• DVD "Hasta luego !"

“Hasta luego !”
CD + DVD : 6 décembre 2024
double vynile : 20 décembre 2024
 
Filmer la dernière tournée en date, voilà une très bonne idée… mais où et à quel moment ? Le choix s’est un jour porté sur les concerts de mars 2023 au Dôme de Paris (vaste scène et écho aux Palais des Sports d’antan), et en particulier sur le dernier, celui du 24 mars. On invita quelques guests, on trouva un co-producteur, tout roulait : le DVD aurait dû sortir pour Noël (2023)… sauf que la belle Véronique continuait sur sa lancée : des festivals, des prolongations de la tournée… D’où dilemme : comment concilier la promo d’une tournée et celle d’une captation, donner envie d’aller voir un concert en vrai et un autre sur grand écran (parce que le deal comprenait une projection au cinéma) ? Il fut donc décidé – et ce malgré la demande – de mettre le film au chaud pour plus tard. 
 
Et comment en vouloir à toute l’équipe si, une fois le film tourné, d’autre idées fusèrent ? En l’absence de nouveaux titres (infatigable Arlésienne), le show était condamné à se bonifier : des petites idées par-ci par-là, un light show qui se perfectionne (les petites étoiles qui piquent le fond de scène, un halo qui descend sur le piano au final…) et Véronique qui teste de nouvelles idées : commencer le show dans le noir par Véronique, ou encore par On m’attend là-bas derrière un rideau kabuki… En fait, il aurait fallu la filmer à toutes les étapes de cette tournée…

Il n’en demeure pas moins que le film qui sort en DVD le 6 décembre n’est pas qu’un témoignage, c’est aussi une belle réussite : un son nickel, une image had hoc et aussi des titres qui ont disparu par la suite de la setlist comme Une nuit sur son épaule ou C’est long, c’est court et qu’on retrouve ici gravés.

Le 26 septembre 2024, le film fut projeté lors d’une séance unique dans plus de 280 cinémas et attira plus de 20 000 spectateurs (évidemment une paille si on compare aux 210 000 spectateurs pour le Nevermore de Mylène Farmer…). Véronique honora le Pathé Wepler de sa présence, annonçant qu’elle allait comme nous tous découvrir le film. Un peu de storytelling bien sûr, puisqu’elle avait assisté à la toute première projection de travail (le 11 juillet 2023 à Paris, boulevard Exelmans)…
 
 
La sortie du DVD fait remonter quelques petits souvenirs…
 
• Le 23 mars, veille de l’enregistrement, Dominique Bertram propose de répéter Signes quand Véronique l’arrête. Non seulement, elle n’a pas envie de la répéter, mais elle veut carrément la supprimer de la setlist ! Elle trouve qu’elle ne fonctionne pas, qu’elle n’est pas aboutie… Tentative de la sauver… En vain : c’est Véronique et bien elle seule qui a le dernier mot. Exit une chanson dont on ne trouve plus la trace que sur quelques vidéos amateur… Revenons tout de même sur son histoire : la musique provient de bandes retrouvées chez Michel Bernholc, arrangeur des deux premiers albums. Il s’agit d’un instrumental avec des lalala en guise de texte, abandonné par Véronique au moment de son départ aux États-Unis et jamais réécouté avant sa découverte récente. Il aurait pu figurer sur la réédition du 2e album, mais a précisément été écarté parce que Véronique comptait l’habiller avec des paroles et l’enregistrer. Est-ce la noirceur de son texte ? Est-ce un manque de cohérence entre ce texte et la musique ? Le titre a été maquetté en 2021 à Triel mais verra sans doute le jour sous une forme un peu différente. Sinon on devrait pouvoir faire entendre un jour la touchante version originale de 1972…
 

 
• Pendant ces mêmes balances, Natalie Dessay procède à une première répétition (avant le show du lendemain) et Véronique fait “coach de luxe”, comme dit Luc, président de Caramba, pour Titou en suggérant dans sa chanson une partie sans texte avec des lalala – partie qu’il choisira finalement de siffler sur scène. 
• Elle demande si on peut ralentir un peu C’est long, c’est court, explique que cette chanson groove mieux si elle est ralentie – et comme souvent, elle a raison. OK pour 1 bpm de moins : 87 au lieu de 88. Une précision qui laisse rêveur…
• Avant le show, c’est en bonne compagnie qu’on boira un peu de champagne : Franka Berger (et son mari), Bernard Cazeneuve (et sa femme), grand fan de Véronique. Après le show, on rejoint les loges en même temps que Didier Varrod, accompagné d’Alex Beaupain. Hélas ils ne pourront rester ni l’un ni l’autre trop longtemps. Jean-François Coppé non plus. Il y a pourtant du beau monde : Marie-Claude Pietragalla, Michèle Laroque et les vieux potes de Véro (Franck Bardou, Christian David). Kanou est là également, c’est lors de ces 3 soirs qu’on la verra pour la dernière fois…

 
• Le jour de l’enregistrement, il y a du monde aux balances. Des techniciens installent un rail de travelling le long de la scène, pendant qu’une caméra se promène au bout d’une grue. Répétitions de Vole, vole, vole et Annecy, avant l’arrivée de Zaz qui annonce qu’elle est “chaude, on peut y aller direct”. Elles font leur duo 2-3 fois – Véronique lui demandera juste de ne pas rester à la même place pendant la chanson, de se balader. 
 
 
• Place à Natalie Dessay, déjà dans le costume qu’elle portera sur scène. La question est de savoir à quel moment elle sera annoncée. Véronique essaie de le faire sur l’intro. S’adressant à Titou : “J’arrive pas à parler quand je joue, tu sais le faire toi ?” Il confirme que lui non plus, ajoutant que l’intro est bien assez difficile comme ça, alors si en plus il faut parler dessus… Toujours aux aguets, Véronique reprend Natalie Dessay sur le début : “Il n’est jamais bien rasé, ça sonne mal. Il faut dire Il est jamais bien rasé.”
• Dernier invité : Vianney, toujours hyper à l’aise. Premier essai debout autour du piano, de dos par rapport à la salle, puis 2-3 autres en place. Surprise : Hasta luego fonctionne vachement bien en duo ! Pour mémoire, il s’agit d’un titre qu’ils ont co-écrit (sur une musique de Vianney) et que Véronique a maquetté en studio en avril 2021 (avec deux autres titres signés Vianney) sans qu’aucune suite ne soit envisagée…
 

 Pendant le show, après son duo, Vianney rejoint sa place aux rang des invités. Dans la salle, il y a également Bernard Swell (et Mino) et Robert Charlebois (qu’on aperçoit dans le film et que Véronique ira voir au Grand Rex une semaine plus tard). 
• Après le show, au bar, l’arrivée de Véronique est saluée d’un Bahia repris en chœur par tout le monde, tandis que Thomas Sotto et Marie K (Columbia) lui remettent deux disques de platine (pour DDD et Duos volatils). On lui présente ensuite Alex Montembault (qu’elle a trouvée formidable dans Starmania).

 
Enfin, et pour le détail, le petit mot manuscrit dans le livret a été écrit à Triel vers 1 heure du mat’ le soir (29 octobre) où on a dévoré et posté un gâteau en forme de piano blanc sur Instagram.
 
