• Véronique Sanson | 2015


Yerres, 6 octobre 2015
Poissy, 7 octobre 2015
Palais des Sports, Paris,
9 et 10 octobre 2015
 
Comme l’a écrit Mathieu Rosaz sur Facebook le lendemain du premier soir au Palais des Sports, “L’une des forces de Véronique Sanson est de se réinventer, se recréer sans cesse. […] En tout cas, impossible pour moi de me lasser d’elle.” Pas mieux ! Alors, on reprend la plume, inlassablement, cette fois-ci à propos des premiers concerts de la saison 2 des “Années américaines”, quatre concerts vus la même semaine, dont ce Palais des Sports que l’on rêvait, que l’on voulait capté pour l’éternité. Ça aurait eu de la gueule sur une pochette de CD ou de DVD, clin d’œil à 1978, à 1981, à 1996, à 1998… mais les caméras n’étaient pas là et les anonymes qui filmaient avec les moyens du bord ont eu bien raison, même s’ils couraient de grands risques – du moins avant que n’arrive Drôle de vie et son embouteillage en bord de scène qui permettait de sortir un appareil photo ou une caméra dans une relative clandestinité…




Yerres, première date, fut le théâtre des surprises. On savait vaguement que deux titres devaient entrer dans la setlist, que deux autres la quittaient – brillamment défendus lors de la saison 1 mais qui n’avaient manifestement pas rempli leur contrat (“Pour Harmonies, il faudrait des chœurs plus nombreux, on n’est que trois.”), mais on ne savait pas tout… Et elle nous étonnera toujours…



Christopher a ouvert le bal dans cette petite salle trop confortable, tee-shirt fétiche gris zébré de rose (qu’il arborera dès lors chaque soir sur scène) : cinq titres bien choisis, échantillon idéal de ce qu’il sait faire sur scène, avec une info en scoop, la sortie de son mini-LP en version CD sous le titre Calling the underground. OK Titou, mais quand ?
Image marquante de ce premier soir : Véronique sautant de son tabouret à la fin de Vancouver, et lâchant un “Ah je revis…” libérateur. Tout est dit. Cette fille a besoin de la scène pour vivre, qu’on se le dise et qu’on lui donne des théâtres et des Zéniths jusqu’à son dernier souffle !
La première surprise est donc cette Étrange comédie, appelée de tous nos vœux depuis belle lurette et qui rejoint enfin une setlist à laquelle elle aurait toujours dû appartenir. Mon voisin, véronicologue mexicain d’adoption, n’y tient pas, qui fond en larmes sur les premières notes… 25 ans qu’il rêvait de réentendre ce constat lucide et sans fioritures d’un exil volontaire. La version 2015, à la belle voix orageuse, nous transporte instantanément quelques années en arrière. La trompette bouchée de Steve Madaio est une formidable trouvaille, et ces “rien n’a changé” rageurs nous plaisent beaucoup. On se renverse sur son siège de bonheur, repérés de la scène par un Mehdi complice.
La deuxième surprise (le retour de Devine-moi, chanson vénérée depuis sa sortie) dépasse nos espérances les plus folles et lorsque le tempo ralentit – le temps de présenter les musiciens – le feu savamment entretenu par la voix de Titou (“Devine, devine, devine”), on ne regrette déjà plus Tu sais que je t’aime bien – sauf peut-être pour la flûte traversière de Yannick Soccal ?
Quant à Sad Limousine, là on s’incline. OK, patronne, tu nous as eus ! L’arranger en un duo avec Christopher est la meilleure idée du monde ! Il apporte joliment sa touche américano-contemporaine à une chanson écrite quand il n’avait pas 2 ans. À partir de Poissy, Véronique dira son étonnement de pouvoir chanter une chanson aussi triste avec, à la guitare, le fils du “salaud” dont il est un peu question dans le texte. De l’importance de savoir accorder son pardon…



Le concert passe comme dans un rêve, à une vitesse de folie. Tout est impeccablement en place et une fois de plus, dans ce genre de petites salles, le décalage entre l’énergie, la qualité et les moyens déployés sur scène et le petit comité de personnes que peut contenir la salle force l’admiration. On ne joue pas au rabais ici ni nulle part ailleurs, on donne tout comme s’il y avait 3 500 personnes – ce qui arrivera quelques jours plus tard.
En coulisses, après le concert, les musiciens parlent encore de la setlist. Ne faudrait-il pas intervertir Drôle de vie et Devine-moi ? Ça se discute… 

Véronique reçoit dans sa loge le maire d’Yerres (et son épouse), un certain Dupont-Aignan qu’on connaît pour ses affiches atrocement populistes et qui ressort avec notre livre sous le bras… Du coup, on ne dira rien.

