de Véronique Sanson
Texte d’intro au programme officiel
Octobre 2017
On raconte qu’à ses débuts Véronique Sanson ne voulait SURTOUT pas faire de scène. Ben voyons ! Et que, pour se faire la main (gauche, qu’elle a puissante), elle a fait le cabaret de la Tour Eiffel pendant un mois ! Une idée d’Hugues Aufray, qu’elle pensait pourtant être un ami… La suite est plus rigolote avec une belle tournée d’été placée sous le signe de la « mangeaille » avec Julien Clerc et Pierre Vassiliu (« On faisait des détours affreux pour aller dans des restaurants ! ») avant une tournée d’hiver sous chapiteau avec Alain Chamfort et Clo-Clo (Véronique n’est pas sectaire en musique, elle ne l’a jamais été). Fin de la première période franco-française.
1973 : Véronique vit ce qu’on appellera plus tard ses Années américaines. Et à partir de là, c’est une autre histoire. Elle apprivoise son trac, commence à prendre du plaisir sur scène. Les Québécois, qui ont tout compris avant nous, lui proposent ses premiers concerts en vedette, dont un dans l’improbable et magnifique décor de la cathédrale de Longueuil. Au dehors, certains protestent parce qu’ils pensent qu’on ne fait pas de pop music dans une cathédrale, d’autres parce qu’ils n’ont pas pu entrer…
Octobre 74, maman d’un petit Christopher, en jeans pattes d’eph’ et chemisier blanc généreusement déboutonné, elle donne son premier Musicorama à l’Olympia. Trop de monde dehors, il faudra en programmer un second en toute hâte. La salle du boulevard des Capucines, elle y reviendra toute une semaine l’année suivante et encore celle d’après. Elle joue un peu partout en France, en Suisse, en Belgique, au Québec encore. Bientôt au Brésil, en Allemagne…
À Paris, elle est la première femme française à fouler la scène du Palais des Sports. Deux concerts par soirs pendant 3 jours en 1978. Un show électrique et cuivré, galons de pop star gagnés !
Pendant les années 80, elle s’installe de nouveau à l’Olympia et au Palais des Sports, mais pour des périodes plus longues. C’est l’époque des premiers semi-remorques pour le matériel, des bus de luxe pour les musiciens. On la voit dans les festivals, en tournée Chacun mon tour avec Alain Souchon.
1989, année incontournable : une tournée, un mois à l’Olympia, une semaine au sein des premiers Enfoirés et en queue de pie crème pour un Symphonique de légende dans le beau théâtre du Châtelet !
Les années 90 ne sont pas en reste : l’image de Véronique, tout sourire, veste de dompteur, micro en main, séduit la rétine quand le show impressionne les tympans : elle est au Zénith. Les Francofolies de La Rochelle font la Fête à Véro le 12 juillet 1994 : une dizaine d’amis chanteurs de tous horizons la revisitent Comme ils l’imaginent…
La décennie se clôt sur une évidence : elle est Indestructible.
Pour aborder sereinement le XXIe siècle, elle fait la paix avec sa conscience, tourne une page ô combien délicate : D’un papillon à une étoile la leste du poids d’années passées à se maudire. Sur disque comme sur scène, ses versions de certains titres qu’elle a vu naître impressionnent au point que ceux qui reprendront Pour me comprendre sur YouTube en oublieront souvent de citer le nom de l’auteur, Michel Berger…
La légèreté refait surface et même l’audace d’une tournée piano-solo, rêve envolé pour raisons de santé. Tournée reportée plutôt qu’annulée puisqu’elle annonce régulièrement qu’elle s’y collera quand elle sera « grande »…
Quelques privilégiés auront pourtant goûté au plaisir rare de cette formule intimiste : en juin 2000, c’est seule en tête-à-tête avec le monstre noir qu’elle est invitée dans la cour du Palais de l’Élysée.
2005, tournée Longue Distance. Elle est sur scène avec son fils Christopher. Fin 2007, le Grand Choral des Nuits de Champagne et ses 900 choristes, avant les routes de France et de Navarre, et même la Tunisie et Israël pour la tournée Un peu d’air pur et hop ! Plus près de nous, c’est la tournée Plusieurs lunes (2011-2012) avant la célébration triomphale de ses Années américaines avec, sur scène, le trompettiste magique Steven Madaio déjà présent sur l’album Hollywood. Résultat, il faudra ajouter une seconde tournée à celle initialement prévue, histoire que tout le monde en profite.
Tout ceci n’est pas étalé ici pour vous impressionner – enfin si peut-être un peu quand même. Il s’agit surtout et avant tout de rappeler le rôle de la scène dans la destinée de Véronique Sanson. Rappeler qu’il n’y a qu’elle pour nous embarquer de l’émotion pure de ses confidences rageuses ou désespérées à une explosion joyeuse rythmée par ses indispensables cuivres qui nous mettent au défi de rester assis sur notre fauteuil. Si on vient la voir et la revoir, c’est bien aussi pour qu’elle souffle un peu de rock’n’roll dans nos vies trop sages. Sur scène, l’air de rien, elle distille des leçons de vie : fuir la facilité, savoir se mettre en danger, se choisir un véritable défi et l’affronter…
Nous, gens de la nuit, sommes là ce soir parce que rien ne remplace un spectacle vivant, parce qu’une minute d’un concert vaut mieux que dix passages télé – que finalement ça n’a rien à voir. C’est pour ces moments-là qu’elle vit en bord de scène, toujours prête à y bondir, animale, pour offrir d’authentiques vibrations…
Allez… bon concert !
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