Laurent Calut
 

• le Maudit 1974-2024

“Le Maudit”
Véronique Sanson
Réédition 50e anniversaire
1er novembre 2024
 
Ah “Le Maudit”… 3e album studio de Véronique, il fête ses 50 ans ce 26 septembre et Warner Music, maison de disques historique de Véronique, proposera le 1er novembre une nécessaire réédition aux formats double vinyle et CD + Blu-ray, pré-commandable ici-même.
 

 
Premier album de ses “années américaines”, écrit, composé, enregistré et produit aux États-Unis par elle-même, “Le Maudit” est celui qui marque un tournant essentiel dans son inspiration (en ces temps sans portables, les paroles sont autant de messages personnels) mais c’est aussi et surtout un album qui recèle une incroyable richesse mélodique : on y embarque sur des sonorités latines (Alia Soûza), suivies de bons coups de blues (Christopher, Un peu plus de noir…), on a les doigts qui pianotent tout seuls (Cent fois) ou miment les Strat’ (On m’attend là-bas) – le tout toujours au cœur des tourments de Véronique. Une belle diversité qui n’empêche pas un sentiment d’unité à l’oreille, sans doute grâce aux f***ing good musicians qui l’entourent, “prêtés” pour l’occasion par son “vieux mari” Stephen Stills.


On en parle avec d’autant plus de trémolos dans la voix qu’on a eu droit à une expérience Dolby Atmos de toute beauté.
La première fois c’était en décembre 2021, dans le salon-studio construit au sein du QG de Warner Music à Paris. Ce jour-là il était question pour Véronique de donner son avis sur les options prises par l’ingénieur du son, Hubert Salou. Si elle était un peu déçue, c’est uniquement parce qu’elle pensait écouter l’intégralité du disque alors que seuls deux titres lui étaient proposés : Christopher – l’occasion de (re)découvrir les cordes et ce côté presque symphonique du titre – et On m’attend là-bas et ces guitares qui se répondent d’est en ouest. Pour le reste, elle était satisfaite : les options choisies étaient les bonnes.

Selfie by Chris.
 
Hubert Salou, Chris, Véro, David et Fabien de chez Warner Music et Vio.

La seconde fois, c’était le 18 juillet de cette année pour une écoute complète au studio Kashmir, celui de l’ingé-son. Le point stratégique (ou sweet spot) pour une écoute optimale se trouve à peu près au centre de la pièce et, étant arrivé un peu en avance, j’ai pu modestement m’y asseoir pour commencer l’écoute. Grande émotion, parfaitement inattendue de la part d’un album que je pensais connaître archi par cœur. Violaine n'a pas tardé et je lui ai bien sûr cédé la place, avant l’arrivée de Véro accompagnée de Christopher, un poil en retard pour cause de coinçage sur le périph. On a repris l’écoute du début et, sans sombrer dans trop de sentimentalisme, je me disais tranquillement que regarder Christopher, même de dos, écouter attentivement la chanson écrite sur lui par sa mère il y a 50 ans, était une expérience plutôt émouvante…

 
Véronique était très concentrée mais, pour elle, une chanson (comme on le dit d’une langue) est vivante et il lui manquait à l’oreille les arrangements qu’elle a pu écrire depuis pour la scène. L’ingé-son expliquera le challenge, véritable numéro d’équilibriste : respecter l’enregistrement original tout en utilisant les moyens modernes de le faire sonner le mieux possible. Évidemment, peu de monde est équipé avec ce dispositif mais on nous a assuré qu’on le retrouvait tel quel dans les Airpods…

Dessin retrouvé chez Véronique

Attardons-nous un moment sur les bonus de cette réédition :
• Un nouveau remix d’On m’attend là-bas, disponible sur les plateformes dès le 25 octobre. Signé Fred Falke, on le trouve sous deux formats : club et edit.
• Un document inédit qui vaut le détour : la version originale d’On m’attend là-bas, ce fameux Patois noté partout sur les cahiers de Véronique ! Retrouvé sur une bande simplement annotée Concert Véro Québec Canada (Patois, L’irréparable…), il s’agit d’un titre que Véronique introduit ainsi sur scène, le 16 avril 1973 : “Écoutez je vais vous jouer une chanson à la guitare que j’ai faite avec mes amis musiciens et jouée hier soir à Québec… C’est la seule fois alors… mais c’est une bonne chanson vous allez voir… C’est en patois français : si vous ne comprenez pas les paroles, ça fait rien parce que c’est en patois. Le patois, c’est très bizarre, c’est normand… C’est en patois normand… Bizarre !” Lorsque, il y a quelques années, on lui a fait écouter pour la première fois, elle s’est bien marré : “Quelle escroque… !”
• Au rayon inédits (au pluriel), on trouve aussi 6 séances de travail en studio, courtes démos instrumentales enregistrées en juillet 1973 et conservées sur une bande non annotée. Elles concernent 3 titres au total : On m’attend là-bas, Ma musique s’en va (tentation bossa) et Un peu plus de noir
• Enfin, pour faire bonne mesure, ont été ajoutées la version alternative de Cent fois et celle d’Un peu plus de noir, ainsi que la magnifique version italienne du Maudit (1978) dont on peut lire les paroles ici.
Bref, du lourd.
Ah et bien sûr l’album a été remasterisé et la version Dolby Atmos figure sur un DVD Blu-ray inclus dans le digipack (tant de mots qui n’existaient pas en 1974…).
 
 
© Jean-Marie Périer, été 1972
 
Un mot sur la pochette : étant donné son côté iconique, il a été décidé – avec l’accord de Véronique – de garder les photos originales et ne changer que la couleur (bleu, au lieu de blanc). On ne saura sans doute jamais pourquoi ce sont deux photos de 1972 qui ont été choisies (front et back, comme on dit en français). On peut légitimement penser qu’en 1974, Véronique ayant peu séjourné en France (naissance de Christopher, enregistrement de l’album, sur les routes en tournée avec Stills et ses acolytes, puis préparation du Musicorama à l’Olympia), WEA n’a pas trouvé le temps d’organiser une séance photo. On peut aussi imaginer que la photo du front correspondait vraiment bien au sentiment de culpabilité traversant les chansons de l’album et présentait surtout une troublante similitude avec celle du back de l’album de Michel Berger, paru l’année précédente, l’explicite “Cœur brisé”.  
 
© Jean-Michel Hérin
 
On ne peut décemment pas terminer un papier sur “Le Maudit” sans rappeler la remarque d’un spectateur après un concert (à Lille, d’après le souvenir de Véronique) : “Qu’est-ce que vous voulez dire quand vous chantez Mais le facteur écrase la taupe dans Le Maudit ?”. Authentique.
 
Et laissons le dernier mot à Michel Berger (le 6 octobre 1990, dans l’émission télé Étoile Palace) : “Mon métier – si on peut appeler ça un métier – c'est d’écrire des chansons et je voudrais dire que Le Maudit c’est une des plus belles chansons qui ont jamais été écrites et voilà... je voulais juste le dire.” Insurpassable.
 