 Véronique, Marc Kraftchick et Sonia, une amie. © L. Calut



En arrivant à Poissy, une habitante indique le chemin et annonce : “Vous verrez, c’est très laid.” De fait, la place est nue et le théâtre ne déparerait pas sur une vieille carte postale soviétique. À l’intérieur, c’est autre chose. Un balcon bordé de loges, une scène toute petite et des murs trop clairs, sans aucune trace de déco. La fantaisie, absente du bâtiment, il faudra la chercher sur scène, ce qui devrait pouvoir se faire…
En première partie, Titou raconte qu’il n’a jamais joué aussi près de là où il a été élevé (Orgeval). La salle lui est acquise. On repère une fille qui siffle, deux doigts dans la bouche.
Après son dernier titre, les lumières se rallument et on décide d’aller saluer la jeune femme qui s’occupe du “merch”. Curieusement, on n’entend aucune annonce d’entracte et d’ailleurs, il n’y a pas l’ombre d’une buvette à l’horizon… Lorsqu’on retourne dans la salle, personne n’a bougé ! Il en sera ainsi pendant 20 minutes, si bien que lorsque le noir se fera, une voix
– vite conspuée – s’élèvera : “Bravo pour le respect du public”. On ne sait à qui la faute mais le malentendu est vite oublié quand tous les regards convergent sur le sourire de Véronique. Ce soir encore, sa bonne humeur est très contagieuse et elle réussira le tour de force de faire se lever la majeure partie de la salle – dont des premiers rangs pas tout à fait dans la fleur de l’âge, il faut bien le dire. 
On a changé de place, installés au balcon à gauche tels les deux vieux du Muppet Show. Un commentaire ? ;-) Christian nous rejoint vers la fin du concert, c’est une place qu’il affectionne, d’où il peut shooter tranquillement.
À noter, Titou ne quitte plus la scène après Devine-moi et se joint même à Mehdi et Guillaume sur la choré de Vole vole vole. Gros succès auprès des filles à leurs pieds !
Merci au maire de la ville pour son enthousiasme sur facebook et on est désolé d’avoir raté en coulisses Catherine Lara et sa compagne, reparties bien vite.

https://www.facebook.com/karlolivepoissy/videos/498213287023359/


 

Le Palais des Sports après Poissy, c’est un peu comme regarder un film au cinéma en dolby surround après l’avoir vu sur son iPad ! La scène est tellement vaste… les jeux de lumières vont enfin se déployer tels qu’ils ont été conçus à l’origine et l’artiste va pouvoir gambader à son aise. À Poissy, elle devait slalomer entre les musiciens dès qu’elle quittait son piano, tous au même étage – ni podiums, ni miroirs, ni écrans ronds… 
Émotion en retrouvant cette salle, on se revoit au même endroit en juin 78, descendant les allées les bras chargés de programmes. Ce soir, continuité de mon histoire avec Véronique, c’est un programme que j’ai maquetté qui est proposé à la vente… Sourire intérieur.
Télescopage pas tout à fait anodin : les écrans de pub (qui n’existaient pas en 1978…) diffusent la bande annonce de Résiste ! 
Christopher a laissé tomber 100 year thing, il attaque directement avec le groupe et retrouve sur Calling the underground (qu’il chante pour la première fois depuis le début de cette tournée) les Dove and Wolf, deux jeunes choristes qui étaient avec lui au showcase de fin 2014. Il dialogue avec le public, essuie un “On attend ta mère” rigolard lancé du fond de la salle et repart en ayant remporté un joli triomphe.
Entracte, l’occasion de saluer ceux qui ont fait des kilomètres pour être de la fête, et enfin, le concert commence… par un problème de micro au piano lorsque Véronique s’y assoit juste après l’intro a cappella. C’est un signe : fallait vraiment pas filmer ce soir !
Juste derrière nous, une femme en débardeur,
debout les bras en l’air, hurlant à pleins poumons : Romane Bohringer, qui se rassoit en commentant à voix haute “Ça y est, ça m’reprend” !


