9 octobre 2015
Warner, maison de disque historique de Véronique, sort aujourd’hui un digipack 3 CD contenant l’enregistrement totalement inédit à ce jour de son récital à l’Olympia 1975 (du 11 au 16 février – l’enregistrement ayant été réalisé le premier soir). La question qu’on peut légitimement se poser est : mais pourquoi diantre seulement aujourd’hui ?
On peut imaginer qu’en 1975 la sortie d’un album live ait pu paraître prématurée. L’Olympia suivant (février 1976) a, lui, bien été matérialisé sous la forme de son premier album “live”. Le succès de l’album Vancouver (sorti entre temps) et la qualité des arrangements pour la scène des titres des 4 premiers albums justifiait alors pleinement cette sortie. Mais, du coup, l’enregistrement de 1975 tombait aux oubliettes, uniquement et fort heureusement repéré par mon camarade Yann Morvan en 2008 dans sa préparation de l’intégrale – dont il fut le grand architecte. On pensait alors que les bandes correspondaient à des pistes séparées et qu’il faudrait un coûteux travail de studio préalable avant de pouvoir les écouter. Que nenni ! Fin 2014, une fois l’information dûment glissée dans l’oreille des responsables chez Warner, nous parvenait la réponse suivante : les bandes existaient toujours bel et bien, elles étaient en bon état, la numérisation était même déjà lancée !
Et de tomber bientôt en pâmoison à l’écoute de ce véritable trésor caché, enregistrement brut avant mixage… Hélas, trois fois hélas, il était trop tard (à cause des éternelles démarches juridiques) pour l’inclure dans le double CD Best Of prévu pour février 2015… C’est donc après toutes ces péripéties, un peu plus de 40 ans après son enregistrement, qu’on peut enfin savourer la chose !
Même si circule déjà sous le manteau l’enregistrement québécois du Jardin des Étoiles (show du 8 avril de la même année, son et image), cet Olympia 1975 méritait grandement sa place dans la discographie officielle de Véronique.
Février 1975 correspond à sa première semaine en vedette boulevard des Capucines. Elle n’y a joué qu’à deux reprises quelques mois auparavant, lors des fameux Musicoramas des 7 et 9 octobre 1974* – le second ayant été ajouté à la hâte pour cause de triomphe du premier. Et si certains avaient pu prendre leur billet à cause de la présence sur scène de Steve Stills, cette fois-ci, il n’en est rien. Et d’ailleurs Véronique – qui va bientôt claironner partout qu’elle entend bien se réinstaller en France – est accompagnée de musiciens français (à l’exception de Donnie Dacus) et de l’orchestre de l’Olympia, dirigé par Michel Bernhoc (à qui il faudra bien un jour consacrer une page Internet tant on trouve peu d’informations en ligne sur le grand musicien qu’il était).
■ Cent fois ouvre le bal, rare version en direct – on n'en connaît pas tant que ça – avec les cordes, précises, planquées sous les riffs de guitare avant l’arrivée des cuivres sur la fin du morceau.
La voix est assurée, agile, sans l’innocence aérienne des premières scènes. Les neiges du Colorado, éternel hiver, sont passées par là. Les désillusions, la lucidité aussi… L’énergie est bien là et Véronique est peut-être une des très rares artistes musiciennes qui, lorsqu’elle lance une note, donne l’impression qu’elle ne sait pas elle-même encore où elle va se poser ni quel chemin elle va suivre. Elle semble s’adapter à ce qu'elle entend sortir d’elle, monte, redescend, improvise, réinvente chaque soir ses chansons sur scène. Et c’est toujours vrai en 2015.
■ On guette les petits “plantages” et autres inversions dans les textes, parfois signifiants, toujours inventifs – elle a toujours su remplacer au mieux le mot manquant au niveau de sa sonorité. Ils seront nombreux ce soir-là. Premier repéré : “Son destin va garder mon chemin” dans Comme je l’imagine. S’il était sorti à l’époque, cet enregistrement aurait peut-être subi quelques retouches. Dieu merci, ici, il n’en est rien…
■ Le 3e titre est une surprise : King Kong ! Peut-être sa dernière apparition en public – la première datant sans doute des concerts québécois de 1973. À l’évidence, un titre en forme d’exercice de style et qui fut peut-être un jeu-défi (“Tu vas voir, Michel, je suis capable d’écrire une chanson avec des rimes en -ing et en -ong !”) qui trouve ici sa place et son rythme, plus pop que brésilien.
■ La version d’Amoureuse – pas encore alors le classique aujourd’hui sanctionné par d’innombrables reprises plus ou moins justes dans les télé-crochets, mais déjà suffisamment rodé pour y entendre de belles audaces, des chemins buissonniers contournant la mélodie originale comme cet “Et elle me force à parler son langage”, tellement sansonnien et ce “non non" posé très haut après un “Je ne suis plus d’ici” suffisamment proche de la fin pour qu’elle ne le double pas d’une remontée dans les aigus sur le dernier mot de la chanson comme il lui arrivait de le faire à l’époque, et qui aurait forcément sonné redondante.
■ Belle intro au piano sur Christopher avant que les cordes glissent, ténébreuses, derrière la voix de Véronique qui va bientôt s’envoler, suivre cette mélodie sinueuse. Elles prennent ensuite le dessus, en écho avec celles de Cent fois.
■ Ce n’est pas encore le piège de 2011 mais un vent de nouveauté souffle déjà sur l’intro de Bahia, salué par des applaudissements. Le bonus de ce titre est particulièrement attendrissant : la voix de Véronique musardant sur le solo de guitare, l'air de rien, avec tellement de charme. “Comme c’est agréable d’entendre chanter juste avec une telle décontraction” aurait apprécié Denise Glaser.
■ Sur Une nuit sur son épaule, on entend déjà le pas de géant fait par rapport aux arrangements de 1972, même si les musiciens jouent un peu en retenue au regard de ce que la voix de Véronique exigerait réellement d’eux. Du coup, avec cette belle énergie qui arrive sur le tard, le morceau apparaît presque trop court mais on devine que les versions live qui vont suivre seront plutôt musclées.
■ Mais voilà que s’avance une autre perle, Dis-lui de revenir (l’ordre de ce tracklist est décidément déroutant) avec son couplet doublé et surtout ce “Je l’attendrai” étiré comme il faut et qui entraîne de jolies variations – sans oublier quelques harmonies sur la dernière syllabe du dernier mot (“maison”).
Pourquoi n’a-t-elle jamais réutilisé ces trouvailles – ne serait-ce que l’année suivante ? That is ze question.
■ Alia Soûza est indiscutablement le hit de l’époque, probablement le titre qu’attendent ceux qui, parmi le public, ne sont pas forcément fans. Véronique pianote pour brouiller les pistes, avant de frapper l’intro killer. On pourra regretter le manque d’inspiration et de fantaisie du pont à la guitare, mais on se régale des ad libs et aussi de ces petites ponctuations avant les deux derniers couplets, à l’effet presque comique !
■ Ah Pour qui et cette fin instrumentale qui sera doublée quelques années plus tard et qu’elle amorce ici à la voix… Un véritable condensé d’énergie sansonienne. Comme dans la version studio originale, la “chaleur” le dispute à la “douceur” quand il s’agit de “mes cheveux”. ;-)
■ Redoutable a valeur de véritable document puisqu’il s’agit ici d’une version enregistrée seulement 3 nuits après son accouchement (le titre n’est même pas déposé à la Sacem). C’est un peu comme si on était dans le salon de la maison d’Orgeval et qu’elle voulait absolument nous faire entendre ce qu’elle vient tout juste de composer. Précieux… et triste.
■ Vient ensuite C’est le moment et ses aigus… redoutables. On est très proche de la version studio originale, à un emportement près (“Ou bien la mer de Jasmin”) et surtout avec beaucoup plus de mélancolie dans la voix. Magnifique.
■ Vert, vert, vert, chanson au format si court, piano et cordes (et sa petite harmonie vocale ajoutée vers la fin), remonte le cours de l’histoire. “Et devant moi celui que j’aime / Mais tout est trop calme” : ces mots, annonciateurs du départ brutal vers les États-Unis un peu plus de deux ans auparavant, résonnent ici d’un éclat particulier. Surtout après le “Et je reste calme / Parce que c’est important” du titre précédent.
■ Retour aux titres “américains” avec Véronique. Amer constat et aveux en demi-teinte, “So I just sing / Stoned again”, qui génèrent des applaudissements. Sa lucidité l’inspire et elle attaque le dernier couplet dans les aigus, tout en douceur. Virtuose.
■ Véronique a presque l’accent québécois lorsqu’elle annonce le titre suivant, When we’re together. Belle interprétation et un “When I wanna hold your body” qui deviendra “…your hand” lors de l’enregistrement studio pour l’album Vancouver. Une chanson qui n’a pas encore trouvé sa chute, très sansonienne encore dans cet enregistrement.