PS1. En complément de cet article, on a signé avec Yann un texte le plus complet possible sur l’album qui a été intégré dans la version CD et vinyle de cette rééditon.
 
PS2. Véronique et Chris ont donné ensemble début août à Ibiza une interview à Yves Bigot, parue dans Rolling Stone de décembre 2024. 
 

 
Laurent Calut

• Grand Rex, 2024

 

Véronique Sanson,
Le Grand Rex, Paris,
22-23-24 avril
et 3 et 4 juin 2024

“Bonsoir ! Je suis contente de vous voir, de vous revoir. J’espère qu’on va vraiment partager de la musique, des émotions, n’importe quelle émotion… comme la colère, la joie – c’est pas ce que je fais de mieux, mais bon… –, la violence – là, je suis pas mauvaise –, et juste qu’on chante ensemble, qu’on partage et qu’on ne soit plus qu’un ». Ce sont les mots de Véronique pour ouvrir ce 5e Grand Rex 2024, des mots sincères et surtout fédérateurs alors qu’au dehors, dans le même temps, règnent la division, la violence banalisée, la dangereuse extension des conflits mondiaux, la prolifération sournoise des fausses informations et autres “déliciosités”… Mine de rien, entendre ces mots-là, même juste le temps d’un concert, rassure sur l’état de l’humanité.

La “reine” (variante british : la “Queen”), la “patronne” (variante british : la “Boss”), la “taulière”, une “légende” : les superlatifs fleurissent sur les réseaux. Le fait est que, sans avoir jamais posé à l’icône et tout en continuant à se comporter sur scène à peu près comme dans son salon, Véronique a gagné un indéniable et respectable statut. Pour certain(e)s, elle est l’image même de la femme libre, une pionnière ; pour d’autres, la survivante d’une époque forcément “mieux avant”. Pour d’autres enfin, elle reste une musicienne de génie à la signature vocale reconnaissable entre toutes.

Ces deux salves de concerts ont été très différentes l’une de l’autre, entrecoupées par une période de repos forcé suite à une broncho-pneumonie diagnostiquée juste après son anniversaire. Au final, sa capacité de récupération – saluée par ses médecins – est telle que les shows de juin ont été encore meilleurs que ceux d’avril…

Grand Rex, 3 juin © LC


En première partie de ces 5 shows, Chris Stills. J’ai déjà eu l’occasion d’écrire un peu partout le bien que je pense de ses chansons, de sa voix, de sa présence scénique mais son show à-lui-tout-seul du 29 avril au Café de la Danse a mis en lumière le fait que les salles plus intimes lui correspondent peut-être davantage. Il y est par définition plus proche du public, et s’y montre plus volontiers enclin à expliquer des paroles de chansons auxquelles il faut bien avouer que nous manquent souvent les sous-titres. Les ayant maintenant entendues plusieurs fois sur scène, je me suis parfois surpris à les fredonner sans l’avoir vraiment cherché. Bref, vivement la sortie de “Hail the Road”, son prochain album.

Quant à Véronique, il y en a au moins deux bien distinctes : celle qui se rend sur les plateaux télé en trainant un peu les pieds (parce que c’est loin, parce qu’il faut y aller à des horaires peu chrétiens, parce qu’il faudra y chanter face à l’objectif d’une caméra ou bien un public sans âme en permanence stimulé par un chauffeur de salle) et puis celle qui est sur scène comme un poisson dans l’eau. Les chiffres penchent malheureusement en faveur des prestations télé : en millions de spectateurs pour la promo contre des milliers pour un show. Dommage pour celle qui est incontestablement une “meilleure elle-même” sur scène – surtout si on songe que c’est sans doute l’inverse pour bon nombre d’artistes…

Balances Grand Rex, 23 avril © LC

Mais revenons aux Grand Rex, à ces shows qu’on a vécus debout au plus près de la scène (après Besoin de personne quand même) avec Yann (Morvan) et Baptiste (Vignol), “comme quand on était petits”… 

Magnifiques balances à chaque fois d’abord, avec la répétition parmi les piano-voix le premier jour d’une chanson que Véronique envisageait d’ajouter à la setlist… avant de se demander si c’était finalement une bonne idée. À suivre…   

Le soir de l’anniversaire, il y a d’abord eu le stress de la Team Florence Dubray pour déposer des flyers AnniVéro sur chaque siège dans le peu de temps imparti avant le concert. Ouf, juste à temps ! Puis un débat à l’arrivée de Véronique sur scène : une partie de la salle chantait Happy Birthday tandis que l’autre entonnait la version française ! Pour ceux qui ont de la feuille, Frédéric Gaillardet a d’ailleurs subtilement glissé l’air de Happy Birthday dans son pont solo sur Les délices d'Hollywood – lui qui accompagne déjà spontanément au piano le “Eyango Eyango” dans la présentation des musiciens. Véronique s’est ensuite saisie des ballons en forme de 7 et de 5, et a vainement tenté de les faire tenir contre le piano – on a d’ailleurs vu passer des photos d'elle de dos regardant les 75 par terre. Très parlant… Il y a bien sûr également eu le sketch de la petite fille qui s’est retrouvée sur scène archi intimidée avec son dessin (cf. la double page parue dans Gala juste après). 

Grand Rex, 24 avril © LC

Après le show, au pince-fesses organisé au premier étage, entourée de Violaine, de Christopher et ses deux (jolies) filles, Véronique a soufflé la totalité des bougies d’un magnifique gâteau. Des photos d’agence ont été prises et validées mais on ne les a pas encore vu passer…

Au cours des shows d’avril, on a pu croiser (par ordre alphabétique) : Emmanuelle Béart, Franka Berger, Alain Chamfort, Sébastien Chenu, Camille Cottin, Gérard Davoust, Stéphane de Groodt, Eddy de Pretto, Guillaume de Tonquedec, Jacqueline Franjou, Guillaume Galienne, Melody Gardot, François-Éric Gendron, François Hollande et Julie Gayet, Éric Jean-Jean, Marc Lavoine et sa fille, Maxime Leforestier, Bastien Lucas, Daniela Lumbroso, Elisabeth Moreno, Nagui et Mélanie Page, Renaud, Julie Rousseau, Thomas Sotto, Bernard Swell, Philippe Vandel, Didier Varrod… Et Vincent Baguian, François Bernheim, Laurent Boyer, Nicole Calfan, Jean-François Copé, Doriand, Lionel Florence, Julie Gayet, François-Éric Gendron, François Jouffa, Valérie Lemercier, Sandrine Sarroche, Augustin Trapenard et Bernard Werber au cours de ceux de juin.

