The Divine Comedy
Le Grand Rex,
29 mars 2022
La belle histoire d’amour entre Neil Hannon et la France s’est enrichie d’un nouveau chapitre cette année. Son dernier passage avait laissé un souvenir mitigé (voix très enrouée, setlist peut-être trop centrée sur le dernier album en date, « Office Politics » – voir vidéo ici)… il nous devait un bon concert ! Et youpi on l’a eu.
Précisons que ça fait bientôt 30 ans qu’on le suit fidèlement, depuis sa découverte sur scène en première partie de Tori Amos. Il y a ensuite eu le Passage du Nord-Ouest (où il reprenait Wuthering Heights de Kate Bush en remplaçant It’s me Cathy par It’s me Tori !), plusieurs Théâtre de la Ville, l’Olympia, la Salle Pleyel, la Gaité Lyrique, que sais-je… et même le Sheperd’s Bush Empire de Londres !
Ce soir ce sera au 2e balcon du Grand Rex, un peu trop près de la célèbre voûte bleutée piquée d’étoiles. L’air y est respiré par quelques individus à travers un masque et ça se respecte : même si les règles sont assouplies, le virus s’accroche et circule encore librement et sans vergogne.
Peu de respect en revanche pour la première partie de la part de tous ceux qui arrivent allègrement en retard, plombant le confort d’écoute exigé par Blumi, jeune Française qui chante en anglais dans un registre électro expérimental.
« Chuis une rivière là » : les ouvreuses sont en nage, le balcon est plutôt pentu et les aller-retours nombreux : c’est rempli jusqu’au plafond.
Pour faire patienter après le départ de Blumi, une improbable et truculente bande-son couvre à peine le brouhaha des presque 3000 personnes attendant Neil Hannon et sa bande de pied ferme, une bière à la main la plupart du temps. Il commence à faire chaud.
Le groupe pose enfin un pied sur la scène : « Bonsoir les amis, c’est Divine Comedy, nous sommes de retour ! » (en français dans le texte) avant d’attaquer sobrement avec Absent friends.
Très en voix, maîtrisant parfaitement son sujet (« Don’t expect obscure tracks, just the hits tonight, just the biggies! »), toujours autant immunisé du trac par son autodérision permanente, Neil Hannon continue à impressionner par ses réparties et sa cool attitude (il pourrait donner des Masterclasses). La soirée sera donc légère, parenthèse enchantée dans un monde brutal…
Au bout de trois titres, il se lâche : « Feel free to come down and occupy the seats, I don’t care. » Il semble que des rangs soient vides à l’orchestre : ils ne le resteront plus longtemps.
Une voix féminine s'élève de la salle : « Je t’aime ! ». Une autre, masculine : « Moi aussi ! ». Neil adore laisser des blancs entre les chansons, que le public peut remplir. Il avouera tout de même à celui qui lui demande ce qu’il boit sur scène (« A gin tonic, Sir. And you, what do you drink? ») qu’il n’est pas facile de converser avec 1000 personnes en même temps…
Bad Ambassador déboule avec son refrain qui claque, suivi d’une des deux nouveautés du récent best of (Best Mistakes) avant de revenir à une valeur sûre : The Certainty of Chance.
Je m’aperçois que mon voisin, qui doit avoir dans les 8 ans, se bouche les oreilles. Honte aux parents qui traînent leurs mômes à des concerts de vieux où on joue fort ! Comme le remarquait Christophe Conte (l’homme qui tweete plus vite que son ombre) croisé après le spectacle, le public de Divine Comedy ne rajeunit pas : ce sont les mêmes qui le suivent depuis le début, rejoints en route par quelques individus à peine plus jeunes… Doit y avoir un seul gamin dans cette foule…
« I love a gimmick ». Neil arbore ce qui de là où je suis ressemble à un bouquet de tulipes jaunes – plus vraisemblablement trois maracas qui lui serviront à rythmer l’inusable Your Daddy’s Car, avant d’être jetés par dessus son épaule à la fin de la chanson.
Juste après le dispensable To the rescue, il fait monter la sauce (« You may stand ») pour deux imparables chefs-d’œuvre : Generation Sex et Something for the Weekend. Debout, on capte mieux les vibrations. Chair de poule garantie.
C'est l’entracte. On est prié d’aller se désaltérer…
Contraste avec la fin de la première partie, on redécolle en douceur avec de grands classiques : le subtil An English Lady Of a Certain Age que Neil ne peut s’empêcher d’esquinter (« I can’t help trashing my songs »), Songs of Love, Love What you Do et l’indépassable Summerhouse – histoire de vérifier qu’il tient toujours la note basseyienne de la fin de la chanson, mais pas que… Ce titre justifie pour moi le déplacement à chaque fois, je ne m’en lasse pas.
Mother Dear, Norman and Norma (applaudie par le public qui sait compter jusqu’à 4) et voici une autre pépite, Our Mutual Friend : Neil s’allonge pour mieux mimer ses paroles, et se réveiller fracassé pour faire l’expérience de la trahison en amitié…
« Enough of that seriousness! Let’s rock and roll! ». Neil tombe enfin la veste pour le final : How Can You Leave Me on my Own, l’indémodable et toujours épatant National express et I like (qui fait craindre qu’on n’aura pas droit à Tonight We Fly, à cause de leur proximité de tempo). Cette fois-ci, il n’a pas eu besoin de nous demander de se lever…
Deux titres seulement en rappel : Perfect Lovesong et l’archi-nécessaire Tonight We Fly, après nous avoir remercié d’être venu : « We had a good laugh ».
Dehors, il pleut. les vendeurs d’affichettes non officielles ne font pas recette, même à 3 €…
Vidéos postées sur YouTube :
PS. Il y a très longtemps j’avais écrit un article sur The Divine Comedy pour Le Quotidien de Paris. Il est ici.
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