D’emblée, Véronique tord le cou à tous les Closer, PurePeople et autres vendeurs de malheur en ligne : “Bienvenue dans mes années américaines, qui étaient quand même très rigolotes”. La voix est au top et à partir de Drôle de vie, le Palais des Sports, déjà debout pour deux standing ovations soulignant l'importance du Maudit et de Je me suis tellement manquée, ne retrouvera plus la station assise. De temps en temps, on se retourne pour regarder ça d’en bas. Archi-impressionnant.
Après le show, réception en coulisses : open bar derrière la scène ! L’occasion de retrouver – entre autres – “notre” photographe, Patrick Goldschmidt, les musiciens,
la famille tout en attendant son tour pour aller féliciter Véronique dans sa loge, à l’accès barré par deux men in black. On en ressort pratiquement les derniers, comme d’hab. Avant de partir, Titou raconte encore la tête qu’il avait faite en découvrant ses musiciens lorgnant la fille en maillot de bains sur la couverture du livre (qu’il avait emporté avec lui en tournée aux États-Unis) : “Hey! That’s my mum!” 


Le lendemain soir, rebelote. Sur le trottoir, devant les impressionnantes affiches du show, on voit passer Catherine Lachens, son improbable brushing et son petit bouquet de fleurs. Derrière nous, au comptoir des invitations, une femme donne son nom à haute voix mais ses yeux lui servent partout de passeport : Julie Piétri. Derrière elle encore, Valérie Kapriski. Une soirée people ! Dans la salle, Marc Kraftchick arbore cette fois chemise, cravate et veste de costume, parce qu’à Yerres, il était en salopette et que Véro lui a demandé jusqu’à quand il allait s’habiller en clochard ! ;-)
Même scénario que la veille, le Palais des Sports se lève comme un seul homme à partir de Drôle de vie pour ne plus se rasseoir. Ma voisine de gauche, qui gigote beaucoup, me reproche gentiment de ne pas applaudir pour faire revenir Véronique pour le premier rappel (malgré son génial “Ne partez pas, c’est juste un peu de mise en scène, on revient tout de suite”). 

“Vous n’étiez pas là en 1981, moi si”, lance-t-elle. Eh si ma petite dame… ;-) 
À ma droite, un joli garçon en pince ouvertement pour Yannick Soccal. On ne résiste pas au plaisir de le faire bisquer… il demande qu’on lui fasse une bise de sa part. S’il lit ces lignes, qu’il sache que ce fût fait !
En coulisses justement, ce n’est pas tout à fait le même refrain que la veille : les techniciens démontant la scène, les invités patientent dans un long couloir qui aboutit à la loge de Véronique et sur le mur duquel figurent quelques affiches encadrées, dont celle du “Comme ils l’imaginent” de 1995. Certains comprennent que l’attente va être longue et préfèrent décamper. D’autres attendent sagement leur tour comme Julie Piétri qui postera plus tard un très joli mot sur sa page Facebook. On claque la bise à Mireille Dumas qui remarque que Véronique, campée sur ses deux jambes, lui fait penser à ces sportifs qui canalisent leur énergie avec un haka avant le match. Violaine fera sortir sa sœur de sa loge pour embrasser de tout-petits cousins. Les V se rappellent en chœur qu’elles étaient toutes les deux amoureuses de leur père “Il ressemblait à un acteur américain, James Coburn, mais vous ne devez pas savoir qui c’est” s’amuse Véronique. Quelques photos souvenirs avec les uns et les autres plus loin, on retrouve de sympathiques irréductibles pour quelques derniers éclats de rire à la sortie des artistes. “Qu’est-ce qu’on va faire de nos vies une fois que cette tournée sera terminée ?” s’interroge, faussement inquiète, l’une d’entre eux. On ne sait quoi lui répondre…


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