Sinon, en vrac, on a vu Cyril Moreau (Bestimage) avouer à Tony Frank qu’il avait une de ses photos encadrées chez lui – on a donc modestement immortalisé les deux grands photographes ; on a noté la présentation plus resserrée des musiciens (avec fou rire le dernier soir sur l’anagramme spontané “Jeunot Rensane”), on a apprécié chaque différence, même minime, dans l’interprétation de Véronique : dire que chaque show est différent du précédent sonne peut-être comme un lieu commun, sauf que c’est bel et bien vrai… On a été surpris qu’elle pense avoir “une tête de folle” si tôt dans le timing de l’avant-dernier concert (avant Rien que de l’eau au lieu d’après) ; et enfin on a été hélas rattrapé par le monde du dehors en voyant un type vendre 3 € des affiches non homologuées (Véronique d’un côté, un autre artiste de l’autre – plutôt malin…) sur le boulevard en sortant…

 
Laurent Calut

 

• Véronique Sanson | 2024 Bxls

 

Véronique Sanson,
Cirque Royal, Bruxelles,
22 et 23 février 2024

Bulletin météo bruxellois de fin de semaine : déferlement de la tempête Louis. La nouvelle est partout alors qu’une autre tempête va décoiffer deux soirs de suite le Cirque Royal et qu’on n’en trouvera pas une ligne dans la presse locale, ni avant ni après deux concerts pourtant exceptionnels !

On aime ce Cirque, sa rondeur, son acoustique, ses sièges tout en haut qui donnent le vertige même de tout en bas. Seul inconvénient : la taille réduite de la scène – d’où le manche de la basse de Dodo qui viendra parfois chatouiller Mehdi… Le décor devra également être adapté : un des “arcs de lumière” sur la gauche dépassera de la scène et on notera l’absence de “l’auréole” qui descend habituellement  du ciel étoilé au moment des piano-voix.


Les balances de l’après-midi sont un régal. Avant l’arrivée de Véronique, le groupe répète à chaque fois un titre pas joué en ce moment (Annecy le jeudi et On m’attend là-bas le vendredi). Une explication plausible serait que ces chansons permettent de bien effectuer les balances tout en sortant un peu de la routine des titres de la setlist, mais on est en droit de suspecter du changement… Tout est en place quand Véronique arrive, s’excusant de son retard. Après avoir répété quelques titres, dont Les délices d’Hollywood, elle tient à retravailler les chœurs sur “C’est une ville de vacances…” avec Mehdi et Guillaume, facétieux duettistes, et ce jusqu’à ce que ça sonne exactement comme elle veut. Pendant la répète de la chanson Véronique (dont on entendra plusieurs variantes “Dominique, c’est mon nom” ou “Angélique, c’est mon nom”…), on chope un détail : au moment de la phrase “Je connais mes ennemis”, Guillaume prenant un air sérieux pour mettre la main sur l’épaule de Mehdi. Facétieux duettistes, on vous disait. Ce même Guillaume qui signe les arrangements de voix de la reprise de Rien que de l’eau, qu’on aime décidément vachement bien – On ne se gênera d’ailleurs pas pour le lui dire. Après le départ de la troupe, Véronique travaille ses intros piano-voix, et surtout une chanson qu’elle aimerait ajouter juste avant Bahia. Mais pas ces deux soirs-là… 

20 h dans la salle. En première partie, Chien Noir, inconnu en ce qui me concerne – à l’instar de toutes les autres premières parties de cette tournée pour être totalement honnête. La profusion de nouvelles voix nous ferait presque perdre le goût de la nouveauté, de la découverte… Chien Noir, donc, qui accroche pourtant nos oreilles dès le premier titre avec sa voix particulière. Il est de cette génération de garçons qui ne craint pas d’afficher une sensibilité non polluée par des siècles d’injonction viriliste. Son thème de prédilection est l’amour, son premier amour s’appelle Julia, et ça donne une bonne chanson qu’on peut écouter ici. On retiendra aussi son Je veux, je veux, je veux, (dans lequel s’est glissé un “Je veux que le diable m’emporte”…), à écouter ici. Avant son dernier titre, il se lâche et explique qu’il a assisté aux balances de Véronique et qu’on va “se prendre une grosse branlée”. Le deuxième soir, il sera un poil plus élégant : “Elle défonce tout, vous allez kiffer”… Quels que soient les mots employés, on ne va pas lui donner tort…


Il quitte la  scène au bout de 5 titres. Véronique ne montant sur scène qu’à 21 h, il reste environ 40 minutes… Et 40 minutes, c’est long, c’est court. Il y a les discussions avec les voisins, les visages absorbés par les smartphones, mais le ton monte régulièrement dans les rangs… “Elle a changé d’avis ou quoi ?” s’interroge ma voisine de droite tandis que celle de gauche glisse à son mari : “Mais qu’ils disent quelque chose…”. Une troisième enfin : “Elle aurait pu laisser le mec chanter plus longtemps”…

Sans être une stratégie de la production, cette impatience organisée peut être vue comme une façon (un peu risquée) de chauffer le public à blanc. Lorsque retentit la sonnerie et que les lumières s’éteignent enfin, que le public devine Véronique marchant vers le piano, c’est l’explosion, la récompense. Les minutes d’attente, le ressentiment s’envolent et l’image tant attendue que l’on a maintenant sous les yeux tranche instantanément avec tout ce qui a pu précédé, imprimant sur nos rétines la blondeur, le scintillement des strass de la veste, le piano blanc, conférant à Véronique un authentique statut d’icône. J’utilise rarement ce terme parce qu’il est tellllllement galvaudé, mais ce premier soir à Bruxelles, assez loin de la scène, a été l’occasion de mesurer en grand l’indiscutable pouvoir de Véronique Sanson – même si elle ne se donne pas la peine d’arriver en hélicoptère… Benjamin Locoge, journaliste de Paris Match croisé plus tard en coulisse, ne s’y trompera pas en parlant d’un “concert de légende” – lui qui n’en est pourtant pas à son premier strapontin (L’article est en bas de cette page).

Le reste du show est à la hauteur de cet impact initial sur le public, si ce n’est au-delà. Pour connaître Véronique, pour savoir qui elle est vraiment, il faut la voir sur scène. Les télés ne disent rien d’elle, sinon l’ennui qu’elle a parfois d’être sur un plateau sans son public, avec l’impossibilité de chanter ce qu’elle veut dans les conditions d’un concert. Le carcan de la promo-télé est trop petit pour elle. Que voulez-vous, elle est larger than life

Tout de suite après le premier titre, elle nous scotche en annonçant Comme je l’imagine d’une façon totalement inédite : “C’est l’histoire de quelqu’un qui est sur le point de se marier, et qui a le coup de foudre pour quelqu’un d’autre… Horreur !” – le premier soir, elle s’est frappée la tempe pour simuler le coup (de foudre) –, avant d’ajouter, philosophe : “C’est pas très très bien, mais enfin c’est la vie…”


 

Sinon, en bref (comme on dit aux infos) lors de ces deux soirs : Pas de battle bruxelloise entre les partisans du “Debout tout le monde !” et ceux du “Assis !” (Cf. CR de Châteauroux) Reprise-surprise des “C’est toujours, c’est toujours…” à la fin de Je suis la seule le 2e soir Le premier soir, après avoir dûment présenté chaque musicien, elle a ajouté “Et merci à vous évidemment !”, doublant très discrètement le “éviiiiidemment” sur l’air d’une chanson qui date de 1987…  Je me suis tellement manquée sera suivie les deux soirs d’une standing ovation – ce qui n’avait pas été le cas à Châteauroux.


