• Véronique Sanson | 2008


Olympia
9 décembre 2008

Véronique Sanson à l'Olympia, décembre 2008. Impossible de ne pas penser à la première fois où je l'ai vue sur scène, à l'Olympia justement (mais celui d'avant) en février 1976.

32 ans, quel vertige ! Après le concert, sa loge était ouverte à tous les vents et j'avais fait la queue avec mon album Vancouver (acheté à l'entracte) sous le bras. Elle était devant sa coiffeuse, vachement belle, bronzée, une veste pailletée de toutes les couleurs. Médusé, je n'ai rien dit - juste tendu l'objet qu'elle a zébré de sa signature.

Envie de dire aujourd'hui que - même si depuis je l'ai vue pas mal de fois – avec elle sur scène, il y a (et il aura toujours) des moments magiques.

Au piano, sous nos yeux, elle est totalement transparente. Une livre ouvert. On peut y lire si elle est contente d'elle, si elle est à la peine, quand elle veut partager, quand elle veut épater, quand elle est déçue, quand elle veut séduire... Un beau spécimen... tantôt féminine, tantôt masculine. D'où sans doute cette confusion des genres parmi son public...

En tous les cas, on ne la voit jamais tricher. Hier soir, il y a eu, sur Je me suis tellement manquée en particulier, des moments d'une superbe exactitude, la vraie rencontre de son émotion et de la justesse de sa voix au moment de la communiquer. Ce à quoi nous assistons tient autant de la musique que du théâtre, un théâtre de l'authenticité. Que fait Véronique sinon revivre sous nos yeux ses moments de création ? Lorsqu'elle chante, elle visualise une image, elle véhicule une émotion et son exigence est de nous la restituer au plus près de sa vérité. On le voit clairement. Avec le temps, et comme beaucoup de monde, elle a tendance à forcer le trait (voir le "jamais" dans Sans regrets). Au moins, le spectateur du dernier rang a une chance d'être touché lui aussi...

A ses débuts, elle restait derrière son piano, ne se levait que pour en faire le tour vite fait, un tambourin à la main... On ne l'aurait jamais imaginée debout devant la salle, nous assénant, déterminée comme hier, un magnifique Seras-tu là. Le documentaire de Didier Varrod, la parution de son intégrale ont sans douté été pour elle autant d'occasions de se regarder, de s'écouter - ce qu'elle ne faisait pas beaucoup avant. Du coup, on se rapproche de sa perfection...

Bien sûr, il y aurait à redire sur le tracklisting, sur les interventions des choristes (sur Vancouver quand Mehdi mime un violon - marrant une fois mais très vite irritant), sur le rituel de la présentation des musiciens (touchant mais pénible)...

Mais quand on aime, on prend tout, non ? et hier soir encore, je crois que j'ai tout pris, que j'ai tout pris...

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