Un jour un destin
Véronique Sanson
9 octobre 2016
Rappeler en préambule qu’on ne demande pas à faire cette émission : un beau jour, on vous prévient que vous avez été élu ! Et l’exercice est risqué : que l’artiste soit mort ou vif, l’émission peut vite tourner à l’enterrement de première classe. Je parle de toi comme si…
Tout le monde connaît les règles : les proches de l’artiste seront filmés dans des décors sombres, des scènes seront reconstituées sur une musique de fond vaguement inquiétante (tendance Thomas Newman), le tout souligné par la voix de Laurent Delahousse (et ses fameuses pauses pour mieux ménager les suspenses, heureux ou malheureux). L’artiste, lui, sera convoqué pour une interview diffusée juste après le portrait, sans en avoir vu ne serait-ce qu’une minute.
Sachant tout cela, en juin 2015, lorsque Véronique est mise au courant qu’un épisode de la collection la concernant est en préparation, la question est de savoir si la famille, les proches, les collaborateurs présents ou passés y participent ou pas. Elle a vu certains portraits de la collection, avoue qu’elle s’est sentie déprimée après avoir vu celui de Louis de Funès… un comble ! On sait aussi que le 1j1d Michel Berger a été fait sans sa sœur Franka, ni son épouse, ni son fils, ni Véronique elle-même (pourtant sollicitée). Erwan L’Eléouet, rédacteur en chef de l’émission, précise même en interview que “France Gall avait bloqué des témoignages”…
Mais chacun a conscience du caractère quasi incontournable de l’émission, synonyme aujourd’hui d’une biographie définitive dans la mémoire collective. Alors, même s’il y a déjà eu La douceur du danger (Didier Varrod, 2005), Une fée sur son sur épaule (Julien Tricard, 2010) et plus récemment un portrait croisé avec Pierre Palmade (Mireille Dumas, 2015), tout le monde va y participer. Bernard de Bosson est l’un des premiers à se faire interviewer, en septembre 2015.
Et tant pis si cela génère ce genre de commentaire bas-du-front sur le compte Twitter d’un média pas très pur :
Heureusement, on trouvera aussi quelques défenseurs de la réalité :
Et tant pis si cela génère ce genre de commentaire bas-du-front sur le compte Twitter d’un média pas très pur :
Heureusement, on trouvera aussi quelques défenseurs de la réalité :
Dans cette histoire, notre chance s’appelle Élodie Mialet.
La jeune femme, passionnée et dynamique, réalisera le film après un minutieux travail d’enquête de plusieurs semaines. C’est elle qui convaincra les uns et les autres, elle qui choisira tel témoin plutôt que tel autre, elle qui retrouvera une écolière en primaire avec Véronique, elle encore qui a bien failli parvenir à interviewer Stephen Stills lors de sa tournée européenne… Je garde le souvenir de Yann lui conseillant les archives les plus rares dans un café de la Porte de Versailles, juste avant un des deux Palais des Sports d’octobre 2015. À l’arrivée, elle a tant de matière qu’elle sera obligée de couper pour tenir dans le format de deux heures !
Élodie s’est battue sur une date, sur un événement (d’où nos échanges de mails kilométriques). Elle nous a même fait prendre conscience que ce fameux départ pour New York de novembre 1972 est en fait arrivé… en février 1973 !
Parenthèse au sujet de cet “événement” : il est bon de rappeler qu’il n’a pas fait une seule ligne dans les journaux à l’époque. Michel Berger n’était alors connu que du petit cercle du milieu musical. À la sortie de son premier album en 1973, personne pour lui demander les raisons de cet énorme cœur brisé traversé d’un point d’interrogation sur la pochette…
Le portrait est une réussite. Émouvant mais pas déprimant, il fait la part belle aux témoins : Violaine et Titou en tête, mais aussi la truculente Jacqueline, son amie d’enfance et marraine de Christopher (qu’on aperçoit à droite sur la photo ci-dessus), et le gang WEA des débuts : Bernard de Bosson bien sûr, mais aussi Jacqueline Hanouna, Dominic Lamblin (qui sort ces jours-ci un livre dans lequel figure un chapitre consacré à Véronique, Michel et France) et même le rare Benoit Gautier (un des 3 passagers de l’aller simple pour New York). Du sérieux, donc.
Parmi les phrases fortes, il y a bien sûr celle de Claude Wild, son premier tourneur : “Une petite fille fragile avec des couilles de mec sur scène”.
J’aime aussi beaucoup ce que dit son neveu Julien à propos du “Maudit” : “Elle dit tout le poids de la culpabilité et en même temps, avec une espèce de démonstration de force qui est Regardez ce que je suis capable de faire” (même si on se doute que ce n’est pas dans ce but qu’elle travaillait).
Le film est scrupuleusement chronologique, mais fait quelques impasses : le premier album mentionné lors du retour en France au début des années 80 étant Moi, le venin, on a l’impression que la période “page blanche” a duré une éternité. Également, côté vie amoureuse, on passe directement de Bernard Swell à Pierre Palmade – ce qui pourrait être vexant pour certains… Pierre Palmade dont la date de mariage avec Véronique est erronée dans le doc (merci Dominique). Mais, pour moi, le seul écueil, ce sont les reconstitutions (même problème que chez “50 minutes inside”) : une perruque blonde filmée en gros plan de dos dans une loge de concert ne m’évoque personnellement pas grand chose… Il y a aussi (et beaucoup l’ont noté) le manque flagrant de musique – même s’il y a cet extrait du Palais des Sports 1978 avec Stills – mais l’émission ne s’y prête pas…
L’interview en fin d’émission, filmée chez Violaine le 13 juillet, est un régal de décontraction. Véronique ou la séduction comme arme de dédramatisation… Imagine-t-elle inconsciemment ce que le spectateur vient de voir ou bien pense-t-elle seulement à répondre le moins sérieusement possible au très sérieux Laurent Delahousse ? On adore ce moment où elle lui tend la main pour qu’il la fasse pivoter et replacer en face de lui.
Devant son écran, on pense à elle en direct, à ce qu’elle peut ressentir dimanche soir en se regardant. On a tous un passé, quelques erreurs, de mauvais choix, mais – Dieu merci – il n’y a personne pour le rappeler à la face du monde, images d’archives et témoignages à l’appui…
La première fois qu’elle s’est sentie “psychanalysée” remonte à 1995 après la lecture du livre de Yann (éditions DLM). Il y disséquait certains passages de sa vie, dévoilait le dessous de certains de ses textes… Un électrochoc pour elle. Plus de 20 ans après, peut-on s’habituer à cela ? Alors qu’elle surfe aujourd’hui sur la vague de la célébration de ses années américaines et se prépare à sortir un nouvel album, on pense à elle au présent pendant que défilent les images de son passé. Retour en 2016, vite !
L’émission a généré de nombreux articles en ligne et sur papier :
– Gala
– Notre temps
– Nostalgie
– Les coulisses de la télévision
– Catherine Deneuve dans Télérama :
– L’Avenir :
– Moustique :
– (source non identifiée) :
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