Le premier soir, en coulisses, Plastic Bertrand (pas forcément identifié par tout le monde sous sa casquette noire), accompagné de son producteur, ne cache pas sa déconvenue devant la porte fermée de la loge de Véronique : il a un peu hâte de l’embrasser et lui proposer de se retrouver tous ensemble plus tard. Le 2e soir est plus calme. Dans la loge, on se surprend à fredonner les cuivres de Salsa. Impossible de faire autrement, on les a en tête depuis la fin du concert… On regarde Véronique rassembler ses affaires (mille milliards de produits de maquillage) et on pointe, autour de son cou, ce foulard qu’elle a depuis des âges. Elle rit : “Et ce tee-shirt ! C’est celui de “Comme on l’imagine” !”. Incroyable, il n’est pas bleu, mais mauve… Elle explique que, comme pour la veste “de dompteur” en couverture du live 93, la couleur réelle n’a rien à voir avec celle imprimée : les mystères de la quadrichromie…

Comment fait-on pour redescendre sur Terre quand on a été ovationnée par 2000 personnes ? On lui (re)dit combien les gens avaient l’air heureux et épanouis, on lui parle de ceux (et pas forcément des perdreaux de l’année) qui dansaient dans les allées, oubliant l’état du monde le temps d’une soirée. Et puis on suggère la rencontre avec Chien Noir qui n’aurait visiblement pas osé frapper à la porte. Joli moment qu’on propose de terminer en photo-souvenir pour plus tard, avant qu’il aille lui chercher un exemplaire de son CD. 

 

Il est temps de sortir. Les gens de la nuit l’attendent de chaque côté des barrières. Il fait un froid de gueux, elle regarde chacun et chacune – comme elle n’oublie jamais de le faire de la scène, se dévissant le cou pour saluer les spectateurs les plus éloignés –, sourit à ceux et celles qu’elle (re)connaît et avance jusqu’à son van étoilé. Encore une affaire rondement menée…

Photos © LC

 
Laurent Calut



© Denis Carpentier

Véronique Sanson, un nouveau tour de chant magistral

Benjamin Locoge – 23/02/2024

Hier soir à Bruxelles Véronique Sanson présentait une nouvelle version de sa tournée “Hasta Luego”. Un concert raccourci mais plus intense que jamais.

Elle n'a pas de nouvel album à défendre. Ni même de compilation reprenant ses plus grands tubes. Mais depuis janvier, Véronique Sanson est repartie sur les routes, prolongeant sa tournée “Hasta Luego” par pur plaisir. Après une première salve de concerts en 2022, des festivals et des Zénith en 2023, on pensait logiquement hier soir au Cirque Royal de Bruxelles retrouver un tour de chant avec lequel on commençait à se familiariser. C'était mal connaître Sanson que de penser ainsi…
 
2000 bruxellois présents
Quand la salle se plonge dans le noir à 21h, c'est pour mieux laisser la patronne s'installer derrière son piano blanc pièce central du somptueux dispositif scénique. Et c'est en solo qu'elle plaque les premiers accords de Véronique chanson tirée de l'album culte “Le Maudit” paru il y a 50 ans. Concentrée Véro fait immédiatement preuve d'une grande forme vocale, guettant l'arrivée progressive de ses sept musiciens.
Si Basile Leroux a cédé sa guitare à Michel-Yves Kochmann, on retrouve les fidèles Dominique Bertram à la basse ou François Constantin aux percussions. “Je suis tellement heureuse d'être là avec vous ce soir, lance-t-elle aux 2000 bruxellois présents (dont Plastic Bertrand), on va partager des moments de colère, des moments de joie et des moments de douceur”.
Et c'est Comme je l'imagine qui arrive, pas totalement maitrisé, qui ouvre la porte à «Indestructible », l'occasion pour le groupe de musiciens d'être rejoints par trois cuivres. Les premiers rangs -ceux des fans les plus hardis ont les yeux écarquillés : leur idole a complètement renouvelé sa setlist, leur délivrant titres rares et peu joués. Comme Un peu d'air pur et hop ! manifeste écolo de 1988 que Véronique présente “comme le constat qu'absolument rien n'a changé depuis”. « Laissez-nous vivre et laissez-nous mourir vieux, sans imbécile et sans caca dans les yeux » chante-t-elle à l'attention de ceux qui massacrent la planète sous nos yeux impuissants.

Une première demi-heure plus que parfaite
Retour ensuite à l'amour avec Je suis la seule ballade émouvante de 1979, là aussi ressurgie du passé avec délice. Que dire de Sans regrets titre d'ouverture de l'album du même nom où Véro se demande ce qu'elle peut faire “pour calmer sa colère”, elle, qui erre “comme une louve solitaire” ? Magnifique moment suspendu où le jeu tout en délicatesse de Michel Yves Kochmann s'apprécie à merveille. Visuellement, un demi-cercle de lumière permet de varier les plaisirs selon les morceaux, tous éclairés avec une poésie bienveillante. Cette première demi-heure est plus que parfaite, tout en surprise et maitrise musicale, laissant présager le meilleur pour la suite.
Je me suis tellement manquée lance le début d'une deuxième partie de concert consacrée aux tubes. Et quels tubes ! Bruxelles se lève dès les premières mesures de Besoin de personne, ovationne Chanson sur une drôle de vie, écoute religieusement Vancouver ou Amoureuse, classiques intemporels, qui procurent tous toujours une sacré ??? d'émotions dans le public comme sur scène. Entre deux, Véro a glissé Les délices d'Hollywood échappé de l'album “Hollywood”  et Bouddha plus entendu depuis quelques années...

La voix est puissante, les sourires, radieux
Avant Bernard's Song (il est de nulle part), Véronique Sanson chausse des lunettes noires pour mieux voir le public qu'elle harangue de sa frêle silhouette. Mais la puissance de sa voix, les sourires qu'elle balance montrent combien la scène est aussi pour elle une cure de jouvence, d'amour, un oxygène qui la porte. Sur la fin de Rien que de l'eau » elle annonce sortir “pour me mettre un coup de peigne, j'ai l'air d'une folle avec mes cheveux en bataille ”, rigole-t-elle, laissant ses musiciens conclure l'affaire.
Le public s'étonne quand ces derniers quittent leur poste au bout d'1h15 de concerts. Mais Véro réapparait et attaque Alia Souza qui fait swinguer le Cirque Royal. En plein milieu du titre, elle introduit un extrait de Salsa autre pépite oubliée, avant de longuement présenter les dix mecs qui l'entourent. Bruxelles croise les doigts : Sanson va-t-elle s'arrêter là ? La voilà qui s'assoit face à son instrument et envoie Ma révérence, en solo. Avant de demander à la salle de l'accompagner sur Bahia, “pour profiter de chaque micro instant de vous jusqu'au bout”.

Un concert de légende
Véro écoute Bruxelles chanter “et je t'aime, oh caresse-moi” puis semble gagnée par un orgasme pianistique, véritable leçon de communion musicale entre une artiste et son public. Un dernier regard, elle rejoint sa loge le poing levé, sans dire un mot. Bruxelles l'ovationne longuement.
Ce show 2024 fera clairement partie des concerts légendaires : aucun temps mort, une intensité immédiate et ininterrompue, une Véronique Sanson au sommet de son art et de sa puissance. On vous aura prévenu.