■ Explicitement dédié au fiancé abandonné (à qui elle a juste voulu reparler, rien qu’à lui), Ma musique s’en va, pièce maîtresse du Maudit, atteint ici la perfection. Voix dont chaque intonation souligne la difficulté de l’aveu (il y a un “je t’aime” quasi inaudible, dans le souffle) avant de se reprendre, combative, au-dessus des cordes mélancoliques à souhait. Un bijou.
■ L’histoire continue avec Toute seule, ombre et lumière entre les couplets et les refrains. Véronique force sa voix (pas toujours pour le meilleur, on est obligé de le reconnaître) mais on peut louer sa fougue, l’énergie de ses (presque) 26 ans et la liberté qu’elle met à dépoussiérer un titre qui lui rappelle ses états d’âme d’avant son mariage avec Stills et sa vie américaine.
■ Le sort est bien injuste de nous faire découvrir la version 1975 de Mariavah alors qu’on connaît déjà celle, si incroyable, de 1976… Il faut essayer de l'écouter en la replaçant dans l’ordre chronologique, après sa version live de 1972. On imagine Véronique se levant, passant une guitare sur ses épaules, et le regretté Alain Salvati rejoindre le piano auquel il va imposer un rythme infernal de montées et de descentes de gamme. Ici, pas encore de choriste avec qui rivaliser d’improvisation comme l’année suivante, mais un pont suffisamment endiablé pour susciter des applaudissements pendant la chanson.
■ Besoin de personne déboule, à des années-lumière de sa version studio, américanisé, rythmiquement plus marqué, avec, à un moment donné, ce que l’on peut prendre pour un couplet instrumental (une bonne idée) avant de réaliser qu’elle a juste laissé passer quelques mesures. Rythm’n’blues !
■ Que dire du Maudit ? C’est en entendant ce type d’exploit que l’on regrette de ne pas avoir été dans la salle ce soir-là… La progression des couplets qui accompagne celui qui marche sans savoir réellement où il va, les “Ta douleur efface ta faute” entre feulements et cris de rage, les cordes toujours là quand il faut… Un sans faute ? Ce s’rait pas drôle, alors il y a juste un p’tit pain dans le texte au début du 3e couplet ;-)
■ Probablement mieux placée dans la setlist qu’en 2015, Un peu plus de noir, parfaitement électrique dans ses refrains, a ici ici toute sa place.
■ “Ils sont bien mes musiciens, hein ?” Leur présentation est un modèle de sobriété. Tout doit passer dans les sourires et dans les regards… Quel dommage de ne pas avoir les images.
■ Cet enregistrement se clôt donc sur Bouddha, guitares et cuivres, mélange de toutes les influences qui font la musique de Véronique. On ne sait pas s’il s’agit d’un rappel (il manque peut-être On m’attend là-bas).
À noter : le double LP vinyle, dont la photo de couverture est celle du programme vendu à l’époque, sera disponible le 13 novembre.
* Ces Musicorama ont fait l’objet d’un enregistrement et d’une diffusion sur Europe 1 le 12 octobre 1974, mais il semble qu’il n’y en ait plus aucune trace dans leurs archives…
Et de tomber bientôt en pâmoison à l’écoute de ce véritable trésor caché, enregistrement brut avant mixage… Hélas, trois fois hélas, il était trop tard (à cause des éternelles démarches juridiques) pour l’inclure dans le double CD Best Of prévu pour février 2015… C’est donc après toutes ces péripéties, un peu plus de 40 ans après son enregistrement, qu’on peut enfin savourer la chose !
Même si circule déjà sous le manteau l’enregistrement québécois du Jardin des Étoiles (show du 8 avril de la même année, son et image), cet Olympia 1975 méritait grandement sa place dans la discographie officielle de Véronique.
Février 1975 correspond à sa première semaine en vedette boulevard des Capucines. Elle n’y a joué qu’à deux reprises quelques mois auparavant, lors des fameux Musicoramas des 7 et 9 octobre 1974* – le second ayant été ajouté à la hâte pour cause de triomphe du premier. Et si certains avaient pu prendre leur billet à cause de la présence sur scène de Steve Stills, cette fois-ci, il n’en est rien. Et d’ailleurs Véronique – qui va bientôt claironner partout qu’elle entend bien se réinstaller en France – est accompagnée de musiciens français (à l’exception de Donnie Dacus) et de l’orchestre de l’Olympia, dirigé par Michel Bernhoc (à qui il faudra bien un jour consacrer une page Internet tant on trouve peu d’informations en ligne sur le grand musicien qu’il était).
■ Cent fois ouvre le bal, rare version en direct – on n'en connaît pas tant que ça – avec les cordes, précises, planquées sous les riffs de guitare avant l’arrivée des cuivres sur la fin du morceau.
