Les Nuits Étoilées
Asnières-sur-Seine
24 juin 2025
Par définition, on se méfiait des concerts gratuits dans le cadre de la Fête de la Musique. Souvenir d’un calamiteux Malakoff en 2008 dans un stade rempli de gamins qui courraient dans tous les sens au milieu des fumées et odeurs de barbecues de merguez improvisés et, une fois la dernière note jouée, l’arrivée de mecs cagoulés déboulant sur scène pour piquer les instruments ! L’année suivante, c’était un décevant Ivry-sur-Seine avec une Véronique en petite forme. En juin 2024, c’est la pluie qui avait saboté la fête de Noisy-le-Grand – même si elle avait donné lieu à des sketchs sympas (Véro et sa serviette sur la tête). Le cru 2025 allait s’avérer très réussi, à ranger plutôt au côté d’un souvenir bien plus cool que les sus-nommés : Aulnay-sous-Bois 1977 (pour les vétérans).
On arrive vers 16:30. Sur le chemin, une maison avec des arbres qui sortent des fenêtres, aperçue dans une chaleur accablante. Le feu du ciel, rien de moins. Face à l’Hôtel de ville, le Basilou est attablé devant un verre avec sa moitié. On s’invite juste avant qu’il nous quitte pour cause de balances. On le rejoindra.
Véronique vient d’arriver. Sa loge est l’une des tentes blanches au pied de la scène. L’ambiance est bonne. Mehdi teste le son du piano avec La groupie du pianiste – gag classique mais qui fonctionne toujours. Sur le parvis, le soleil tabasse. Malgré tout, un public amateur de bonne musique se tient déjà le long des grilles, guettant l’arrivée de celle qui vient “honorer la ville de sa présence”, comme l’annoncera le maire d’Asnières juste avant le show. De peur que mon appareil photo prenne feu, je me réfugie à l’ombre de la régie plateau.
Pull confortable chouchou de sa garde-robe depuis des lustres, pantalon jaune, lunettes noires et solides chaussures lacées, Véronique rejoint le piano. Le soundcheck peut commencer. Y’a débat à propos de Marie. Dodo propose d’en sucrer un refrain – on le soutient mentalement – mais Véronique tient bon jusqu’à consentir à faire un essai qui n’a pas l’air de lui déplaire… mais qui ne sera pas transformé le soir-même puisqu’elle doublera (par habitude ?) le refrain en question…
Exceptionnellement nanti d’un passe photo, je suis à ses pieds lorsqu’elle répète On m’attend là-bas, priant le dieu des vents pour qu’il souffle dans ses cheveux (coupés un peu plus courts la semaine précédente). En la regardant, on réalise qu’on pourrait très bien être dans les seventies : il faudra bien écrire la date sur le dossier du Mac…
Le temps imparti est écoulé, elle n’a pas le temps de répéter les piano-voix (au petit nombre de deux dans la setlist format festival). Retour en loge. On s’éclipse.
La belle Violaine est là, casque de moto sous le bras. Attablé avec Yann, Mexicain en visite annuelle en France, on la voit débarquer en grande forme avec une copine de 30 ans, conseillère municipale qui n’est pas pour rien dans l’événement du soir et entre les mains de laquelle elle me laisse. Direction l’intérieur de la mairie pour faire des photos du premier, voire du deuxième étage. On se laisse faire. Le bâtiment est splendide, l’escalier a du cachet avec son tapis rouge classique et le plafond peint est magnifique. Fred Sitbon, sympathique photographe de la mairie, explique que si on est plein au bas des marches à gauche et tout au fond à droite, on a 10 000 personnes sous les yeux. Impressionnant.
L’équipe de la mairie monte sur scène à l’heure dite. Petit discours convenu des uns et des autres avant que le micro n’atterrisse dans les mains de Violaine : “C’est ma petite sœur, elle est dans sa loge morte de trac, elle est hyper contente d’être là… alors rassurez-là”. Bien joué : le public déjà bien chaud balance “Véro, Véro !”. Chouette concert en vue.
Les fenêtres de la mairie se garnissent de monde, et puis on a envie de voir l’animal de plus près : on sort. Dans la fosse aux lions, pas facile de jouer des coudes pour se rapprocher de la scène : on repasse côté coulisse pour réintégrer la régie plateau (en se faisant le plus petit possible pour ne pas gêner ceux qui bossent), gagnant en visibilité ce qu’on perd en qualité de son : on est à un mètre de la batterie et des guitares, mais avec la tornade blonde droit devant. La proximité avec Dodo, Basile et JB va permettre d’apprécier leur travail – le piano, la voix et les cuivres étant relégués à l’arrière-plan.
Malgré la chaleur, Véronique est à l’aise dans son élément – celui qui compte le plus à ses yeux et à ses oreilles : la musique. Quand on l’accompagne en promo, on a parfois l’impression de la conduire à l’abattoir. Ici elle respire, se nourrit, reprend des forces.
Lorsqu’elle quitte le piano, déménager semble être la bonne option. Direction le public, vaste forêt de portables brandis en direction de l’idole. Tapi sur le côté, on avait sous-estimé la puissance des enceintes. Énorme pulsation mais good vibration. Impression que le cœur est sorti de sa poitrine et cogne à l’air libre.
Voici venir les tant attendus moments piano-voix. La scène est libre, on s’enhardit et court se planquer derrière la batterie désertée. Le moment est sacré. Elle est à deux mètres, dans un angle plutôt rare sur les photos, mais voilà que le chargeur clignote sur l’écran pile à la fin de Ma révérence. Gasp ! Vite fouiller dans le sac pour chercher celui de rechange et ne pas rater la lumière bleue sur Bahia.
La magnifique Salle des mariages nous attend ensuite. Ce qui donne des idées à Violaine qui propose d’épouser Yann sur le champ. Les z’heureux z’époux posent avec leurs témoins devant un maire désigné pour la circonstance. On ne sablera pas le champagne ce soir : il fait très chaud et il reste juste un peu de jus d’orange au buffet, pas même une goutte d’eau…
Fanny Kegenne-Herlet montre ses photos du concert et enchaîne avec d’autres dans la superbe Salle des mariages : Véronique passant de mains en mains, présentée au maire et à ses différents conseillers, tous archi-fans. Il faudra surveiller le prochain bulletin municipal… Le temps d’un mot, d’une attention, d’un selfie pour chacun et on la regarde s’éloigner dans la nuit, prête pour de nouvelles aventures…
Le bleu n’étant finalement pas si seyant, on tente une approche dorée…