 

 

 

• Véronique Sanson | 2024

Véronique Sanson,
M.A.CH 36, Châteauroux,
16 février 2024
 
Nouvelle année. Nouvelle tournée. Alors pourquoi pas Châteauroux ? En fait la question aurait dû être : mais pourquoi diable Châteauroux ? Grève des contrôleurs SNCF, pluie torrentielle sur la route, ville grise entre cafés tristes et salons de coiffure tous les 100 m, hôtel moins 2 étoiles… Le bonheur nous attendait pourtant là-bas, au milieu de nulle part, dans une bulle au nom de rasoir posée entre un Buffalo Grill et une Pataterie – même si, et ça a l’air con de l’écrire parce que ça n’a rien à faire ici, on arrive en ce début d’après-midi le cœur brisé à l’annonce de la mort du résistant russe Alexeï Navalny. The show must go on, comme on dit…
 


Véronique n’est pas encore arrivée quand on débarque pour les balances, ce qui donne l’occasion d’entendre 2-3 versions instrumentales (sans piano) jouées par des musiciens déjà en place (dans tous les sens du terme) et de mettre en lumière le détail des nouveaux arrangements. La première qui parvient à nos oreilles est la chanson Véronique, dont on connaît finalement peu de versions live, et qui s’inscrit immédiatement et durablement dans notre imaginaire avec cette guitare lancinante qui n’est pas sans évoquer de vastes paysages américains (ça tombe bien, c’est quand même là-bas qu’elle a été composée). 
 

On s’installe dans la salle déserte sur l’un de ces affreux sièges en plastique orange et on est tout de suite saisi par la beauté du nouveau light show. La silhouette de Véronique s’y découpe bientôt. Elle attaque direct avec ce titre qui porte son prénom, puis Sans regret, avant Un peu d’air pur et hop ! et Indestructible. Elle donne énormément et on feint de s’en inquiéter en la retrouvant au pied de la scène. Elle rassure : “Ne t’en fais pas, j’ai de la réserve.” On la laisse repartir vers sa loge… pour la retrouver tout de suite après derrière la fenêtre ouverte de ladite loge qui donne sur le parking ! Toc toc. Elle lève la tête, surprise, réalisant qu’il va lui falloir baisser le store – ce qu’elle fait avec une hilarante grimace – si elle ne veut pas offrir un strip-tease aux passants de cette partie-là du parking…

Le camarade Baptiste Vignol est là. Il est l’heure de prendre des forces. Au retour, la donne a changé : le parking est bondé et, à l’intérieur de la salle, les accès aux places assises sont si embouteillés qu’on ne découvrira Coline Rio que de loin. Dommage parce qu’il semble que la jeune femme possède un univers bien à elle…  

Le public est chaud, lance des “Véro ! Véro !” dans les airs. De bonne augure. 20:40, on distingue Véronique marchant dans le noir vers son piano blanc. Un certain Mexicain avait milité pendant des années pour que Véronique soit la chanson d’ouverture, il a finalement été tardivement entendu. Véronique a beau ne pas être le titre up tempo qu’on trouve généralement en tête de setlist, il surprend et installe un certain climat. Les musiciens arrivent touche par touche. Le décalage entre la fille qui a écrit ces mots et celle qui les chante devant nos yeux est intéressant. La noirceur de cette écriture-là est derrière elle ; elle peut la convoquer sereinement. Véronique, c’est mon nom… Imparable introduction.
 


Ce concert, à la fois plein d’énergie et de nuances, a pourtant bien failli être gâché par l’éternel souci de la réaction du public aux différentes chansons : se lever ou rester assis ? Reviennent en mémoire les “Assis ! Assis !” d’antan… Depuis des lustres, le combat se joue entre les expansifs et les timides, les bien-portants et les moins en forme, les après-moi-le-déluge et les je-pense-à-ceux-qui-sont-derrière-moi, et surtout les je-veux-envoyer-de-l’énergie-à-celle-qui-est-sur-scène et les spectateurs-témoins qui intériorisent leurs émotions…  
 

Tout a commencé sur Drôle de vie quand une partie du public (qui avait déjà dû voir le film) s’est spontanément massée contre la scène. Moment de grâce vite interrompu par des mains sur les épaules : “Veuillez regagner votre place”. Retour manu militari aux petits sièges en plastique orange. Mais du haut de la scène, Véronique n’en a pas perdu une miette et jette un regard noir en direction de la salle. Le type de regard qu’on aurait aimé immortaliser. Elle laisse passer Les délices d’Hollywood et Vancouver, mais avant d’attaquer Amoureuse, elle interroge la salle, l’air de rien : “On vous empêche de vous lever ?”. Ni une, ni deux, elle se dirige vers le vigile le plus proche qui va certainement passer le plus sale moment de sa carrière, contraint de désobéir aux ordres et abdiquer face à une foule qui rapplique à la vitesse de l’éclair, encouragée par Véronique qui lâche un yes de soulagement derrière son piano. Besoin de personne / Quand je me suis fait ma loi… Dopée par les sourires et les bonnes têtes qu’elle voit maintenant de plus près, électrisée par toute cette énergie, elle va donner le meilleur d’elle-même. 
 
On voyait cette nouvelle série de concerts pour la première fois, notant mentalement au passage les étoiles piquées dans le ciel de scène qui rappellent celles du van qui l’avait conduite jusque là, le retour du sketch de l’homme le plus fort du monde (feat. François Constantin), “l’argent de tes cheveux” qui se pose maintenant sur Guillaume Eyango, la divine contribution de Renaud Gensane à Besoin de personne, la formidable reprise de Rien que de l’eau après le départ de Véronique lorsqu’elle décrète qu’elle doit avoir “une tête de folle”… et toutes ces choses, petites ou grandes, qui font qu’on retournera encore et toujours la voir sur scène…
 


Après le show et le debriefing avec les musiciens, c’est l’heure des visites et des cadeaux en loge. Des signatures aussi, sur le Grand livre de la ville cette fois-ci. On jette un regard sur les pages précédentes, les photos collées sur les pages de gauche et les écritures manuscrites des uns et des autres (Élisabeth Borne, Gabriel Attal, des rappeurs…) en belle page. Espiègle, elle est tentée de redessiner une signature au graphisme un peu trop simple. On la retient et elle finit par s’acquitter de son devoir… On la quitte devant la grille du parking. Quelques irréductibles l’attendent avec des rires et des bravos. Elle leur consacrera un moment important…
 
Laurent Calut

 Photos © LC

• Interview Christopher Stills | 2023

Dôme de Paris, mars 2023
 
Intégrale interview Christopher Stills
pour “Schnock”,
février 2023
 
Le numéro 47 de Schnock comporte un copieux Grand Dossier dédié à son illustre mère, Véronique Sanson. Pour l’occasion, le camarade Baptiste Vignol et moi-même étions allés tendre notre micro à Christopher Stills, confortablement installés dans les moelleux fauteuils de l’appartement familial, à un mètre du piano où Véronique a posé ses petites mains à 3-4 ans, assise sur les genoux de son père. Christopher nous a raconté plein de trucs. Las, au moment de rendre notre copie, il a fallu sortir les ciseaux : nous ne disposions que d’une double page. Mais grâce aux dieux de toutes sortes, les blogs existent et permettent aujourd’hui de proposer ici l’interview in extenso
NB. Il sera en concert au Café de la Danse à Paris le 29 avril 2024.