La voix est assurée, agile, sans l’innocence aérienne des premières scènes. Les neiges du Colorado, éternel hiver, sont passées par là. Les désillusions, la lucidité aussi… L’énergie est bien là et Véronique est peut-être une des très rares artistes musiciennes qui, lorsqu’elle lance une note, donne l’impression qu’elle ne sait pas elle-même encore où elle va se poser ni quel chemin elle va suivre. Elle semble s’adapter à ce qu'elle entend sortir d’elle, monte, redescend, improvise, réinvente chaque soir ses chansons sur scène. Et c’est toujours vrai en 2015.
■ On guette les petits “plantages” et autres inversions dans les textes, parfois signifiants, toujours inventifs – elle a toujours su remplacer au mieux le mot manquant au niveau de sa sonorité. Ils seront nombreux ce soir-là. Premier repéré : “Son destin va garder mon chemin” dans Comme je l’imagine. S’il était sorti à l’époque, cet enregistrement aurait peut-être subi quelques retouches. Dieu merci, ici, il n’en est rien…
■ Le 3e titre est une surprise : King Kong ! Peut-être sa dernière apparition en public – la première datant sans doute des concerts québécois de 1973. À l’évidence, un titre en forme d’exercice de style et qui fut peut-être un jeu-défi (“Tu vas voir, Michel, je suis capable d’écrire une chanson avec des rimes en -ing et en -ong !”) qui trouve ici sa place et son rythme, plus pop que brésilien.
■ La version d’Amoureuse – pas encore alors le classique aujourd’hui sanctionné par d’innombrables reprises plus ou moins justes dans les télé-crochets, mais déjà suffisamment rodé pour y entendre de belles audaces, des chemins buissonniers contournant la mélodie originale comme cet “Et elle me force à parler son langage”, tellement sansonnien et ce “non non" posé très haut après un “Je ne suis plus d’ici” suffisamment proche de la fin pour qu’elle ne le double pas d’une remontée dans les aigus sur le dernier mot de la chanson comme il lui arrivait de le faire à l’époque, et qui aurait forcément sonné redondante.
■ Belle intro au piano sur Christopher avant que les cordes glissent, ténébreuses, derrière la voix de Véronique qui va bientôt s’envoler, suivre cette mélodie sinueuse. Elles prennent ensuite le dessus, en écho avec celles de Cent fois.
■ Ce n’est pas encore le piège de 2011 mais un vent de nouveauté souffle déjà sur l’intro de Bahia, salué par des applaudissements. Le bonus de ce titre est particulièrement attendrissant : la voix de Véronique musardant sur le solo de guitare, l'air de rien, avec tellement de charme. “Comme c’est agréable d’entendre chanter juste avec une telle décontraction” aurait apprécié Denise Glaser.
■ Sur Une nuit sur son épaule, on entend déjà le pas de géant fait par rapport aux arrangements de 1972, même si les musiciens jouent un peu en retenue au regard de ce que la voix de Véronique exigerait réellement d’eux. Du coup, avec cette belle énergie qui arrive sur le tard, le morceau apparaît presque trop court mais on devine que les versions live qui vont suivre seront plutôt musclées.
■ Mais voilà que s’avance une autre perle, Dis-lui de revenir (l’ordre de ce tracklist est décidément déroutant) avec son couplet doublé et surtout ce “Je l’attendrai” étiré comme il faut et qui entraîne de jolies variations – sans oublier quelques harmonies sur la dernière syllabe du dernier mot (“maison”).
Pourquoi n’a-t-elle jamais réutilisé ces trouvailles – ne serait-ce que l’année suivante ? That is ze question.
■ Alia Soûza est indiscutablement le hit de l’époque, probablement le titre qu’attendent ceux qui, parmi le public, ne sont pas forcément fans. Véronique pianote pour brouiller les pistes, avant de frapper l’intro killer. On pourra regretter le manque d’inspiration et de fantaisie du pont à la guitare, mais on se régale des ad libs et aussi de ces petites ponctuations avant les deux derniers couplets, à l’effet presque comique !
■ Ah Pour qui et cette fin instrumentale qui sera doublée quelques années plus tard et qu’elle amorce ici à la voix… Un véritable condensé d’énergie sansonienne. Comme dans la version studio originale, la “chaleur” le dispute à la “douceur” quand il s’agit de “mes cheveux”. ;-)
■ Redoutable a valeur de véritable document puisqu’il s’agit ici d’une version enregistrée seulement 3 nuits après son accouchement (le titre n’est même pas déposé à la Sacem). C’est un peu comme si on était dans le salon de la maison d’Orgeval et qu’elle voulait absolument nous faire entendre ce qu’elle vient tout juste de composer. Précieux… et triste.
