• Véronique Sanson | 2011

Argenteuil
15 novembre 2011

Après Le Touquet et son Palais des Congrès (sorte de grand hangar peint en blanc, avec rangées de chaises austères, sono bas de gamme et les plus petites loges du monde - mais un public en or !), voici Argenteuil et son drôle d'accueil : ici, le public n'attend pas dans le hall (à moins de pouvoir fournir une carte d'invalidité), il attend dehors, dans le froid, jusqu'au moment de l'ouverture des portes de la salle !
A l'intérieur, grand avantage, de la place entre la scène et les premiers rangs, ce qui évitera bien des "Assis !" lorsque les uns répondront à l'appel de Véronique tandis que les autres resteront sur leur siège. "Véro !" (clap-clap-clap), "Véro !" (clap-clap-clap) : une chauffeuse de salle, auto-propulsée devant la scène, sortie on ne sait d'où, s'époumone avec plus au moins de succès...

Le fond de scène rouge, les projecteurs jaunes, les musiciens en ombres chinoises et la fameuse intro de Je me fous de tout.

Confirmation de la tenue de scène encore ce soir : adieu la veste et les boucles d'oreille des premiers concerts, bienvenue au gilet et au pantalon de cuir, "Cap au sud" : Véronique est là – et même bien là !
Soyons francs, on arrive maintenant à un point où ce show doit être filmé ! Pour ceux qui n'ont pas eu la chance de voir débarquer le gros camion rouge dans leur ville, pour ceux qui veulent revivre tranquillement chez eux ces moments vraiment magiques et aussi bien sûr parce que les dernières dates de l'année approchent...
Et puis, tout est maintenant parfaitement rôdé, et même si rien n'a jamais été scénarisé, le déroulement du concert fourmille des petites trouvailles ajoutées au fur et à mesure : des joyeux duettistes sur le côté, en parodie déjantée de Saturday Night Fever, à l'arrivée des cuivres sur Toutes les saisons ; de la présentation des musiciens (François Constantin qui soulève Véro, Dominique Bertram "ô notre chef", le couplet de Pour me comprendre pour Loïc Pontieux - ce soir remplacé par Thierry Chauvet) au sketch de fin de Bernard's song ; de la nouvelle intro de Bahia aux portables et appareils photos qui s'invitent sur scène – ce soir, c'est François Constantin qui filme les copains pendant la présentation des musiciens, avant de filer son appareil à l'un d'entre eux quand viendra son tour.
Pour autant,
ici, nulle routine, plutôt l'envie d'ajouter chaque soir un petit quelque chose qui, s'il fonctionne, sera repris la prochaine fois et surtout et toujours, cette joyeuse liberté qui fait qu'ils ne pourront jamais donner deux fois le même concert !


Ce soir, de toute façon, il y a du chamboulement dans l'air puisque Véronique annonce "un bon plan", "quelqu'un qui était de passage en ville"... Et voilà le fiston, Mr Christopher Stills, guest star d'un soir, qui débarque l'air de rien et vous scotche instantanément avec sa voix qui se balade dans les graves, dans les aigus, et son jeu de guitare qui vous incite à vérifier le nombre de ses doigts – le tout avec tellement de décontraction...
Il fallait s'y attendre, c'est l'ovation. Et le deuxième titre, non répété, sera Say my last goodbye... au piano et seul – il ne chante pas dans la même tonalité que Véronique. Un régal !


Retour de Véronique et des siens, pour un concert tout en nuances et en force. Avec une chanteuse au top de sa voix, de sa forme, de son bonheur d'être là. A l'exception peut-être de Juste pour toi dans lequel elle semble revivre chaque mot, chaque scène qui ont entraîné sa composition : on la voit baisser la tête, puis la relever brusquement à se l'arracher pour jeter ses "entre toi, entre moi" à la face de celui qu'elle visualise et qui semble les mériter. Les applaudissements, comme cela a toujours été le cas, la ramèneront parmi nous. L'occasion de prendre conscience qu'elle s'absente de moins en moins sur scène, qu'elle doit y être bien finalement... pendant ces moments où les secondes tournent à l'endroit et où le ciel lui répond...
En tous les cas, s'il y avait des acheteurs de spectacles ce soir dans la salle, ils doivent à l'heure qu'il est, préparer leur carnet de commande et aider à allonger le calendrier de la tournée ! Quel show !
Visiteur et voyageur arrive bien vite avec ces petits mots énigmatiques en guise d'introduction : "Cette chanson est d'une actualité brûlante et pourtant je pourrai la chanter encore dans 25 ou 30 ans". Véronique, comme toujours, prend le temps d'aller chercher les mots qui vont traduire sa pensée au plus près, ceux qui vont faire mouche. Elle connaît parfaitement le pouvoir des mots. Sur scène et dans la vie. C'est aussi un clown : elle pourrait un jour envisager de faire un one-woman-show rien qu'avec ce dialogue qu'elle aime improviser avec le public. Ou bien enfin inspirer un metteur en scène pour un grand rôle à l'écran ?
Toujours pas de Redoutable... Saura-t-on la convaincre de l'ajouter le soir de la captation ?


Il y a du (beau) monde backstage ce soir, et sa loge fascinera par son étonnante promiscuité. : il y a là, dans une pièce d'environ 20 m2, outre Christian bien entendu, pas moins de trois des hommes de sa vie. L'un qu'on est personnellement ravi de revoir après bientôt 30 ans, qui voit le spectacle de cette tournée pour la première fois et ne cache pas son enthousiasme. Un autre, qui fut un temps son mari même si elle n'a pas voulu porter son nom (elle restera toujours Sanson). Un autre enfin, qui tourne pour le cinéma et la télé, et partira de bonne heure. Si l'on y ajoute l'évocation par Titou de son père au cours d'une conversation, et la présence de la sœur du premier grand amour de Véronique, la pièce prend des allures de drôle de vie... Et ce n'est que plus tard, en y songeant, qu'on rendra grâce au pouvoir du temps qui aura bientôt raison de nous – sans doute – mais qui fait parfois si bien son office, lissant les contours, arrondissant ce qui pouvait blesser et ainsi permettre de joyeuses cohabitations.
Véronique n'est pas fatiguée. Souriante, très belle, elle parle avec les uns, avec les autres. On lui montre un texto venu du parking qui annonce pour bientôt la perte d'un doigt pour cause de grand froid. Elle sourit, promet de sortir rapidement. Puis elle ajuste l'étoile rouge qui ferme son poncho noir, explique qu'il ne lui en reste qu'une, pin's vintage qu'elle a elle-même peint avec du vernis à ongles.
Il est grand temps de s'éclipser. Le départ pour Roubaix
demain se fera de bonne heure...

2 commentaires:

  1. Merci Laurent ! Tes chroniques sont tellement vivantes et bien écrites que j'ai un peu l'impression d'avoir été à ce concert.

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  2. Je suis arrivé sur ton blog via le site officiel de Véro.
    Je ne rate aucune de ces tournée depuis... bien longtemps.
    Cette année, je l'ai vu à Mérignac (Bordeaux) c'était formidable comme toujours bien que...
    Son entrée en scène a été dramatique et les 3 premières chansons faisait mal car, comment dire avec respect, Véro n'avait pas toute sa tête.
    Mais dès qu'elle s'est assise au piano, elle a repris du poil de la bête et nous l'avons retrouver.
    Elle en a sous pied pour se ressaisir comme ça.
    Merci à toi.

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