Quel est ton premier souvenir musical ?

La première fois que je suis monté sur scène, c’était à Wembley dans les bras de mon père avec Crosby et Nash devant 90 000 personnes. J’étais bébé mais il a dû se passer quelque chose en moi. Cette espèce de masse de voix et d’applaudissements, quand tous les yeux sont fixés dans ta direction… La scène m’a toujours attiré. J’ai grandi en suivant mes parents et tous leurs musiciens en tournée, c’était des forces de la nature en connexion avec leur musique. Je voyais bien leur charisme, sans le comprendre. 

Wembley, 14 septembre 1974 (© Patrice Pascal)


Et ton premier concert ?

Mon premier vrai concert, c’était pour une High School Party à Paris, j’avais 13-14 ans. Je faisais 1 mètre de haut, j’étais un des plus petits de ma classe et je chantais avec des plus mecs plus âgés. Tout le monde buvait…


À quel moment la musique est-elle devenue une évidence ?

À l’âge de 10 ans, quelque chose a basculé : je rentrais de l’école et j’ai entendu Little Wing de Jimi Hendrix à la radio. J’ai trouvé ça tellement beau. À l’époque je pensais que les notes les plus hautes sur une guitare étaient en bas du manche. Cette chanson a éveillé ma curiosité qui est vite devenue une fascination. Je n’avais encore jamais utilisé la platine dans ma chambre, j’ai retrouvé un album de Buffalo Springfield [groupe de son père, NDLR]. Je me suis enfermé et j’ai mis For What is Worth cinquante fois de suite, sans savoir pourquoi. À partir de là j’ai compris que ce qui se passait sur scène n’avait rien à voir avec la vie de tous les jours, que c’était unique au monde et j’ai commencé à regarder d’une autre façon mon père et tous ces musiciens que je voyais sur scène et à la maison. Mon père raconte quelque chose d’approchant : un jour il est allé voir les Beatles avec sa sœur et c’est là qu’il a eu le déclic, qu’il a su ce qu’il voulait faire.

Paris, avril 1977


Ça donnait quoi, l’ambiance à la maison ?

Il y avait tout le temps de la musique, surtout la nuit. Je m’engueulais avec mon père, je sortais de ma chambre : “Il est 4 heures du matin, j’ai école demain !”. Mon cousin, avec qui je vivais, disait que j’étais le seul à lui tenir tête. Tout le monde lui disait oui, moi je lui rentrais dedans. Je tiens ça de maman, je pense. Mais je ne faisais pas encore de musique à l’époque, un peu pour m’opposer à mon père…
Il faut dire que ce n’était vraiment pas un environnement familial idéal… Dans le studio, il y avait un grand bol de marijuana – le “reste”, c’était tout le temps gardé parce que mon père ne voulait jamais partager (rires). Crosby avait été arrêté, il était en taule. Un jour il a appelé à la maison et c’est moi qui ai décroché. Je devais avoir 10-11 ans et j’étais totalement désolé parce que j’avais vu dans les films que quand tu es en prison, tu as droit à un seul appel et comme j’étais tout seul, je me disais qu’il avait gâché son unique appel… Il est devenu sobre plus tard. Graham n’a jamais vraiment eu ce genre de problème, mais mon père lui, il tenait encore à l’alcool, il tenait à la fête. Il n’est pas très fier de tout ça…  


Tout a changé à ton arrivée en France ?

Oui, Véro vivait avec Étienne [Chicot, NDLR] à l’époque, qui avait deux fils, Alexandre et Adrien. Je retrouvais ma mère pour la première fois et dans un vrai cadre familial, une stabilité que je n’avais jamais connue. Je me suis installé chez mes grands-parents un moment aussi parce que c’était plus pratique pour aller à l’école. C’était des gens très bien élevés, très intelligents. Avec eux j’ai appris la dignité, un sens des responsabilités, les bonnes manières, la bonne bouffe, comment se tenir à table. Et la culture aussi : on regardait les news, on en parlait après. Mon grand-père dirigeait une association d’anciens Résistants de 40. Je prenais le sabre et j’allumais la flamme sous l’Arc de Triomphe, entouré de gardes. Tout à coup, je faisais partie de la République !


La musique, tu l’as d’abord apprise au piano ?

Oui quand j’étais petit, maman a essayé de m’apprendre des trucs, des bouts de Gershwin, de Bach. Je lui retirais les mains quand j’avais compris et je lui disais “À moi, maintenant !” et après j’improvisais, j’étais tout le temps au piano. Elle voulait que je prenne des cours mais les gammes, ça me faisait chier. Je jouais L’amour est un oiseau rebelle de Bizet pour mes potes à l’école à 7-8 ans. Le piano, c’était cette énorme masse collée dans une pièce, et quand je me suis retrouvé avec une guitare dans les mains, un instrument que je pouvais emporter dans ma chambre, j’avais tout à coup un petit cocon à moi, un peu à l’abri du regard des autres. Maman m’a appris les barre chords, sur un genre de blues à la John Lee Hooker. J’ai joué ça pendant des heures et j’ai trouvé mes doigts. 

 

Et tu as continué avec ton père ?

Mon père ne m’a jamais rien montré, et je n’ai jamais pris de cours de guitare. Un jour j’étais en tournée avec lui, et Doug Breidenbach, son guitar tech (le mec qui accorde, check les intonations, les amplis) m’a demandé si je jouais de la guitare. J’ai répondu non, il a trouvé ça bizarre. On était à Salt Lake City, on avait un jour off et il m’a montré Rocky Raccoon et Bungalow Bill des Beatles. J’ai appris assez vite et quand je suis rentré en France, j’ai proposé au prof de guitare d’accorder les 25 guitares espagnoles de l’école s’il me laissait en emprunter une quand je voulais. Il a accepté.

Paris, 2011 (© Christian Meilhan)


Parle-nous de la collection de guitares de ton père.

Quand mon père vivait à Berverly Hills, à côté de sa chambre, il y avait son studio et, derrière, une pièce avec toutes ses guitares. J’y ai passé des journées entières, c’était comme la caverne d’Ali Baba. Ses guitares de collection étaient dans une pièce en bas fermée à clé, dans des boites en bois. Il s’en est fait voler plein, il en a vendu d’autres… Il y a un numéro de Guitare Player Magazine consacré à sa collection, avec les numéros de série, je l’ai à la maison. On a écrit une chanson ensemble quand j’avais 10 ans, Stranger, ma première compo au piano, qui m’a permis de toucher mon premier chèque, quelque chose comme 800 $ (ce qu’on reçoit aujourd’hui quand on écrit un album entier !) avec lesquels j’ai immédiatement acheté pour maman un set complet de casseroles en verre dont j’avais vu la pub à la télé. J’étais fier de moi, mais elle m’a douché quand elle l’a reçu : “Mais qu’est-ce que c’est que ça ?” (rires).


Quand as-tu découvert la musique de ta mère ?