■ Vient ensuite C’est le moment et ses aigus… redoutables. On est très proche de la version studio originale, à un emportement près (“Ou bien la mer de Jasmin”) et surtout avec beaucoup plus de mélancolie dans la voix. Magnifique.
■ Vert, vert, vert, chanson au format si court, piano et cordes (et sa petite harmonie vocale ajoutée vers la fin), remonte le cours de l’histoire. “Et devant moi celui que j’aime / Mais tout est trop calme” : ces mots, annonciateurs du départ brutal vers les États-Unis un peu plus de deux ans auparavant, résonnent ici d’un éclat particulier. Surtout après le “Et je reste calme / Parce que c’est important” du titre précédent.
■ Retour aux titres “américains” avec Véronique. Amer constat et aveux en demi-teinte, “So I just sing / Stoned again”, qui génèrent des applaudissements. Sa lucidité l’inspire et elle attaque le dernier couplet dans les aigus, tout en douceur. Virtuose.
■ Véronique a presque l’accent québécois lorsqu’elle annonce le titre suivant, When we’re together. Belle interprétation et un “When I wanna hold your body” qui deviendra “…your hand” lors de l’enregistrement studio pour l’album Vancouver. Une chanson qui n’a pas encore trouvé sa chute, très sansonienne encore dans cet enregistrement.
■ Explicitement dédié au fiancé abandonné (à qui elle a juste voulu reparler, rien qu’à lui), Ma musique s’en va, pièce maîtresse du Maudit, atteint ici la perfection. Voix dont chaque intonation souligne la difficulté de l’aveu (il y a un “je t’aime” quasi inaudible, dans le souffle) avant de se reprendre, combative, au-dessus des cordes mélancoliques à souhait. Un bijou.
■ L’histoire continue avec Toute seule, ombre et lumière entre les couplets et les refrains. Véronique force sa voix (pas toujours pour le meilleur, on est obligé de le reconnaître) mais on peut louer sa fougue, l’énergie de ses (presque) 26 ans et la liberté qu’elle met à dépoussiérer un titre qui lui rappelle ses états d’âme d’avant son mariage avec Stills et sa vie américaine.
■ Le sort est bien injuste de nous faire découvrir la version 1975 de Mariavah alors qu’on connaît déjà celle, si incroyable, de 1976… Il faut essayer de l'écouter en la replaçant dans l’ordre chronologique, après sa version live de 1972. On imagine Véronique se levant, passant une guitare sur ses épaules, et le regretté Alain Salvati rejoindre le piano auquel il va imposer un rythme infernal de montées et de descentes de gamme. Ici, pas encore de choriste avec qui rivaliser d’improvisation comme l’année suivante, mais un pont suffisamment endiablé pour susciter des applaudissements pendant la chanson.
■ Besoin de personne déboule, à des années-lumière de sa version studio, américanisé, rythmiquement plus marqué, avec, à un moment donné, ce que l’on peut prendre pour un couplet instrumental (une bonne idée) avant de réaliser qu’elle a juste laissé passer quelques mesures. Rythm’n’blues !
■ Que dire du Maudit ? C’est en entendant ce type d’exploit que l’on regrette de ne pas avoir été dans la salle ce soir-là… La progression des couplets qui accompagne celui qui marche sans savoir réellement où il va, les “Ta douleur efface ta faute” entre feulements et cris de rage, les cordes toujours là quand il faut… Un sans faute ? Ce s’rait pas drôle, alors il y a juste un p’tit pain dans le texte au début du 3e couplet ;-)
■ Probablement mieux placée dans la setlist qu’en 2015, Un peu plus de noir, parfaitement électrique dans ses refrains, a ici ici toute sa place.
■ “Ils sont bien mes musiciens, hein ?” Leur présentation est un modèle de sobriété. Tout doit passer dans les sourires et dans les regards… Quel dommage de ne pas avoir les images.
■ Cet enregistrement se clôt donc sur Bouddha, guitares et cuivres, mélange de toutes les influences qui font la musique de Véronique. On ne sait pas s’il s’agit d’un rappel (il manque peut-être On m’attend là-bas).
À noter : le double LP vinyle, dont la photo de couverture est celle du programme vendu à l’époque, sera disponible le 13 novembre.
* Ces Musicorama ont fait l’objet d’un enregistrement et d’une diffusion sur Europe 1 le 12 octobre 1974, mais il semble qu’il n’y en ait plus aucune trace dans leurs archives…
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