au cas où elle apparaîtrait à l’écran. Elle connaît pas mal de monde : lorsque Sabine Azéma passera devant la loge, celle-ci ne manquera pas de la reconnaître et de la saluer. Les garçons sont là aussi : le coiffeur, le maquilleur (que Véronique a connu tout petit dans les bras de sa maman) et il y a Olivier, le « styliste fou ». « Un amour du monde » dit de lui Véro – et elle n’a pas tort. Il est venu avec des petites vestes, des boots de couleur et une foultitude d’accessoires, dont cette broche en forme d’arête de poisson immédiatement adoptée et piquée au revers de la veste qu’elle portera ce soir. Il montre sur son portable les photos de Véro avec ses dernières trouvailles à lui. Un joli mannequin notre Véro ! Le problème est que chacun donne son avis… Savoir faire le tri dans ce qu’on entend à ce moment-là fait partie intégrante du job de styliste. Les attachées de presse règlent les derniers détails avec l’ingénieur du son et le régisseur de Véronique, tout en gardant un œil sur le temps qui passe et passera. « Elle est en plateau juste après l’interview de la mère de Poelvoorde, et après Stéphane Bern. Ils installeront le piano à ce moment-là. » On le sait depuis le début, sa répétition sera publique – ce qui ajoute encore une louche de trac à celui qu’on a déjà pour elle. 


Descente dans 5 minutes. Jean-Marc lui installe ses Ears avant qu’elle enfile sa veste. Sauf que quand Michel Drucker la rejoindra sur le plateau pour deux-trois questions de rigueur, au départ elle ne l’entendra pas… Pas dramatique, on coupera et on recommencera les applaus. La magie du différé…

Véronique sort maintenant de sa loge. Lente procession jusqu’au plateau. Elle est accueillie au bas des marches par des visages qu’elle connaît comme celui de ce grand type, cheveux poivre et sel retenus par une queue de cheval, qui la conduira au piano et, passant juste devant moi pour la rejoindre à la fin de la chanson, lâchera un « Elle est géniale… » comme s’il se parlait à lui-même. 

© Guillaume Gaffiot / Bestimage

Toute l’équipe part en régie. Je préfère rester dans un coin du plateau, derrière le public. La voir et l’entendre pour de vrai, pas à travers un écran. Sur le canapé rouge, Michel Drucker se concentre, Stéphane Bern à sa gauche et Benoit Poelvoorde à sa droite. Ovation pour l’entrée de Véronique. Elle s’assoit au piano et se lance. Belle surprise : la voix est libre, pour reprendre l’excellent titre de Sud Ouest. Comme avant. Véronique a travaillé au piano jusque tard dans la nuit et a trouvé un nouveau petit pont pas mal du tout à la fin du premier refrain, mais ne s’est peut-être pas encore habituée à le raccrocher avec le début du deuxième couplet. « Je peux la refaire ? » demande-t-elle humblement. Bien sûr qu’elle peut ! Même si elle était filmée, il s’agissait d’une répétition ! Elle reprend donc le titre du début. On se dit in petto que ce Je me suis tellement manquée doit drôlement plomber l’ambiance d’une émission dont l’invité est Benoit Poelvoorde mais que nenni : le public, un public tranquille d’après-midi de semaine, est recueilli, très à l’écoute jusqu’à la toute fin du titre où il laissera exploser sa joie d’assister à ce “retour de la revanche”. La prise est bonne, mais on la refait quand même. Classique. La voix de Véronique est chauffée, elle est rassurée et peut dégainer de beaux sourires sur l’intro. La troisième version sera sans doute celle diffusée, avec sa petite variante vers la fin, une phrase marmonnée en lieu et place de “S’il me reste un sanglot”. L’émotion, indubitablement.

Très entourée et rassurée à sa sortie – même si elle sait très bien la qualité de ce qu’elle a donné, elle rate, dos à l’écran, les réactions des invités sur le canapé rouge après son passage. On lui racontera. Retour dans sa loge où il fait bon discuter, essayer encore une veste, recevoir Benoit Poelvoorde et d’autres. Une jeune femme de l’équipe de l’émission tente bien de nous expliquer qu’elle va bientôt avoir besoin de la loge pour un autre artiste, elle devra s’y reprendre à plusieurs fois :-) Véronique s’en éclipsera un instant juste parce qu’elle tient à aller saluer le dessinateur de l’émission, qui lui a offert les originaux montrés à l’écran. Chemin faisant, elle posera avec Vanina, une amie de Michel Drucker.

© Christian Meilhan

À son retour, y a pas doute faut qu’on s’en aille… Sortie vers la droite d’abord. En haut des escaliers, on aperçoit une foule qui l’attend de pied ferme. Un caméraman déboule avec Élisabeth Buffet, dont l’affiche apparaît sur le mur derrière elle. Il vont filmer un petit teaser pour l’émission et le caméraman la voudrait très souriante. Véronique se lève spontanément : « Tu veux que je te fasse rire ? », avant de lever ses deux bras à la verticale comme elle le fait sur scène, sa célèbre grimace à l’appui. Rires. Photos. Filmage. C’est dans la boite !


Finalement la sortie s’effectuera par la gauche, la voiture attend derrière le parking. Le petit groupe au dehors a très bien compris notre manège. On ne la leur fait pas : ils rappliquent aussi sec. Une fois dehors, il reste quelques minutes d’attente avant l’arrivée de la voiture. Au milieu des chasseurs d’autographe, on repère un appareil professionnel et, instinctivement, on protège Véronique en se mettant pile entre elle et le paparazzo. Sauf que, à la vue des mains tendues à travers les grilles avec photos et livres, elle n’écoute que son cœur et s’avance en souriant pour signer tout ce qu’on lui tend. On la reconnait bien là et c’est aussi pour ça qu’on l’aime. La voiture est là, la grille s’ouvre. Encore quelques photos et elle monte à l’arrière.. Le lendemain matin, on découvrira dans Gala en ligne des photos prises lors de son arrivée, dont celle-ci parue dans Closer :