Bien plus tard que celle de mon père. Je me souviens de l’enregistrement de la chanson Le temps est assassin dans un studio en dehors de Paris [studio de La Frette, NDLR]. C’est là que j’ai commencé à m’intéresser à sa musique. Avant ça, quand elle enregistrait le 7ème, je m’intéressais surtout au flipper dans la salle d’attente du studio à LA, j’y passais mon temps quand je n’allais pas à l’école. Ce qui est marrant, c’est que quand j’ai présenté Haim Saban, le père de ma première femme, à maman, je pensais évidemment qu’ils se voyaient pour la première fois mais ils se sont sauté dans les bras : c’était lui qui avait ce petit studio, il ne m’avait rien dit !
Un jour, elle a fait l’Olympia pour le 25e anniversaire d’un album des Beatles. Elle a joué Something, une chanson magnifique, et à la fin, backstage, devant tout le monde, elle a mis sur mes genoux le coffret CD des Beatles qu’elle avait reçu en me fixant dans les yeux : “Tiens, écoute ça” et juste après elle en a sorti “Sergent’s Pepper” et a dit “Commence avec ça !”. J’avais 13 ans, j’étais dans mon monde de petit garçon mais j’ai compris leur influence. Véronique faisait des tournées, plein d’Olympia, j’étais avec elle et c’était normal pour moi. Mais j’avais des potes qui allaient en colonie de vacances pendant que je me faisais chier dans les tourbus

Triel, années 1990 (collection personnelle V. Sanson)


Ton père était-il fier de tes premières scènes ?

Quand j’ai fait la première partie d’Eddy Mitchell à Bercy [25 au 29 janvier 2000, NDLR] pendant une semaine tout seul avec ma guitare. La première date, je ne savais pas ce que je faisais, je ne tenais rien. Ma mère faisait l’Olympia avec Lee Sklar à l’époque, ils sont venus me voir et Lee m’a dit “Tu joues dans une arène de sport, il faut que t’y fasses des titres up tempo et que tu les fasses le plus fort possible”.  Plus tard j’ai dit à mon père : “Papa j’a joué devant 12 000 personnes pendant une semaine !”, j’attendais un “Bravo mon fils, c’est génial” et il m’a regardé : “Maintenant on peut parler”. On peut voir ça comme un compliment, comme sa manière de dire “Tu es des nôtres”, mais c’était une sorte de warning : on n’est pas là pour se taper dans le dos, on est là pour faire de notre mieux, donc il n’allait pas me cirer les pompes. Je sais qu’il disait du bien de moi quand je ne n’étais pas dans la pièce parce qu’on me l’a dit, mais il ne me le disait pas en face…


Le problème de CSNY, on le sait, c’est qu’ils se battaient tout le temps…

Oui, c’est un peu l’histoire de leur groupe. La blague, c’est : la raison pour laquelle Eagles et America existent, c’est parce que CSNY ont passé leur temps à se battre, au lieu de faire des albums. Il y avait une saine compétition au départ à Laurel Canyon, sur les collines de Californie, avec Joni Mitchell, Mama Cass… L’époque était différente, il y avait tellement de création qu’il n’y avait pas de compétition, tout le monde s’en foutait. Il y en avait un qui disait “Tu fais rien avec ce bridge ?”, il le prenait et il en faisait un hit. Et quand ma mère est arrivée là dedans, elle a voulu sa place, elle a voulu prouver son talent à ces mecs-là et elle s’en est très bien sortie. Et elle a fait le bon choix ensuite en rentrant en France. Je vivais aux États-Unis à cause de la garde qui avait été donnée à mon père au moment du divorce, je l’ai rejointe dès que j’ai pu, après trois années un peu rock’n’roll chez mon père.


En 1993, on te voit avec tes parents sur scène à Los Angeles…

Oui, c’était la première fois qu’on était ensemble sur scène [au Greek Theatre, NDLR]. Je me posais des questions, je me demandais si mes parents allaient se remettre ensemble, tout en sachant que c’était une très mauvaise idée… En fait je pense que mon père était surtout là pour Stevie Wonder [qui parrainait la soirée, NDLR]. Quand je regarde les images, je trouve que maman a toujours ce côté un peu ado, pas assez sûre d’elle, alors que mon père trouve ça normal d’être là. Moi je faisais une chanson ou deux, c’était 5 ans avant mon premier deal avec une maison de disque. Je réalisais avec qui je jouais, mais je ne sais pas si je me prenais assez au sérieux. J’essaie depuis le début de garder ce côté Chuck Yeager [premier pilote à avoir franchi le mur du son, NDLR], qui était connu pour être toujours très cool même quand il était à bord de son avion. It’s only rock’n’roll and I like it, après tout…  


… et on vous retrouve ensemble en 2018 à La Rochelle. Il y a cette grande photo de vous 3 dans le salon chez ta mère…

 

[il réfléchit] Personne ne le sait mais il y a eu un énorme malentendu sur ce concert. L’idée de départ était, à partir du moment où mon père montait sur scène, de faire une chanson de maman, une chanson à lui et une à moi… et aux répétitions, rien n’était prévu à part On m’attend là-bas. Or je savais que c’était la dernière opportunité pour mes deux parents et moi de jouer ensemble sur scène… Alors je suis allé trouver Gérard Pont [directeur des Francofolies, NDLR] et je me suis battu pour qu’on sauve au moins For What It’s Worth, la chanson de mon père. C’était compliqué, il n’avait pas de retour, juste en Ears, et il est tellement sourd qu’il se fie aux vibrations des basses pour savoir où est le rythme. Une belle photo dans le salon, mais un souvenir un peu amer pour moi…


Quel serait ton Top 3 des chansons de tes parents ?

Il y en a tellement… C’est comme si je disais : “Apporte-moi une énorme boite de bonbons, mais je n’en veux que trois”. Non, prends toute la boite, va t’amuser ! Chez mon père, il y a les plus connues et puis, par exemple, cette petite chanson qu’il a écrite à Hawaii pour Véro, My Love Is A Gentle Thing. J’aime tout dans cette chanson, la mélodie, le texte, le son, le côté compact…


Penses-tu que Véronique aurait dû faire carrière aux États-Unis ?

Oui, à un moment elle a eu l’opportunité d’être représentée aux États-Unis et dans le monde. Elle a préféré se concentrer sur la francophonie. Son histoire est tellement incroyable en tant que femme, en tant que chanteuse française. Elle est tellement aimée, respectée… Dans la rue, on me dit souvent “J’ai grandi avec votre mère” et je réponds “Moi aussi !”.


Pour finir, quid de ta carrière en France ?

Après Cléopâtre [comédie musicale dans laquelle il jouait le rôle de César en 2009, NDLR] j’avais une bonne présence en France, mais j’ai été obligé de rentrer aux États-Unis pour raisons familiales… Mes parents ont mis leur carrière en premier, moi j’ai choisi de donner la priorité à mes enfants. Maintenant je voudrais revenir vivre en France avec ma famille et y faire de la musique. Et aussi y refaire du cinéma. Ça va se décider prochainement. 

Propos recueillis par Baptiste Vignol et Laurent Calut le 28 février 2023


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> Plus de détails sur le Schnock consacré à Véronique ici.