• Barry Adamson / 1996


publié le 23 août 1996 dans Le Quotidien de Paris

A priori le genre d'objet à réduire à néant l'hypothétique envie de l'écouter : un nom, Barry Adamson, qui, même s'il sonne familier à l'oreille, n'évoque rien de particulier (le bonhomme est bassiste d'origine et c'est son troisième album) ; une pochette d'une noirceur d'encre (dont le crédit nous apprend qu'il s'agit du cliché d'un film de Philippe Garrel, au secours !) et enfin ce titre, Œdipus Schmœdipus (le dernier mot, d'origine germano-américano-juive, étant une variante péjorative du précédent) qui intrigue et prête vaguement à sourire.

En fait, une fois débarrassé de son encombrant alibi de concept-album, Œdipus Schmœdipus se révèle furieusement éclectique : gospel/pop (avec un premier invité de marque, Jarvis Cocker, leader de Pulp), piano-bar, jazz (reprise de Miles Davis) et surtout, il foisonne d'instrumentaux bande-son idéale d'un cinéma américain millésimé milieu des années 70. Meilleur exemple : The Big Bamboozle, plein de panache avec son intro tout en cuivres rugissants et ses arrangements impeccables, à faire passer Goldfinger pour le petit frère de Jeux interdits.

Mais on y trouve aussi pêle-mêle une sombre histoire de prince charmant contée par une joile voix féminine, Nick Cave, Billy McKenzie (et son timbre de velours pour un des plus beaux morceaux de l'album), un sample d'un vieux EP de Françoise Hardy

Mon conseil : sortez pinceaux et gouache pour peindre à même le carton du digipack une végétation luxuriante sous un ciel très bleu, avec une superbe James Bond girl sortant de l'eau en bikini blanc. Et surtout montez le volume !

A découvrir dare-dare en attendant la B.O. qu'il compose actuellement pour le prochain David Lynch.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire